Dool

par Skaldmax (27/08/2024)

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Forts de leur troisième album, les néerlandais de Dool ont conquis une Valley ensoleillée avec leur mélange réussi Rock, Doom, et psychédélisme noir. Nous avons pu échanger Raven (chant, guitare) et Nick (guitare) sur la genèse de The Shape Of Fluidity et les tournées à venir.
 

Salut, comment ça va ?

Nick : Il fait chaud !

Raven : Chaud ! et oui ça va. On a un week-end assez chargé en fait, parce qu'on a conduit depuis les Pays-Bas jusqu'à Viveiro, dans l'ouest de l'Espagne. On a passé plus de temps à conduire qu'à jouer ces derniers jours.

Nick : On est partis mardi soir pour deux concerts (ndlr : on est dimanche au moment de l’interview)

Raven : Et ensuite Hellfest. Mais, tu sais, ça en vaut la peine parce que ces deux festivals, le Resurrection Fest et le Hellfest, sont fantastiques. Je pense que tout le monde dans le groupe se porte bien en ce moment.

Vous venez de jouer votre deuxième concert au Hellfest. Comment c’était ? Quelles sont vos impressions ?

Raven : C'était vraiment incroyable, et il y avait tellement de monde ! La dernière fois qu'on a joué, c'était dans la Temple, et c'était déjà grand, mais aujourd'hui, on était en plein soleil, et il y avait tellement de gens, jusqu'au fond de la Valley. Je ne m'y attendais pas. Il y avait au moins deux fois plus de monde que la dernière fois, donc la réaction du public était super.

Nick : On essaie toujours de créer une sorte de bulle avec le public, un échange d'énergie, et ça a vraiment bien fonctionné aujourd'hui. Il y avait une super ambiance. J'ai même vu des gens headbanger au fond, près des stands de nourriture. La musique leur a plu aussi.

Raven : On a joué beaucoup de nouvelles chansons de notre dernier album, The Shape of Fluidity, ce qui est toujours un risque parce que l'album est sorti il y a seulement deux mois. On n'a joué des morceaux plus anciens que vers la fin du set, ce qui était un peu risqué, mais les gens sont restés, et il y a eu de plus en plus de monde. Je pense que c'était un bon choix au final.

Vous avez sorti The Shape of Fluidity il y a deux mois. Pouvez-vous nous parler de la création de cet album ?

Nick : Comparé aux deux derniers albums, celui-ci a été plus un processus de groupe. On a sorti Summerland en 2020 quand la pandémie s’est déclarée, et on n'a vraiment pu faire de tournée pour cet album qu'à la fin de 2022. Mais à ce moment-là, l'album était déjà un peu ancien. Donc, on a passé toute l'année 2023 à écrire des chansons. Pour les albums précédents, la plupart des compositions étaient faites par Raven, mais cette fois, Omar et moi avons aussi pris beaucoup d'initiatives.

Raven : J'étais dans une impasse créative, pour être honnête. Je fais de la musique pour jouer sur scène, pas pour enregistrer, et comme on n'a pas pu tourner après le dernier album, je me disais, à quoi bon ? Mais toi et Omar m'avez vraiment sorti de là. Vous avez tellement évolué sur le plan créatif au cours des dernières années ! C'est pour ça que cet album est très personnel, parce que vous m'avez donné l'espace de respirer et de créer d'une manière qui me convenait.

The Shape Of Fluidity, sorti en avril dernier.

Vous avez travaillé avec Magnus Lindberg de Cult of Luna pour enregistrer l'album. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration ?

Nick : Magnus est comme le sixième Beatle pour nous.

Raven : Tu nous compares aux Beatles maintenant ? (rire)

Nick : Il a mixé notre deuxième album, Summerland, et ça a été très bonne expérience. À un moment donné, il a fait des mix incroyables, puis il a dit qu'il pouvait les rendre encore meilleurs, et il l'a fait. Donc, quand on pensait à des producteurs pour ce nouvel album, on lui a demandé des recommandations, et il a dit "Je peux le faire". Le choix a été facile. L'ambiance dans le studio était géniale, et ça a été vraiment agréable de travailler avec lui.

L'album est vraiment lié à des questions d'identité. Raven, souhaites-tu en parler, ou peut-être expliquer tes intentions avec cet album ?

Raven : Il y a toute une histoire personnelle derrière, dont j'ai déjà beaucoup parlé. Ça a tout à voir avec le fait que je sois né intersexe et que j'ai cherché ma voie avec ça tout au long de ma vie. Les paroles de l’album reflètent ce parcours, cette période d'introspection que j'ai eue ces dernières années. J'ai changé mon nom, mon passeport, tout, pour mieux refléter la manière dont je suis né et pour arrêter de vivre le mensonge qui m’a été imposé à la naissance. Mais c'est aussi à propos du monde actuel, où l'identité et l'individualité sont si importantes. Le monde change tellement qu'on doit y réfléchir tous les jours. C'est un peu troublant pour les gens, ça provoque même un retour de bâton, certains pensent que le monde est trop progressiste ou change trop vite. Il y a beaucoup de problèmes d'identité, pas seulement pour les individus, mais aussi pour les pays et des groupes plus larges encore. Le titre de l'album, The Shape of Fluidity, reflète cette idée qu'on doit être fluide pour naviguer dans ce monde en constante mutation. Tu peux le relier au genre, mais aussi à la polarisation du monde.

Comment l'art et la musique t’ont-ils aidé dans ce parcours personnel ?

Raven : À l'école, je me sentais déjà comme un mouton noir. Pour moi, la musique a toujours été un outil d'expression. J'avais toujours ma guitare, elle m'a sauvé de la solitude totale.

Nick : J'étais vraiment un métalleux quand j'avais 16 ans, et ça a évolué. Tu peux l'entendre dans Dool, on a des influences allant de la Pop au Black Metal. La musique a toujours été une priorité pour moi, aussi parce que je voulais "réussir" en tant que musicien.


Pour la pochette, vous avez choisi un drapeau blanc. Pourquoi avoir choisi ce symbole ?

Raven : C'est en fait un drapeau transparent, un peu comme une toile vierge.

Nick : Un drapeau est un signe pour un groupe, comme un pays ou un club de foot. Mais ce drapeau est pour tout le monde. Il reflète aussi notre nom de groupe, Dool, qui ressemble à l'impératif de "errer" en néerlandais. Le drapeau symbolise cela aussi.

Mon titre préféré sur l'album est probablement le morceau-titre, The Shape of Fluidity, car il combine des supers mélodies et un riff qui fonctionne à merveille. Comment travaillez-vous pour articuler les deux, pour vous assurer que les riffs laissent suffisamment de place aux voix ?

Raven : C'est toujours la musique d'abord, les voix après. La musique montre le chemin, on n'écrit pas la musique, elle s’écrit par notre intermédiaire. On suit là où les mélodies veulent aller, et s'il y a de la place pour les voix, on les ajoute plus tard.

Nick : Pour The Shape of Fluidity, en revanche, on avait d'abord le refrain et l'intro, puis on a travaillé à partir de là. C'est aussi l'une de mes chansons préférées, parce que nous trois, Omar, Raven et moi, y avons contribué.

Raven : Et c'est l'un des titres les plus personnels, tu peux la voir comme très optimiste ou très pessimiste. Elle parle de noyade, dans les possibilités ou dans l'eau, et elle traite de la dépression, des traumatismes.

Un autre morceau, Evil in You, sonne très gothique, et vous jouez aussi Love Like Blood de Killing Joke sur scène. Quelle importance le Rock gothique a-t-il pour vous, et quels sont vos groupes Goth ou Post-Punk préférés ?

Raven : Sisters of Mercy !

Nick : Type O Negative !

Raven : Et bien sûr, Killing Joke. Notre reprise de Love Like Blood est un hommage au groupe. Pendant une soirée avec Dool ou dans le van du groupe après un concert, c'est soit du R&B bien sexy, soit de la musique gothique. On adore tout ça, et ça influence clairement notre musique.

Vous en avez fait une version Doom Metal, ça marche vraiment bien.

Nick : Oui, si tu fais une reprise, au moins fais-la différemment. Je trouve ça nul quand des groupes font une reprise et sonnent comme la chanson originale.


Vous serez en tournée avec Hangman's Chair plus tard cette année. Comment les avez-vous découverts ?

Raven : On est amis avec eux depuis longtemps. Quand notre section rythmique jouait dans The Devil’s Blood, ils faisaient des concerts ensemble à l'époque. Ca fait longtemps qu’on a ce lien avec Hangman's Chair, et chacun apprécie vraiment la musique de l'autre. On parle de faire une tournée ensemble depuis des années, et maintenant, on peut enfin le faire. J'attends vraiment ça avec impatience. Ça promet des dates très mélancoliques et sombres, parfait pour nos deux groupes.

Vous avez prévu de voir des concerts aujourd'hui au festival ?

Raven : Je prévois de me bourrer la gueule parce qu'on a passé les cinq derniers jours dans le van. Enfin, on a une journée pour nous, donc je vais juste boire de la bière et voir ce que je peux. Peut-être Dimmu Borgir, je ne les ai jamais vus et j'étais très fan à l'époque.

Nick : Moi, je veux voir Queens of the Stone Age.

Raven : Il y a tellement de groupes ici ; c'est comme si tout le catalogue Metal était au Hellfest chaque année. Je ne sais pas comment ils font. C'est dingue.

Eh bien, on arrive à la fin de l'interview. Y a-t-il autre chose que vous voulez ajouter ?

Raven : Merci de nous soutenir. J'ai vu beaucoup de vos articles avec Metalorgie, vous soutenez notre groupe, alors merci pour ça. Vous êtes les bienvenus pendant notre tournée en octobre. On joue à Nantes et à Paris, alors on se voit là-bas !

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