Interview avec les créateurs de la compilation Falling Down
par Euka (08/03/2010)

Alors que le second volet de la compilation Falling Down est disponible depuis ce jour (le 11 Mars 2010), Metalorgie a pu poser quelques questions aux deux principaux acteurs de ce disque, Yann et Thibaut. On en apprend un peu plus sur les 2 acolytes, sur la compilation et sur plein d'autres choses...
- Première chose, Bonjour les Falling Downiens ! Pouvez vous vous présenter rapidement ? Qui fait quoi ? Qui vient d'où ou plus simplement qui est qui ?
Yann: Alors… rapidement donc, je suis étudiant dans une filière un peu curieuse, que des scientistes ont décidé d’appeler « science politique ». Par chance, tout ceci devrait prochainement être du passé: ils m’ont assuré qu’ils me rendraient ma liberté début mai 2010. Ça fait quelques années maintenant que j’écoute des musiques extrêmes, originellement je barbotais plus dans le milieu black/death. Puis j’ai progressivement (dé)laissé ces érudits pour m’intéresser aux groupes/scènes que tu peux retrouver sur nos compilations (post-machin, drone/minimaliste/doom, psychédélique/space-rock, hardcore/grindcore chaotique, etc.). Pour ceux qui seraient susceptibles d’être intéressés, j’ai dépeins un tableau assez fidèle de moi dans une chronique de Gnaw Their Tongues, All Dread…, disponible sur notre zine.
Thibaut : Salut ! Et bien comme tu peux le voir, on est deux, on essaye de se repartir au mieux ce qu'il y a à faire, on n'a pas spécialement de rôles prédéfinis...
J'adore clubber, armes à la main....
- Comment est venue l'idée de la compilation ?
Yann: Cette idée m’est venue fin 2007. Mon ancien rédacteur chef ayant sorti quelques compilations de BM en format tape, et nous qui commencions à nouer quelques contacts dans la scène, on s’est dit que ce serait cool de sortir également une compilation. L’idée originelle était empli de modestie: l’objectif était de réunir une dizaine de groupes, si possible avoir un ou deux morceaux d’inédits, et sortir ça sur un simple CD. Évidemment, nous n’avions aucune expérience dans ce merdier, ce qui nous a permis de pimenter notre morne quotidien. Ce projet ne devait être qu’une question de semaines… mais il semblerait, finalement, qu’on y ait pris goût.
- On a droit à quelques têtes d'affiches internationales sur les 2 Compilations (The Ocean, Pelican, ...). Comment ça se passe pour réussir à obtenir un morceau d'une "tête de liste" ?
Yann: Pour chaque groupe, il y a une histoire singulière, à chaque fois. L’idée de côtoyer les grands de ce monde n’est pas venue tout de suite, loin de là. Il me semble que nous avons commencé à « franchir une étape » avec Callisto. L’impossible s’étant réalisé, on a commencé à mailer des grosses pointures, en leur exposant « simplement » dans un anglais approximatif notre projet de compilation. Une fois la machine lancée, et jeunes groupies que nous sommes, nous n’y avons pas mis de limites, ce qui explique le format 3CD du premier volume. C’est clairement comme un effet boule de neige: une fois que tel groupe participe, tu as plus de crédibilité, alors tu contactes des groupes de plus grande renommée, etc. On a même essayé de corrompre les mecs de Neurosis lors d’une interview en Helvétie! Sans succès, semble-t-il.
T. : On les harcèle, jusqu'à qu'ils craquent.
- Comment déterminez vous quels sont les groupes qui participeront ? Faites vous une préselection ou faites vous du mailing à foison ?
Yann: Nous ne sommes que deux, et si parfois ça peut se révéler être un handicap, dans le choix des groupes, c’est clairement un plus: ça nous évite de longues tergiversations. Nous avons, grosso modo, les mêmes goûts musicaux, et il semblerait qu’ils évoluent également de la même manière, ce qui est important dans ce genre de projet qui dure de longs et interminables mois. Le choix des groupes se révèle être donc assez « simple ». Là où ça se complique un peu, c’est de faire en sorte qu’ils acceptent, ces branleurs de musiciens. Mais, et là ça se complique encore un tout petit peu plus, il faut ensuite arriver à les convaincre de nous fournir un morceau inédit. Quel est l’intérêt d’une compilation actuellement? Aucun, si ce n’est pas des morceaux inédits. Pour ce second volume, c’était clairement l’inédit qui nous intéressait. On a été en contact avec une quantité assez incroyable de groupe que nous affectionnons (Coalesce, Buried Inside, Monarch, Minsk, Shora, Forgotten Tomb, Shining, The Winchester Club, etc.). Ces groupes étaient okay pour participer, mais ne pouvaient néanmoins, et ce pour différentes raisons, nous offrir gracieusement un morceau inédit. Ça nous a brisé le cœur et les couilles, mais on a préféré ne pas « insister » et laisser la place à d’autres formations.
T. : Il y a tant de groupes... Il y en a qu'on veut à tout prix... Il y a donc une pré-sélection, en fonction de nos goûts, de nos coups de cœur.
Après, il faut essayer d'attirer quelques groupes d'une certaine renommée, et là on a envoyé un peu plus de mails pour ce second volume, tout en gardant à l'esprit qu'on ne voulait/devait pas dépasser les 2CDs.
- Pouvez vous nous raconter la genèse d'un volume de Falling Down ?
T. : Tout d'abord, il faut bien tabler sur une année... On commence par contacter quelques groupes, qui seraient susceptibles d'accepter. Pour le premier volume, nous nous sommes lancés là-dedans totalement en aveugle alors forcément, il y avait une absence de crédibilité qu'on avait réussi à combler grâce à certains groupes qu'on connaissait plus ou moins et qui nous ont fait "confiance" tel Kehlvin, Rorcal, Llorah, Amen Ra, Time To Burn, Year of No Light, Zero Absolu, etc. Pour la seconde, il n'y avait plus vraiment ce problème, et ceux qu'on a contacté au début sans les connaître personnellement ont répondu favorablement, ensuite ça s'enchaîne, on contacte d'autres groupes, on essaye d'avoir des réponses claires, assez rapidement. Par expérience, on fixe la deadline 4/5 mois au moins avant la sortie approximative planifiée. S'en suit une longue période où on doit combattre galères et mauvaises surprises, tout en continuant à contacter des groupes, attendre des réponses, etc. et surtout gérer la place que chaque groupe prendrait, ce qui n'est absolument pas évident... On leur dit bien que des chansons d'environ 5 minutes, ce serait cool, mais bon, ils désobéissent relativement souvent; c'est "compréhensible", il faut s'adapter.
Parallèlement, mis à part ça, il faut penser au pressage, au mastering, au graphisme, aux médias, etc. Il y a plein d'aspects auxquels on ne pense pas forcément.
Ensuite, on commence à recevoir tant bien que mal les chansons, on y voit de plus en plus clair, le projet se précise, on essaye de ne pas prendre de retard... Il y a bien toujours quelques galères jusqu'au bout mais ça reste un plaisir de s'occuper de tout ça, et on sait que les groupes font du mieux qu'ils peuvent de leur coté.
J'ai bien sûr compressé le déroulement des choses au maximum.
Yann : Même si c’était déjà un peu le cas pour la première (avec les Kehlvin, Rorcaux, Amen ra, Cortez, etc.), il y a eu beaucoup plus de groupes sur cette seconde compilation qui sont allés spécialement pour nous en studio afin d’enregistrer des nouvelles compos, et non pas des chutes d’enregistrement, des projets avortés, etc. Forcément, sur le planning, ça se complique un peu: la deadline qu’on a fixé a été respecté… mais avec 3 mois de retard. Si pour nous ce n’est pas l’idéal car on nage un peu dans le flou, on essaye tout de même de prendre tout ça avec un maximum de recul : c’est tellement incroyable, déjà, que nos groupes favoris composent un morceau spécialement pour notre projet, qu’on essaye au maximum d’éviter de les contraindre.
- Que s'est il passé avec The Dillinger Escape Plan ?
Yann: Ah… Dillinger. Oui, je crois (sa)voir à quoi tu fais allusion. Une sombre affaire encore… Mon médecin m’a conseillé de faire abstraction de cette période de ma vie, il était plus sage que j’oublie, m’a-t-il dit. Je fais des efforts, j’ai de moins en moins de troubles compulsifs quand je vois leur nom… maintenant. Après, pour ceux que ça intéresse vraiment, nous avons posté un blog sur notre page Myspace: tout ce qui devait être dit a été écrit, le reste ne regarde que le label Season of Mist, Dillinger Escape Plan et nous-mêmes.
T. : Musique et société, c'est comme liberté et société, amour et société, réflexion et société... C'est incompatible au fond.
- A quoi correspondent les textes dans le livret ?
T. : A la réalité, absolue et glaciale... Je crois qu'il est important de prendre ça avec beaucoup de recul et de rester vraiment extérieur, détaché de sentiments humains ; constater ça dans un ensemble, et réfléchir dessus. Ces citations sont là pour rappeler le caractère véritable de l'être, on s'oublie dans une bulle superficielle où l'important se trouve dans ce qu'on nous a ordonné et nos vies tournent autour de ces choses diaboliquement éloignées du sens propre du grand aimant. On nous empêche de concevoir autre chose, d'aller plus loin et de réfléchir. Je n'ai pas envie de me voir ni voir le monde penser que c'est une normalité. Et pourtant...
Yann : Nous n’essayons pas/plus de convaincre les gens sur tel ou tel point. On leur expose juste des idées, qui sont parties intégrantes de Falling Down, c’est tout. Si jamais des personnes sont réceptives, les auteurs cités dans le livret devraient être des pistes intéressantes à creuser, je pense.
- Et les remerciements pour Cobalt, Sunn, ... ?
Yann: Comme je te le disais précédemment, mettre en place une foutue compilation (nous?) prend vraiment du temps, on aura mis plus d’un an pour ce second volume. Pendant ce temps, nous découvrons de nouveaux groupes, faisons de nouvelles rencontres live, etc. Alors si, parfois, nous arrivons à inclure ces nouvelles « découvertes », pour la plupart, il est souvent trop tard. C’était donc pour nous un moyen de les remercier, modestement, et laisser quelques pistes pour celui qui aurait apprécié cette compilation: si c’est le cas, il y a de fortes chances pour que les groupes mentionnés correspondent à ce qu’il peut rechercher dans la musique.
T. : Ahkmed c'est une pure merveille ; deux albums, deux univers et deux claques monstrueuses ! Have A Nice Life, il y a tellement d'émotions qui passent, il y a un charme fou ! Et toute la démence psychédélique qu'il peut y avoir dans Vibravoid...
Non vraiment, il fallait !
- Vous sortez 1000 exemplaires de chaque compilation. Comment cela se passe-t-il au niveau des ventes ? Le prix semble très "light" pour le nombre d'artistes. Pouvez vous, sans indiscrétion, nous indiquer approximativement comment se répartissent les bénéfices de chaque vente ?
T. : Bon tout d'abord, je ne pense pas que le prix soit "très light"... C'est vrai que vu le nombre de CDs, ça revient finalement pas très cher, mais on sait bien que les gens téléchargent et d'autant plus une compilation... On essaye de faire un prix raisonnable, de proposer un réel intérêt à l'objet, notamment avec ce deuxième volume.
Les bénéfices, ce serait trop beau... Les choses sont simples, on investit (Pressage, mastering, 'promo' et frais divers), et on espère se rembourser avec les ventes. Pour Falling Down I, nous n'avons pas perdu d'argent et c'est satisfaisant. Pour celle qui vient de sortir, ça nous fait un peu peur... C'est encore loin d'être gagné pour l'instant.
- J'imagine que bosser sur cette compilation doit prendre pas mal de temps. De fait, avez vous le temps de vous consacrer à d'autres activités ?
Yann: Par chance, je suis un nihiliste solitaire gangrené par une réelle misanthropie, grandissante et galopante, ce qui m‘évite de m‘intéresser à autre chose que la musique. Mes études me permettent de m’investir dans la musique autant (enfin… presque) que je le souhaite. J’ai donc pas mal de temps de libre, au final, à consacrer pour la compilation, les concerts aux quatre coins des Alpes, l’écriture d’articles, les après-midi entières à ne rien faire, si ce n’est se rapprocher des étoiles, etc.
T. : Je garde assez de temps pour respirer bien heureusement. Le réel problème c'est qu'il faut être disponible le plus souvent possible, les absences d'une semaine et plus ne sont pas évidentes à gérer.
- Pouvez vous nous expliquer un peu l'artwork ? Quel est son sens ?
T. : En tout premier lieu, il faut dire que l'artwork a été réalisé par Sylvain/Synckop, qui fait vraiment de très beaux graphismes (www.synckop.com). On va dire que c'est un savant mélange entre ce qu'on voulait et son style. Nous en sommes vraiment très satisfait ; je trouve les CDs très classes.
Pour son sens, chacun peut exprimer des sentiments différents dessus. A partir du moment où quelqu'un ressentirait quelque chose, j'en serais comblé.
A part ça, bien sur, l'artwork va avec "Chute Libre", que ce soit une perte quelconque, une descente, une inclinaison, un chaos, un brouillage, un flou, un avancement vers le néant ou autres...
Yann : On a vraiment essayé de faire un truc qui bute, graphiquement parlant ! On nous avait reproché le boîtier cristal de la première : on a donc fait chauffer, voir fondre…, les cartes de crédits afin de soigner nos packagings. Sylvain s’est conduit comme un Dieu !
- En termes de personnes et de temps, Falling Down c'est quoi ?
Yann: Il y a encore peu, je t’aurais répondu deux personnes, seulement deux. Mais maintenant… si en effet nous ne sommes que deux à gérer ce projet, il y a une chiée de personnes qui, tapis dans l’ombre, nous file un coup de main incroyable, chacun à leur manière. Au risque d’en oublier, je me lance tout de même. Il y a Sylvain, notre graphiste, qui s’est gentiment proposé de s’occuper du graphisme de ce second volume: on est super content du job qu’il a fait, et on tient à nouveau à le remercier pour sa patience et sa gentillesse. Il y a également Maître Fehlmann qui a eu la bonté de comprendre que le statut d’étudiant n’était pas synonyme de crédit illimité: il a fait un super boulot pour la mastering, comme à son habitude! Pascal d’Arka Design qui nous a merveilleusement bien aidé pour le pressage. Il y a aussi plein de monde qui nous filent un coup de main dans la promotion (Aurelio et son agence Domino Media en devenir; la team du W-Fenec à son complet; l’incroyable, fabuleuse et merveilleuse Violaine du prestigieux DailyRock; les Metalorgiens qui nous avez soutenu depuis le début; Olivier de Noise; Matthias de VS (Crown Me); Igor le Russe de R.A.I.G; Jediroller de IndieRockMag (Franck); etc.). Niveau temps, plus que difficile à dire: plusieurs heures par jour, et plusieurs jours par semaine, assurément.
T. : Un temps fou, je n'ai même plus la place pour une vie amoureuse.
- Avez vous des projets sur la compilation n'ayant malheureusement jamais pu se concrétiser ? Des artistes qui ont du annuler au dernier moment ? Ou simplement quelques rêves de participations ?
Yann: Oh que oui, on en a comme des melons mec! Des regrets, des annulations, des frustrations, oui, nous en avons eu une bonne dose. Sur le coup, ça nous semblait être la fin du monde (on se frottait d’ailleurs les mains) et puis, avec un peu de recul, ça ne reste au final que des… regrets, qu‘on oublie bien vite grâce au reste, à toute cette magie. Lister tout ce bordel serait vain mais disons que l’annulation à la dernière SECONDE de Dillinger et le fait de ne pas pouvoir travailler avec Cult of Luna (bordel de merde!) à cause de ce putain de label sont des événements qui nous ont vraiment fait chier… mais alors vraiment.
T. : On n’a jamais réussi à corrompre Shora (divergences musicales), Kruger (divergences sexuelles) ou encore ces putains de morts nés de Celeste pour un inédit... Ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Un groupe comme Forgotten Tomb, Shining, Xasthur ou, craquons, Burzum... aurait donné une touche un peu plus funky à la compilation, mais tant pis.
Sinon, non pas des regrets mais on aurait vraiment beaucoup aimé avoir un des projets de Julie Christmas ou Stephen O'Malley. Il y a encore Electric Wizard aussi...
- La compilation tourne principalement autour de la scène PostCore. Est ce une volonté ou souhaitez vous au fur et à mesure vous diversifier ?
Yann: La compilation tourne principalement autour de nos goûts, surtout. La scène post-hardcore était clairement la ligne directrice du premier volet, même si nous avons pris un certain plaisir à y greffer aussi bien de la noise, du grind que du drone. Pour ce second volume, je pense que nous avons essayé, plus ou moins consciemment, de réunir une partie de la scène post-rock/core à cette scène du renouveau psyché/space-rock embrumée de l’esprit, tout en faisant là encore graviter des OVNIs (Mumakil, Gnaw Their Tongues, etc.). Tout ceci est venu vraiment naturellement, ces choix ne reflétant que ce que nous écoutions à un moment donné. Je pense que ça risque de nous causer un peu plus préjudice, dans le sens où ce second volume est bien moins homogène que le premier… ainsi soit-il. Nous sommes évidemment éternellement reconnaissant face à des festivals comme le Roadburn ou encore Noise Mag. qui nous ont permis de faire de chouettes découvertes.
T. : Tu le ressens comme ça ? Je ne sais pas, c'est difficile de parler sur un terme si flou. Je trouve que le 1er CD est assez éloigné des conventions Post-X et d'ailleurs certains pourraient être surpris.
Mais, tout tourne globalement autour de plusieurs styles qui ne forment qu'une scène musicale: le HARD. (Suisse cover...)
- Un coup de coeur de cette dernière édition ? Un groupe à suivre de prêt ?
Yann: Tous sont des putains de coup de cœur, tous sont à suivre de prêt, vraiment. On est juste incroyablement fier de cette tracklist. Humainement, on a vraiment rencontré des personnes juste incroyables ! De manière totalement injuste, j’en choisirai tout de même un: Farflung, groupe que je suis entrain d’écouter en répondant à tes questions. Ces mecs sont tout bonnement les nouveaux dieux du Space-rock. Leur dernier album en date, A Wound In Eternity, est un pur concentré d’acide! Un trip dans les méandres des esprits 60/70’s, un univers tournoyant/larmoyant/hilarant dans un épais brouillard psychédélique: un voyage initiatique dans les hautes atmosphères pleines de pureté. À découvrir, absolument! Ces mecs en ont vraiment trop pris… et pour ne rien gâcher, le morceau de la compilation est l’un de leur meilleur!
T. : Un... Tu es cruel. Bon, Yann s'est occupé de Farflung, je vais me pencher sur Ocoai. Leur chanson présente sur la compil est démente, leur premier album était déjà classe, leur prochain qui sortira en avril/mai est évolutif et encore plus personnel, ils franchissent très vite les étapes. Puis ces mecs sont totalement perchés, et surtout vraiment sympathiques et cools.
Comme j'aime désobéir, je ne vais pas me limiter, le morceau de Gnaw Their Tongues te ruine en moins de 5 minutes, ceux d'Impure Wilhelmina et Across Tundras sont excellentissimes aussi... When Icarus Falls (Coucou Diego qui casse sa voix en spectacle et Luis qui s'ouvre l'arcade avec sa gratte, c'est à voir)... Et d'autres encore, mais je vais m'arrêter là avant de lister presque toute la tracklist.
Pierre-Emile : The Poisoned Glass aussi, une de nos plus belles fiertés ! Initialement, nous avions contacté Stuart afin de savoir si ASVA pourrait participer : en pleine enregistrement d’un nouvel album, ça ne pouvait pas jouer, pas assez de temps. Il nous a proposé de pondre quelque chose, seul, de voir ce que ça pourrait donner. Pourquoi pas ? Et puis… quelques temps après, on apprend qu’il a finalement décidé de remonter un nouveau projet, avec Edgy59, et que leur premier morceau composé serait une exclue pour Falling Down : PUTAIN!
La force de mes doigts : Le live d'USX est d'un pureté et d'un psychédélisme imparable, malgré un son vraiment difficile hélas...
- Avez vous tenté de reprendre contact avec quelques groupes de la première édition ou alors est-ce un choix de proposer seulement du "neuf" ?
Yann: C’est une question qu’on s’est longuement posée, avant même d’annoncer qu’il y aurait un second volume. Au début, je n’étais pas particulièrement pour reprendre les même groupes: il y a tellement de formations incroyables actuellement. Et puis… certaines choses ont fait qu’on a reconsidéré certains tenants et aboutissants. Par exemple, nous avions un peu de regret de ne pas avoir pu proposer à l’époque un morceau inédit de Ocoai et d’impure Wilhelmina, deux groupes que nous chérissons: nous avons eu la chance de pouvoir y remédier. Je suis également un fan absolu, pour ne pas dire le plus grand, d’Amen ra: on a choisi leur projet parallèle, Kingdom.
T. : Mixsthur d'Impure a cédé à nos avances et mille mercis à lui/eux ; et Ocoai s'est proposé, ce fut alors une évidence.
Puis Time To Burn et Kehlvin, eux, se sont rajoutés à la fin, c'était des solutions opportunes, on en est ravi également, mais effectivement, la question de reprendre des groupes de l'édition précédente s'est posée, puis elle a laissé place à la musique, naturellement.
- Vous avez une webzine assez fourni, toujours intéressant (la récente interview de Cortez, d'Olivier de Noise ou de Nico de MFS). Pas trop dur à gérer en sus de la compilation ou alors faites vous partie de la catégorie des éternels travailleurs ?
T. : Non vraiment, la sur-dose de boulot, ce n'est pas mon truc, je suis plus partisan de la réflexion ou du repos que de l'aliénation. On devient bien trop vite dépossédé d'esprit dans le cas contraire.
Mais concernant Falling Down (webzine & compils), je vois plus ça comme un plaisir, même si ce n'est pas toujours le cas. J'écris pour ma part très peu d'articles, je ne me force pas à écrire, parfois j'ai envie de m'exprimer, parfois non, c'est vraiment une liberté de choix totale.
.caedes : Ca fait quelques années maintenant que j’écris des articles. Plus j’avance dans le temps, plus je prends du plaisir à écrire, et de plus en plus je suis exigeant par rapport à ce que j’écris, que ce soit la forme ou le fond. Je conçois désormais le « travail » de chroniqueur comme celui d’un artiste : écrire un article sur un groupe n’est pas anodin, et ne doit pas l’être. Combien de fois je suis retombé sur des vieux articles que j’avais écris et… putain!, quelle honte de les relire, vraiment! A l’époque, il y avait cette pile de cds promos à chroniquer, et une quantité incroyable de contraintes. C’est du passé ça à présent, on fait notre maximum pour ne pas être un énième webzine promotionnel, pour n’avoir aucune dépendance vis-à-vis d’un groupe, label ou que sais-je. Je passe de plus en plus de temps sur mes articles, je soigne de plus en plus ce que j’écris, que ce soit au niveau de la ponctuation, du rythme des phrases, du vocabulaire, de l’humour, des sujets annexes abordés, des jeux de mots (subtil ou non), etc. « Composer » un article dans lequel je prendrais toujours autant de plaisir à le relire, d’ici quelques années, voici l’objectif. Alors évidemment, le rendement baisse inexorablement… ce qui explique le peu d’articles publiés sur ce zine. Je suis en tous les cas un farouche partisan des articles ultra-subjectifs : que ceux qui vantent l’objectivité ou se plaignent dès qu’un rédacteur sort un peu des chemins battus, et bien qu’ils continuent de jouer avec leur corps et qu’ils n’oublient surtout pas de nous oublier.
- Consultez vous d'autres webzines ou magazines ou alors vous fiez vous plutôt à vos ballades sur Internet ?
.caedes: Je ne lis qu’un seul magazine, à savoir Noise. Pour ce qui est des webzines, je navigue entre Metalorgie et W-Fenec (pour la réactivité fasse aux news), Eklektik (pour leurs articles de qualité) et VS-Webzine (même si je trouve le niveau intellectuel des lecteurs de plus en plus inquiétant). Ces compilations ont fait que je me suis beaucoup plus intéressé au webzinat français (j‘ai fais mes premiers pas sur Metalorgie lorsque j‘étais encore au lycée. Votre rubrique « Téléchargement », à l‘époque où le téléchargement justement n‘était pas encore ce qu‘il est, était un vivier intarissable de découvertes!). De manière générale, je n’ai que rarement trouvé mon bonheur, et je t’avoue qu’il est de plus en plus rare que je lise une chronique en entier. Je pense vraiment que c’est un univers qui se cloisonne de plus en plus, sclérosé et qu’il faudrait, me semble-t-il, que certaines personnes décident de travailler autrement ou alors arrêtent. Je me rends compte que j’ai vraiment une vision très critique de ce milieu, car c’est vraiment quelque chose qui me tient VRAIMENT à coeur. Il y a tellement de merdes qui sont publiées que tu ne sais plus à qui faire confiance : la seule chose qui intéresse les internautes à présent, c’est de lire les commentaires des autres, de voir une note et de voir combien de fois la page web en question a été consulté. Un exemple, parmi tant d’autres !, car c’est le premier qui me vient à l’esprit : Pavillon 666. C’est quoi ce merdier les gars? Un webzine promotionnel obnubilé par ses statistiques, qui recrutent à foison dans toute la France, donc n’importe qui, donc n’importe quoi, afin de publier le maximum d’articles. Le résultat ? Des albums toujours excellents (ce serait tellement dommage de se fâcher avec un label et de ne plus bénéficier de cds promos cartonnés), des interviews exceptionnelles (1° Pouvez-vous présenter le groupe ? 2° Pouvez-vous expliquer les thèmes abordés dans votre album ? 3° Où avez-vous enregistré votre album ? Connard, c’est écrit au dos de la pochette !, etc.) ou encore des mecs qui OSENT imposer un nombre précis de caractère à leurs rédacteurs par peur que la chronique soit trop longue, et que donc il y ait une plus grande probabilité que le lecteur ne lise pas la review en entier, etc., etc. Allez vous faire foutre bordel!
T. : Je ne lis pas de magazine, à tort ou pas ; je vais surtout sur W-Fenec (Coucou Aurélio qui n'aime pas la dernière recette de la williamine impure) ou ici-même pour les news. J'essaye de me tenir à jour, et tous les moyens sont bons, il m'arrive de naviguer à droite à gauche...
- Quels sont les prochains projets ? Un Falling Down Fest ?
T. : Joker. Non vraiment... Demain est déjà une inconnue, ce sera selon des envies, à des moments donnés. Tout est déjà assez éprouvant comme ça.
Concernant un Falling Down Fest, on avait commencé à voir un peu les possibilités et les groupes, tout se présentait à merveille, puis il y a eu des changements, c'est un peu au point mort. On avait annoncé ça pour 2010... ça nous laisse quelques mois encore, à voir. Puis il faut dire que notre seule expérience d'organisation fut une terrible miséricorde alors...
Yann : C’est délicat à dire… on voulait en effet faire une soirée de vernissage/festival, mais il s’avère que c’est un peu trop délicat à gérer en ce moment avec la sortie de la compilation. Pour la suite, sur le moyen/long-terme, difficile de planifier quelque chose : je peux de moins en moins supporter Internet, je suis tellement atrophié et aliéné que je serais incapable de « travailler » sans, désormais. Et puis d’ici quelques mois, je vais partir sur les routes, aller vivre dans les bois pendant quelques temps. Impossible donc de m’investir dans la musique, d’une quelconque manière. Thibaut verra bien s’il continue seul l’aventure ou s’il attend mon retour à la civilisation, ou si nous nous arrêtons là.
- Quelques coups de coeur dans les derniers sorties Françaises ? Metalorgie avait par exemple mis en Album du Moment Comity, Zero Absolu, ...
Yann: No Surrender de Kickback, assurément. C’est exactement l’album que j’aurais souhaité composer et c’est également exactement l’album qu’il me faut dès que je suis dans des transports en commun. Je pense commettre mon premier meurtre en écoutant ce skeud d’ailleurs…
T. : D'ailleurs depuis que le chanteur de Lost Sphere Project (Coucou à sa petite boite magique) a comparé Kickback à Greenday, Yann est un peu sensible à ce sujet, il se pourrait bien que le premier meurtre survienne plus vite que prévu...
Je trouve qu'il n'y a pas grand chose en ce moment en France... Le Zero Absolu est cool, mais mieux en live encore.
- Un dernier mot pour la fin ?
T. : Merci beaucoup à toi et Metalorgie.
Et on remercie encore les groupes et les gens qui portent un intérêt à notre projet.
Yann : Merci Charles!
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