Daria

par Djou (23/03/2007)

Metalorgie : Caractériel(le), indomptable, dur(e)...Daria c'est du rock à l'état brut. Alors vous allez me dire : "Pourquoi ces parenthèses?". Simplement pour faire un pont avec votre homonyme animé et savoir si votre patronyme y fait directement référence. Et si oui qu'appréciez-vous ou haissez-vous chez cette donzelle qui a pu bercer votre adolescence, voire même votre jeunesse avec ces deux gros cons de Beavis & Butt-head.
Germain : Daria on la connaît comme ça. On l’a rencontré quand on avait 16 ou 17 ans, mais franchement ça fait une paye qu’on a pas eu de nouvelles… Plus sérieusement, c’est un dessin animé qu’on a très peu regardé mais qu’on connaissait et dont on appréciait l’esprit. Donc je ne peux pas répondre à ta question, je ne connais pas assez pour te dire… ce que je sais, c’est qu’au moins, cette gonzesse n’est pas à l’opposé de la musique qu’on joue… Je pense qu’elle aurait apprécié ce que l’on fait… enfin j’espère… Mais le mot Daria a plein de significations autres que cette référence à la série. Il veut dire « vite » en langue arabe, c’est un prénom yougoslave et italien mais c’est aussi un fleuve russe pour tout te dire… voilà pour le sens étymologique, pour l’explication de notre choix, et bien on trouve que ce mot sonne bien, voilà tout.


Metalorgie : D'ailleurs pensez-vous que l'usage de ce 'prénom' contribue à titiller la curiosité de l'auditeur lambda, j'avoue que c'est mon cas, l'amenant donc jusqu'à votre page MySpace. Et dans une plus large mesure aide-t-il un groupe angevin à se faire une place sur la scène hexagonale (qui a dit parisienne?)?
Germain : Pas convaincu, ce serait trop beau et je ne suis pas sûr que le choix de ce nom influe sur notre reconnaissance qu’elle soit hexagonale ou même angevine. Il éveille la curiosité de certaines personnes de temps en temps mais je pense que rendu là, il faut rester lucide sur l’impact même de la série et de son nom. Elle n’est pas si connue que ça non plus… La plupart du temps les gens s’en foutent de cette série, tout au plus ils nous posent la question de savoir si on a choisi ce nom pour elle… comme toi… et on répond non ! ;)


Metalorgie : Déjà cinq mois que Silencer est sorti, l'heure du bilan. Quels ont été justement les retours de la presse, du public, et même de votre entourage (un bonjour?) depuis ce durcissement opéré sur l'album?
Germain : Bilan mitigé, on avait un groupe soudé et solide ce qui nous a permis de bien réagir en première mi-temps, et puis après la pause on s’est heurté à un mur, un bloc soudé qu’on a coutume d’appeler la France… En vérité on est extrêmement content de l’accueil qu’a reçu le disque avec la presse. Toutes les chroniques qui sont tombées étaient très positives voire élogieuses ! On est vraiment content que ce disque ait été bien compris, que le travail qu’on a fourni ait été remarqué, c’est plaisant. Donc oui les retours que ce soit du public, de la presse ou de notre entourage ont été très positifs. Maintenant ça ne fait pas tout, et on ne peut pas en dire autant du retour des labels et des programmateurs. Non nous ne faisons pas danser les gens, non nous ne chantons pas en français, oui les guitares sont fortes et agressives, non la basse n’a pas un son rond et bien lisse et effectivement Arnaud frappe fort sur sa batterie. En France on nous classe très souvent en « musique spé », « métal » des fois ; à l’étranger les gens appelle ça du rock, comme nous finalement… C’est un exemple qui montre les limites d’un tel disque en France. Nous avons dû en vendre 300 copies à l’heure actuelle, ce qui est très peu rapporté au prix que coûte un album. Maintenant, peu importe, j’ai l’impression d’avoir entendu ça des dizaines de fois, mais c’est tellement vrai : pour nous c’est une véritable jouissance que d’être tous les 4, jouer ensemble, rouler ensemble ! Point barre.


M. : Le travail de Iain Burgess (Shellac, Jawbox) et le mastering au Marcussen Mastering Studio (Foo Fighters, RATM) y ont-ils été pour beaucoup dans ce changement? Ou est-ce quelque chose que vous souhaitiez dès le départ, du fait de certaines critiques peut-être?
Arnaud : C’est pas faux !! A moins que ce ne soit mon arrivée dans le groupe… Non, je pense que c’est quelque chose qui est venu naturellement. Sur scène on sentait un décalage entre notre énergie, notre côté un peu punk, et les morceaux pop que l’on défendait alors. Notre tournée en Irlande y a été également pour beaucoup. Au retour, on a commencé à composer des morceaux plus rock, plus en adéquation avec ce qu’on aimait et ce que l’on voulait faire sur scène. Là, bien sûr, le bon client s’est présenté en la personne de Iain avec qui nous voulions déjà travailler bien auparavant . En résumé, nous avons eu la chance de faire l’album que l’on voulait avec les personnes que l’on voulait, et ça c’est une expérience énorme.


M. : A contrario, d'où vous est venue l'envie, l'idée, d'adapter "Ecoutez la chanson bien douce" de Verlaine? Est-ce quelque chose que vous tenteriez à nouveau?
Arnaud : C’est arrivé un peu par hasard, on avait rien prémédité. On s’est retrouvé à faire un boeuf un jour en répète et le morceau est venu tout seul en l’espace de deux heures. Cam n’avait pas de paroles et plutôt que de chanter en yaourt, il a essayé avec un recueil de poèmes qu’il lisait à l’époque. Le hasard fait parfois bien les choses, et il s’est avéré que dès le premier essai, tout les vers du poème collaient à la structure du morceau. On a pas été plus loin et on l’a gardé tel quel. Quant à savoir si nous tenterions à nouveau cette expérience ? Rendez vous sur le prochain skeud pour un morceau en hongrois !


M. : Et puis, tant que l'on y est, quelle littérature, quelle(s) oeuvre(s) recommanderiez-vous chaudement à nos lecteurs, et surtout pourquoi?
Camille : Je recommanderais chaudement à tout lecteur de langue anglaise de se procurer The Knife Thrower and Other Stories de Steven Millhauser. C’est un recueil de nouvelles absolument fascinant, nous promenant dans un monde toujours entre le réalisme et le fantastique, toujours à la limite de la transgression… bref un vrai bonheur. Sinon, dernièrement j’ai remis le nez dans les nouvelles de Maupassant et c’est vraiment très bien aussi,  Le Horla, Boule de Suif etc, une très belle écriture au service d’histoires touchantes, inquiétantes, vraies.


M. : En parlant de 'retenter' donc, ma petite souris m'a glissé un mot concernant la récente pré-production d'un second effort, toujours avec Iain et Dave. Alors, qu'en est-il? Dites nous tout...
Arnaud : Bah, on prend les mêmes et on recommence. On avait pas fini le premier album que le rendez vous était déjà pris pour le second. Ce sont des personnes que l’on apprécie vraiment, autant humainement que dans leur travail, et je pense que c’est réciproque. On vient de faire les premières pré-prods et on met tout en boite cet été. Le but étant de ne « pas faire la même merde », dixit Iain, on va donc essayer de faire mieux que sur Silencer.


M. : Y aura-t-il une nouvelle évolution/affirmation, ou même une mutation vers la mélodie sucrée à grand renfort de claviers, de cordes, de voix féminine etc. Bref quelle sera, en quelque sorte, votre ligne de conduite?
Arnaud : On a pris contact récemment avec un joueur de flûte traversière mais le problème c’est qu’on arrivait pas à couvrir le Hiwatt, donc on a laissé tomber l’idée. On va se consacrer au rock… Je ne pense pas que l’on refera un autre rouleau compresseur comme le premier opus, on va surtout essayer de pondre de bons morceaux qui nous plaisent et nous tiennent à cœur. Alors peut-être que ce sera parfois plus pop, parfois plus expérimental, mais en tout cas on va pas se laisser pousser la mèche et  mettre du synthé, c’est la seule chose dont on est sûr !


M. : Une petite idée sur le titre de l'opus?
Cam' : Non, on a pas encore choisi le titre du prochain disque, je pense que se serait un peu précipité à l’heure actuelle. On se casse plus la tête à faire de bons morceaux qui nous plaisent, qu’à définir un titre ou une optique esthétique qui colle à notre trop pur look « new-dandy-post-punk-gucci-dior-taille basse », tu vois quoi… Soit dit en passant, je suis sûr que des titres comme « Fuck Off And Die » ou  « I Have Success Coz I’m In Fashion » feraient l’unanimité au sein du groupe, mais se serait pas vraiment recherché, promis on va trouver pire :-).


M. : Et le mastering?
Camille : On n’y a pas franchement réfléchi non plus. Une chose est sûre, on est content du son de Silencer, et le mastering joue un rôle important dans le rendu de l’album. Vu qu’on n’est pas du genre à changer une équipe qui gagne, il y a de fortes chances qu’on renvoie le disque à Louie Teran, là-bas à Los Angeles.


M. : Le mois prochain, vous repartez manger du bitume pour un petit bout de temps. Impatients de tester les nouveaux morceaux sur scène?
Camille : Oui carrément. On a déjà joué quelques nouveaux morceaux pendant nos derniers concerts, on va peut-être en incorporer d’autres. Passer des nouvelles compositions à l’épreuve de la scène, ça vaut pour nous toutes les répètes possibles et imaginables. Ca cale les tempos, les parties à jouer à burnes ou plus calmes, tout le monde trouve sa place ; bon boulot à faire avant d’enregistrer.


M. : Au passage, vous n'auriez pas oublié une date sur la Capitale? A dire vrai, pour une fois que ce n'est pas le cas inverse...
Etienne  : C’est vrai que la tendance est plus à l’inverse pour les groupes… parisiens surtout non ? … Beaucoup de dates parisiennes et peu pour la province…
On est d’Angers, et sans négliger Paris, c’est vrai qu’on n’y a pas forcément beaucoup joué pour le début de la tournée de Silencer. Cependant, quand même 2 en 3 mois : une en Octobre dernier (peu après la sortie du disque) à la Flèche d’Or et l’autre en Décembre au Plan à Ris-Orangis. C’est d’ailleurs de très bons souvenirs car ça a été de bons lives, avec un public bien fâché notamment au Plan… Le classe merci encore à eux !!!


M. : Vous repartez également en Irlande, et même au Québec j'ai pu lire. Vous avez pu obtenir certains échos de ces pays, voire d'autres, sur Silencer? Et savez-vous d'ores et déjà avec qui vous tournerez?
Etienne : C’est vrai on repart en Irlande au mois d’Avril pour 6 concerts, pile 2 ans après la première « Irish Experience » . La première fois avait été magique, une tournée forte en rencontres, en contacts et en dBs ! Du coup on va tenter de réitérer le coup en défendant le nouveau disque, dont les échos sont plus que positifs là-bas, on a balancé le disque aux groupes avec qui on avait joué ou aux gens qui étaient là la première fois et avec qui on avait gardé des contacts… Et apparemment ça a bien tourné sur les platines et ça a bien pris… On reçoit des messages qui font chaud aux coeurs et nous font dire : « vivement qu’on y soit et vivement qu’on joue !! » On jouera avec El Bastardo et Hope is Noise qui sont des groupes qu’on connaît déjà et d’autres que l’on n’a jamais rencontrés comme GhostWoodProject ou encore HoorayForHumans.
Quant au Québec, la tournée finit de se caler tout juste. On y sera pour 11 jours dont 10 à jouer… Autant dire que les visites ça sera pour une prochaine fois ! Là encore, les échos sur Silencer mettent du baume au cœur. Ca doit être ça la différence culturelle. En France, le problème est qu’on est un groupe avec une batterie qui joue pas du disco, avec des guitares qui sont pas acoustiques, avec une basse qui fait pas le son d’une basse et avec un chanteur qui miaule pas dans son microphone. En Irlande ou au Québec, on est un groupe qui peut jouer… ça nous suffit et c’est ce qui compte, non ?


M. : Une dernière question, sans transition (ndlr: y en a-t-il vraiment eues jusque là?), et parce que vous êtes fans des Beatles. Love...hérésie ou très belle idée de cadeau?
Etienne : Oui et oui, les Beatles sont partout, ils sont dans tout ce qui s’est fait depuis… Les Beatles c’est comme le crachin humide de la Bretagne, ça rentre partout… L’image est mal choisie, absolument pas à hauteur de ce qu’on pense des Beatles, mais bon… tant pis :)


M. : Merci à vous pour votre patience, bon courage pour la suite et bonne chance pour le studio et la tournée. Le mot de la fin est pour vous...
Etienne : Merci. Merci pour l’interview, merci aussi au(x) lecteur(s) d’avoir lu jusqu’au bout…
Et, pour reprendre l’adage de Lemmy, tout en l’adaptant à un contexte actuel : «  if it’s too loud that’s because you’re too young or because you are used to listen to le mouv’ »

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