Maudits

par wohosheni (06/11/2024)

Entre Post-Metal, Post-Rock et influences progressives, le trio instrumental Maudits trace son chemin dans un paysage musical à la fois sensible et puissant. Avec la sortie de leur deuxième album studio Précipice en juin 2024 (chronique et album du moment), le groupe a de nouveau déployé ses inspirations, servies par une production impeccable. Entretien avec Olivier Dubuc (guitares) juste avant leur passage en concert au Backstage by The Mills, à Paris.

Mercredi dernier, vous avez joué avec Godspeed You! Black Emperor à Nancy, comment ça s’est passé ?


Olivier : C’était mortel. Je ne connaissais pas L’Autre Canal, je n’avais même jamais vu de concert là-bas. La salle n’est ni trop grande, ni trop petite, mais c’était quand même 1200/1300 places. La salle était blindée pour Godspeed You! Black Emperor et quand on y a joué c’était quasi complet aussi. Franchement c’était mortel, il y avait un super son. On avait encore de la place sur scène, ce que je ne savais pas à l’avance car ils sont huit dans Godspeed You! Black Emperor et ils ont un setup de ouf avec les violons, les pedalboards d’avion... c’est un bordel pas possible !



Vous étiez en mode trio électrique, c’est ça ?

Olivier : Oui, c’était la configuration habituelle, comme ce soir d’ailleurs [au Backstage by The Mill, Live report]. Je pense que c’était l’un de nos meilleurs concerts électriques, donc tant mieux que ça ait été ce soir-là.

Godspeed You! Black Emperor, c’est un groupe que tu écoutes ?

Olivier : Oui, je suis un gros fan. Alors surtout des quatre / cinq premiers albums car je trouve que sur les trois derniers depuis le début des années 2000, ils ont eu un petit trou d’inspiration. Le dernier album est bien, je l’ai choppé il y a pas longtemps en vinyle... et les faces C et D sont super. Je suis un gros fan du groupe, donc c’était un petit rêve d’ouvrir pour eux. Après je ne les ai pas beaucoup croisés… ils sont ni sympas ni pas sympas, j’ai l’impression qu’ils ne sont juste pas très sociables.



Pareil que sur scène du coup…

Olivier : Oui, ils ne sont pas du tout dans la mise en avant des personnes, ce ne sont pas des grandes gueules. Et ce n’est pas plus mal au final. J’ai appris à faire la part des choses entre les gens et leur musique, donc je n’ai pas plus communiqué que ça avec eux, mais ce n’est pas grave. Je voulais davantage ouvrir pour eux que communiquer avec eux !

Ce soir vous êtes en électrique aussi, dimanche avec Klone vous serez en trio électro-acoustique. Fin novembre tu fais un duo avec Raphaël Verguin (Guitare / Violoncelle). Vous avez fait le format album, le format ep, le format live... Avec Maudits, ça change tout le temps de format !

Olivier : On n’a pas l’habitude de faire autant de concerts sur des délais aussi courts avec des configurations différentes, donc je m’y perds un peu dans les prochaines dates ! En fait, on s’adapte aux évènements : les dates sont tombées assez vite, donc on a dû faire des choix. Comme c’est la tournée Unplugged de Klone, on s’est dit qu’on allait le faire en unplugged. Après en duo ou en trio, c’est selon les disponibilités de gens et selon la place sur scène. On refait un truc avec Raphaël en duo dans la médiathèque Marguerite Duras à Paris (le 29 novembre 2024). On joue ce dimanche en trio basse, guitare, violoncelle à Petit Bain et puis après on fait une date électrique pour la première fois en quatuor avec Raphaël qui vient sur la date de Montpellier au festival Ex Tenebris.



Comment abordes-tu le travail de scène, qu’est-ce que tu cherches à restituer ?



Olivier : Forcément je l’aborde différemment en fonction des formats. On a fait une fois une résidence où l'on a travaillé avec un coach scénique... mais, en fait, j’ai appris à gérer en fonction de l’espace parce que j’ai beaucoup de bordel sur scène, avec des boucles et plein d’effets vu que je suis le seul guitariste. Donc il faut que j’anime le champ sonore seul, même si la basse est aussi importante. Tout est fait en live. Les seules bandes sonores que l’on a, c’est le batteur qui les enclenche : ce sont les violons car il y a pas mal de cordes sur notre musique, mais on ne peut pas ramener un quatuor à chaque fois ! Comme je disais, on a eu un coach scénique qui nous a montré deux/trois plans et maintenant, généralement je ne réfléchis pas trop. Je bouge en fonction de la place, en fonction des moments où je peux bouger, ça se fait assez naturellement. Avec Maudits, ce n’est pas une musique où on doit secouer la tête comme des cons à chaque break, donc il n’y a rien qui a besoin d’être calibré. On essaie d’être naturel et comme c’est une musique qui est assez organique, ce n’est jamais vraiment la même chose d’un concert sur l’autre. 

Donc oui j’essaye quand même de bouger et ne pas être statique, parce que quand je vais voir un concert, personnellement j’aime bien voir bouger les artistes et lorsque cela s’anime un petit peu. Mais pas exagérément parce que notre musique ne nécessite pas ça, à mon sens. Et puis ça dépend si notre ingénieur lumière est là, ou pas... Pour la date à Nancy, on avait pris notre ingénieur lumière. On ne le fait pas toujours parce que cela nécessite des moyens. Même s’il n’est pas cher, que c’est un pote, qu’il bosse très bien... comme on paye tout le monde, dès fois on ne peut pas se le permettre. Et puis des fois le cadre ne le nécessite pas forcément, ou on adapte en fonction des disponibilités de chacun.

Précipice, sorti cette année, est votre deuxième album. Mais ce n’est pas vraiment ton deuxième album, tout comme Maudits n’est pas non plus ton premier groupe. Qu’est-ce que tu as tiré de tes expériences passées en groupe qui s’applique à Maudits ? Est-ce qu’il y a des choses des choses où tu t’es dit « je ne le referai pas comme ça » ?

Olivier : Mon premier plus important groupe avant, c’était The Last Embrace. C’était plutôt du Rock Progressif avec une chanteuse, des claviers. C’était assez différent, on peut retrouver des éléments similaires dans Maudits parce que je composais de grosses parties pour The Last Embrace et que c’est ma touche. Mais ce n’est pas la même approche. Il y avait du chant donc tu ne composes pas de la même manière, tu ne portes pas les choses de la même manière. J’ai passé des moments de fou avec ce groupe précédent, mais on était plus nombreux, les personnalités n’étaient pas pareil et je n’avais pas non plus la même approche plus détendue de la composition et de la gestion du groupe.

Maintenant, je ne surprotège pas les gens et je ne mets pas de tension là où il n’y a pas besoin, comme mettre de la pression dès qu’il y a un concert. Les choses se font naturellement et j’essaye de faire pareil dans la vie. Du coup, les choses tombent plus facilement, comme cette série de concerts qui est tombée cet automne. Et le fait que cela avance pas mal, à notre niveau - on reste des amateurs, on n’est pas des professionnels - et bien c’est aussi dû au fait de se détendre et d’apprendre à travailler avec des personnalités qui nous conviennent, ce qui n’a pas été forcément le cas tout le temps sur le précédent groupe. J’ai essayé de forcer des choses que je n’aurais pas dû forcer et ça, c’est fini, je ne le fais plus. Cela m’a beaucoup servi pour ne pas refaire des erreurs et faire des choses positives.

Qu’est-ce que tu arrives à faire vivre dans Maudits ?

Olivier : La vie de groupe est plus facile, on n’a pas besoin de faire quinze mille répètes, de préparer les concerts comme des tarés, je fais confiance aux autres. Et puis la compo est très fluide parce qu’il n’y a pas trente-six mille discussions. Et le fait de composer sans chant... c’est cool aussi de composer avec un chant, mais en instrumental c’est beaucoup plus libre, tu utilises tes thèmes comme tu veux, tu arranges tes morceaux comme tu veux. On ne se pose tellement pas de questions... si le morceau doit faire quatorze minutes, il fera quatorze minutes et s’il doit en faire trois, il en fera trois. On ne se dit pas « merde, là il faut qu’il y ait un refrain, là il faut penser à la place du chant ».

Quand tu composais avant, tu avais toujours ça en tête ?

Olivier : Oui, parce qu’en plus c’était du chant mélodique, la chanteuse avait - et a toujours - une super voix. Alors il faut laisser de la place et structurer les morceaux pour.

C’est une remarque qui revient souvent « Maudits, c’est instrumental, pourquoi il n’y a pas de chant ? ». Sur le dernier album particulièrement, le violoncelle occupe une jolie place. Et on dit souvent que le violoncelle c’est l’instrument le plus proche de la voix humaine. Alors je me disais peut-être que c’est lui en fait, le chanteur de Maudits.

Olivier : Ah mais oui, complètement. C’est pour cela qu’on a laissé beaucoup de place à Raphaël, parce que ce qu’il propose est mortel. Il a une approche très contemporaine de son instrument. Il a fait du classique, donc il a le niveau, mais il écoute beaucoup de musique extrême, de Metal et de Rock contemporain et aussi de musiques de film je pense, donc il s’est vraiment adapté au style de musique et à l’interprétation que cela nécessite, qui est différente et beaucoup moins "coincée du cul" entre guillemets que le classique.

Il intervient à la toute fin, une fois que vous avez tout enregistré. Du coup, tu ne t’es pas préoccupé de ce que tu composais et lui arrive quand même à trouver sa place ?

Olivier : Exactement, il trouve sa place naturellement, en fait. C’est le genre de musiciens qui est tellement bon et tellement pertinent, humainement et musicalement, c’est devenu un ami très proche. Je n’ai même pas à m’angoisser car je sais que ce qu’il fera, ce sera bien. Pour le dernier album, la seule chose que j’ai eu à redire, c’était qu’il mette du violoncelle à un endroit. Parce qu’il me disait « mais non, je veux pas, je le sens pas. »

Tu te rappelles à quel endroit ?

Olivier : Oui, c’était sur le morceau Seizure le deuxième morceau de Précipice, sur le passage du milieu où il y a une montée qui est assez calme et un peu Trip-Hop. Au début il ne voulait pas mettre du violoncelle et je lui ai dit « vas-y, essaye, essaye ! ». Et maintenant c’est l’un de mes passages préférés de l’album avec ces parties de violons. Il y a un côté très irlandais et c’est très beau. De toute façon, je suis fan de ce qu’il fait, donc je ne suis peut-être pas objectif !



J’ai l’impression qu’il y a un peu le même type de relation avec Frédéric Gervais, l’ingé son qui a bossé sur l’album, cela a l’air très naturel quand tu en parles en interview.

Olivier : Frédéric, c’est un artiste, musicalement il est très fort et du coup il a ce côté là quand il enregistre des groupes. Il se met vraiment au service et en même temps il propose des choses. C’est ça, les bons producteurs. Il propose des trucs pertinents, il s’adapte en fonction du son du groupe. On reconnait sa patte sur ses prod’ mais ce ne sont jamais les mêmes parce qu’il produit plein de groupes très différents : du Death Metal, du Black Metal, du Post Rock, des trucs qui n’ont rien à voir. C’est plutôt Metal parce qu’il s’est fait sa clientèle par là. Nous on n’a pas envie de travailler avec d’autres que lui, en fait ! Après si ça doit arriver, ça arrivera parce qu’il y a d’autres producteurs qui sont très bons, mais il nous connaît par cœur, donc c’est super fluide.

Tu arrives avec des références de son que tu as en tête, des albums qui t’ont marqué, des choses vers lesquelles tu aimerais aller ?

Olivier : Avec Frédéric, non. Dès le premier album, il a su quel son on voulait. Sur certains passages, on arrive des fois  avec des effets qu’on impose. Et parfois même il propose autre chose et ça le fait. Donc je le laisse faire.

Tu as eu d’autres expériences avant, pour rechercher le son d’un album ? Tu travaillais différemment ?

Olivier : Avec The Last Embrace, on avait bossé avec Francis Caste sur le tout dernier, qui est plutôt un producteur Metal. C’est un très bon producteur et sa grande force, pour moi, c’est le son de la batterie, qui est monstrueux. Il fait de gros sons bien Metal. Après, c’est différent, il a un son qui est plus brut et qui conviendrait moins à Maudits, je pense. À la base je l’avais contacté d’ailleurs, avant de contacter Frédéric qui m’avait été recommandé par un ami et autre collaborateur, Emmanuel Rousseau. Si on prend Francis, il a un son qui est très brut, très puissant mais je pense qu’il aurait plus galéré dans le mix que Frédéric parce qu’il est moins, alors je mets de très gros guillemets, "méticuleux" et le son avec énormément de pistes, c’est moins son truc. En tout cas, c’est l’impression que moi j’avais eu quand j’avais enregistré avec lui à l’époque. Mais il nous a fait un super son. En tout cas, si ça peut continuer avec Frédéric, tant mieux !

A chaque fois que j’écoute un nouvel album de Maudits, c’était déjà le cas avec le premier album, j’entends le son de la caisse claire à la batterie et même les cross sticks que je trouve superbes.

Olivier : Chris, le batteur, est vraiment un tueur avec son instrument. Si le batteur est bon, c’est beaucoup plus facile de le sonoriser. Et puis la batterie c’est un instrument qui est super délicat, si t’as pas un bon batteur en Rock ou en Metal, tu ne sonneras jamais... T’auras beau avoir de supers gratteux, de supers bassistes, de superq claviéristes, etc, ça sonnera pas. Je ne me considère pas comme un guitariste excellent, je ne suis pas du tout un technicien. Maintenant, je sais me poser sur un tempo et voilà, quoi. Mais sans un niveau de batterie comme celui-là, on ne sonnerait pas comme on sonne. Le crédit à la batterie est ultra important, il faut le donner clairement.


En parlant de son, donc il y a le travail de composition et puis vous passez pas mal de temps dans les arrangements. En ce moment, quels sont les effets, les instruments, les outils dont tu ne peux pas te passer ?

Olivier : Si on parle de la scène, mon looper. Il fait partie de mon style de jeu, il fait partie du style de Maudits. C’est comme ça que je compose, c’est mon originalité.

Tu es donc arrivé à le maîtriser comme il faut !

Olivier : Oui, avec beaucoup de boulot. Alors il peut y avoir des pains, mais je l’ai vraiment beaucoup travaillé, donc maintenant je maîtrise mon jeu. Ça et puis la grosse reverb' un peu cathédrale, pour les geeks elle s’appelle Neunaber Immerse. Elle m’a inspiré énormément de trucs, dont d’ailleurs le tout premier morceau de Maudits. J’ai joué une note avec l’effet et j’ai fait « Wouah !! », un Ré à vide et rien que ça… l’effet change tout. Aussi mon delay et mon pedalboard, c’est surtout ça. Après sinon pour ce qui est ampli, etc, je m’adapte.

Et autour des guitares ?

Olivier : En dehors de la batterie et de la basse, eh bien ça m’embêterait de ne pas avoir de violoncelle. Dans Maudits en tout cas, je trouve que cela a une place super importante. Et puis sinon, rien de particulier. Cela reste un groupe de Rock, un peu sophistiqué, mais ça reste un groupe de Rock.

Tout à l’heure tu utilisais ce mot "cinématographique" ou "cinématique" pour parler de ta musique, et c’est un mot qui revient souvent pour parler de Maudits, c’est dans la promo, etc. Pour toi, cela veut dire quoi ?

Olivier : Ça a à voir avec la musique de film. La dernière grosse claque que j’ai prise en musique de film, c’est la BO d’Interstellar d’Hans Zimmer, que j’ai trouvé incroyable. Que j’ai pompée allègrement, il faut bien le dire - en tout cas indirectement, j’ai pas de problème à le dire. Hans Zimmer, c’est un personnage avec qui j’ai une relation un peu bizarre - je pense que c’est un peu un arnaqueur quelque part, parce qu’il a beaucoup d’assistants et du coup, il y a pas mal de choses qu’il ne fait pas. Mais il a quand même un petit truc dans la simplicité de ce qu’il fait qui est assez incroyable. La BO d’Interstellar, je la trouve.... c’est la grosse tuerie. Il y a deux autres BO que j’adore, il y a American History X, d'Ann Dudley qui est la compositrice. Cela fait partie des rares BO où c’est un compositeur (sic) qui compose pour la BO, et c’est pas une compilation de morceaux. Et puis après, la BO de 28 Jours Plus Tard, une BO plus Rock.

D’ailleurs il y avait un morceau de Godspeed You! Black Emperor... et j’adore le film aussi. J’aime bien le fait que notre configuration de Rock instrumental nous permette d’avoir beaucoup de références dans la musique de film. C’est construit de la même manière, en fait. En gros dans la musique de film, ils utilisent un thème qu’ils déclinent avec plein de phases. C’est souvent comme cela que cela marche. Et nous, c’est un peu la même chose. Cela nous permet de faire des morceaux à tiroirs, de faire réapparaître des thèmes, parfois même dans d’autres morceaux, d’avoir la Part 1, la Part 2, c’est ce côté progressif qui est intéressant aussi. Et puis la musique envoie des images aussi. Parfois des choses minimalistes, parfois avec plein de couleurs, c’est ça l’idée en fait.

Quand tu composes, c’est à partir d’images ?

Olivier : Non, c’est plus du son. En fait je ne me considère pas comme un compositeur, je me considère comme un faiseur de riffs. Et je sais assembler, je sais - maintenant, avec mon expérience - comment trouver les gens qui vont rendre le truc bien ou mortel. Mais je ne suis pas un compositeur de musique classique, je n’ai pas le niveau de solfège. Je trouve ça prétentieux le mot "compositeur"... je suis un riffeur, mais je ne suis pas un compositeur. Après, il faut savoir être le "chef de projet" entre guillemets et créer une famille musicale et faire collaborer les gens pour que la musique rende bien. Parce que sans les autres, ce serait beaucoup moins bien... Donc oui, je compose plutôt à partir de sons : des fois je prends ma guitare et je voulais bosser sur autre chose, et puis je me dis « putain, c’est bien ça », du coup je l’enregistre sur mon téléphone, je le garde et je le ré-écoute. Et après  j’en fais quelque chose, cela peut prendre du temps, cela peut être rapide... c’est très aléatoire. Selon l’humeur.



Comment tu t’es mis à la musique, d’ailleurs ?

Olivier : Mes deux oncles font de la musique. L’un de mes oncles avait beaucoup de disques chez lui et ça m’a assez fasciné. Il jouait de la guitare et je sais pas.... il y avait du Dire Straits, du Eric Clapton et tout, j’écoutais ça et je trouvais ça trop bien. J’ai surtout scotché sur l’objet du disque et j’ai continué... chez moi, c’est la guerre, j’ai plus de place ! Du coup c’est ça qui m’a donné envie. Après, au fur et à mesure, ça transforme ta personnalité. J’étais quelqu’un de plutôt timide, avec peu de confiance en moi et puis j’ai changé grâce à ça aussi. Tu montes sur scène, tu fais un peu violence, tu te construis et tu sais que tu es capable de faire des choses bien. La musique ça m’a transformé en vrai. Je ne dis pas que cela m’a rendu un mec avec une confiance aveugle et qui se la raconte - j’essaye, j’espère que je ne me la raconte pas - mais voilà, c’est une partie de moi.

Quelle place a le travail graphique pour toi ?

Olivier : C’est ultra important. C’est 50% du taf. Depuis le début de Maudits, on y attache une place ultra importante pour plusieurs raisons : tu peux faire de la musique pas terrible, si tu as un super visuel, tu vas attirer. Moi en tant que client… bon maintenant avec Internet c’est un peu différent, mais à l’époque - je parle comme un vieux boomer là - dans les années 90 où il n’y avait pas grand chose sur Internet avant la sortie, le seul repère c’était le visuel. Donc je me suis acheté plein de disques juste sur le visuel. Des fois je me suis planté, des fois pas…  Et ça a toujours une place importante avec le numérique parce que les gens flashent dessus sur les réseaux sociaux. Si tu as un visuel de merde, tu as beau faire de la super musique, cela va te plomber ton truc. En tout cas, dans le Metal c’est ultra important. On met toujours beaucoup de moyens et on s’entoure de personnes qui savent le faire, donc Dehn Sora entre autres, et Guillaume Ringaud qui nous avait fait le visuel du split.

Comment se passe la collaboration avec Dehn Sora ? Vous lui faites écouter la musique ?

Olivier : Oui, il connait notre musique parce qu’on joue ensemble dans d’autres projets, donc on se connait très bien, on est proche. En général, on lui donne une petite idée de base, quels types de couleurs et puis il nous fait un croquis... il n’y a quasiment jamais rien à revoir. Si t’arrives à trouver les bonnes personnes, ça va tout seul.



On arrive vers la fin de l'interview, j’ai encore une question. Alors Maudits, avec un "s", c’est qui ?

Olivier : Ben c’est nous ! En gros j’avais créé ce projet à un moment où ce n’était pas très facile dans ma vie, des choses qui m’avaient pas mal remué et notamment avec le split de mon précédent groupe. Une espèce de vibe bizarre, des fois il y a des cycles un peu pourris. Le premier morceau du premier album, Maudits, il y avait un riff un peu à la Black Sabbath, ultra Doom. Et je le présente au batteur, Chris, qui me fait « ah c’est trop cool » et on a commencé à penser à des noms. Et on s’est dit « tiens ce morceau-là, je verrai bien juste le titre "Maudit"», mais sans s. Et en réfléchissant, il a dit « ben en fait, ce serait trop bien, c’est bien Maudit comme nom ». J’ai fait « ben vas-y, on rajoute un "s"». Et voilà, ça s’est fait comme ça. Et ça avait de la signification par rapport à cette période qui était un peu bizarre dans ma vie, un petit trou émotionnel, un petit trou de plein de choses, et j’avais vraiment l’impression que j’avais un peu la poisse. Et puis des fois la poisse tu la crées. Des fois t’es pas bien, du coup t’es moins attirant, il y a plein de trucs qui font que tout ce que tu fais, ça foire. Du coup, cela avait du sens. Et cela avait du sens avec l’ambiance qu’on voulait dégager, qui peut avoir pas mal de lumière mais qui reste assez mélancolique. Voilà comment ça s’est fait.

Tu te sens encore maudit du coup ?

Olivier : Non ! Je vais très bien.... et comme cela va toujours très bien au niveau du groupe, il n’y a pas de raison de changer de nom !

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