Stinky

par Tang (08/02/2024)

Nous sommes le 8 décembre 2023, c'est le deuxième soir du Nantes Metal Fest au Ferrailleur et l'ensemble des membres de Stinky (Clair, Enzo, Paul, Max et Clément) a généreusement répondu à nos questions. On y cause de musique bien sûr, de la scène Punk Hardcore actuelle, mais aussi de transidentité, de politique, de culture, du Hellfest...


Après trois albums, un format court sorti l’an dernier (Resolve) et des centaines de concerts dans 15 pays différents, vous revenez dans le hardcore jeu cette année avec quelques changements au sein du groupe… Lesquels et comment vous avez abordé la chose ?

C’est ça, trois nouvelles têtes, trois nouveaux membres, Max à la basse, Enzo et Clément aux guitares. Et c’est cool parce qu’on se connaissait déjà tous plus ou moins, via les concerts etc, ce qui évite de se retrouver avec n’importe qui. Les anciens membres de Stinky nous ont aidé à faire le lien, Titouan nous a fortement recommandé Enzo. Seb et Titouan (fondateurs du groupe) nous on vraiment accompagné à faire ces changements. Sans eux la suite n’aurait pas été possible de la même manière. Les gens se demandent d’ailleurs pourquoi ça continue, et c'est justement parce que les anciens ont contribué. Ça montre aussi qu’il n’y a pas d’histoire d’égo et c’est plutôt très sain. On a voulu retrouver cet esprit là.

Et quand on nous demande depuis quand existe Stinky, les racines du groupe datent quand même de 2006, c'était encore Stinky Bollocks. Les mecs avaient 15-16 ans. Moi (Paul) je suis quand même le huitième batteur ! Le groupe s’est vraiment stabilisé en 2014-2015.

Vous avez aussi sorti un nouveau single, "Moonbow", en septembre, morceau bien lourd, mélodique et accrocheur, qui annonce peut-être la sortie prochaine d’un quatrième album ?

Effectivement, on est en train de travailler là-dessus et on prévoit une sortie fin 2024. C’est l’objectif. La date dépend aussi du label (M-Theory), de l’éditeur, pour la promo tout ça, et des gens qui gravitent autour, qui ont des conseils pour caler une date de sortie. Donc on les écoute, on est sage (rires).

On se retrouve ici au Nantes Metal Fest, qui vise à mettre en avant les scènes Metal, Punk et Hardcore du coin, auquel vous avez déjà participé en 2017. Contents d’y retourner ? Même si vous connaissez bien le Ferrailleur…

Très contents ! On était en résidence ici à la fin de l’été, puis c’est une salle qu’on fréquente bien en tant que spectateurs. Et ils nous ont accueilli un gros paquet de fois avec tous nos groupes respectifs de toute façon.

C’est un peu la maison…

Oui, et symboliquement d’être programmé en tête d’affiche c’est assez fort. On remercie d’ailleurs François (programmateur du NMF) pour ça parce qu’il a vraiment parié sur le truc les yeux fermés. Il savait que le groupe continuait mais il avait pas du tout écouté ce que ça allait donner, car ça fait longtemps qu’elle est calée cette date. C’est une belle confiance et ça nous a donné plus de motivation pour faire bien les choses.



On sait aussi que vous allez au Hellfest l’année prochaine, grosse machine qui trimballe son lot de controverses ou de casseroles… Dans quel état d’esprit vous abordez cette date ? 

Ça a été vraiment source de beaucoup de réflexion, on a bien discuté entre nous avant de décider de y aller. Le Hellfest y a des choses qui pour nous ne sont pas en phase du tout avec nos valeurs et les combats qu’on mène. Par contre ça reste un espace qu’on doit prendre justement pour faire évoluer vers quelque chose de meilleur. En tout cas c’est notre vision. Si on reste entre nous, et si les gens problématiques - en tout cas ceux qui ne se préoccupent pas trop de ce qui s’y passe - restent aussi entre eux rien ne changera. On voit pas bien comment ça peut évoluer positivement si les choses restent en l’état. Sachant que c’est un festival qui est devenu une institution. C’est notre ligne directrice maintenant, d’accepter de jouer dans les lieux où parfois on est pas d’accord avec tout. C’est pas un secret, on s’en est jamais caché, notamment avec notre annulation à l’Xtrem Fest il y a quelques années. Les personnes qui ont accepté de nous programmer au HF le savent très bien. Après y a aussi des choses qui ont évolué dans le groupe entre temps, notamment avec ma transition (Clair), qui me fait mener un combat un peu différent aujourd’hui, de visibilité aussi, si on rentre pas dans le quotidien des gens sur ce sujet, entre autres, il se passera pas grand chose. Et bien sûr les autres sont à mes cotés, ils me soutiennent à fond sur le sujet, parmi d’autres combats, qui voient l’utilité de se rendre dans des lieux avec des publics qui sont pas acquis à notre cause. 

On l’a vu en 2019 quand on est arrivé au HF, on était très surpris car on on jouait à 11h devant énormément de monde, qui nous ont découvert comme ça. Y avait pas 8000 potes (rires), et on se dit que cette année ça va être pareil, donc potentiellement y a des gens dans le public (de la Warzone) qui vont adhérer, surtout qu’on joue plus tard, vers 18-19h. Des gens qui aimerait entendre parler de transidentité mais ne se sentent pas du tout représentés en temps normal dans un festival comme ça, les gens qui se questionnent, etc. Faut apporter aussi un peu de nuances, ce n’est pas parce qu’on va au HF qu’on adhère à tout ce que fait le HF, ça ne tient pas la route, ce qui vaut dans la vie de manière globale. Tu trouveras toujours quelque part des comportements problématiques, c’est hyper important de les dénoncer, parce que c’est vrai que ça fait avancer les combats, mais à un moment force à chacun de se poser la question : est-ce que nous-mêmes n’avons jamais été problématiques aussi dans nos comportements au quotidien ? C’est important dans tout ce qui se passe en ce moment, la libération de la parole des victimes, c’est déjà effectivement de les écouter et puis de venir à s’interroger nous-mêmes, se remettre en question. Est-ce que moi à un moment j’ai pas eu des comportements toxiques, et la réponse est forcément oui, personne ne peut affirmer "non moi je suis ultra safe", c’est impossible.

Vous comprenez la position de Birds In Row qui avaient décidé d’annuler leur venue l’an dernier suite aux affaires de VSS et de la présence de fachos ?

Peut-être que je me trompe complètement par rapport à ça, mais pour moi (Clair) Birds In Row, ils ont des valeurs dans lesquelles on se retrouve beaucoup, comme dans le Punk Hardcore en général, mais selon moi BiR ce sont des personnes qui ne sont pas directement concernées par tous les sujets qu’ils dénoncent, ce sont des alliés, et effectivement en tant qu’allié.e tu te positionne pas toujours de la même manière qu’en tant que personne concernée directement. C’est ma vision, je me trompe peut-être complètement, mais moi en tant que personne concernée j’ai envie d’aller représenter cette diversité là dans tous les concerts qu’on va pouvoir faire avec Stinky. Je ne serais pas une personne transgenre, est-ce que j’aurais le même discours ? J’en sais rien. Mais effectivement quand on connaît leurs engagements, ça peut faire sens pour eux d’annuler leur venue au HF.

C’est une décision qui appartient à chacun, chacun sa façon de lutter, même si ça reste des hommes blancs, cis, à priori hétéros. Mais après encore une fois on part tous du principe que chacun agit à son niveau avec ce qu’il est capable de donner aussi. Aller imposer à des gens des luttes dans lesquelles ils se retrouvent pas je vois pas comment ça va faire progresser les choses. Les gens agissent à leur échelle, avec leur vécu, leurs traumas, et ils font aussi comme ils peuvent. Faut aussi avoir un peu de bienveillance là-dedans c’est hyper important.

On doit en parler de manière posée, intelligente, ne pas être sans arrêt dans la dénonciation frontale, sinon le message ne passe pas. Savoir prendre du recul, avancer en ayant connaissance de tout ça, d’être constructif.



Stinky a aujourd’hui un statut assez emblématique dans la scène Punk Hardcore nantaise, qui a une histoire assez riche. Vous pensez quoi de la scène actuellement, autant locale qu’au niveau national ?

Haha bonne question ! Ça se porte quand même vachement bien, en terme de diversité en tout cas, t’as toujours des salles qui accueillent, même si dans plein de villes ça devient de plus en plus compliqué, y compris Nantes, de jouer, parce que t’as des salles qui ferment, mais d’autres qui prennent le relais…

Ce sera une autre question justement !

Ah bah voilà ! (rires)
Mais après on est tous dans la musique depuis déjà 10-15 ans et on a toujours des endroits qui nous accueillent, et à travers tout ça t’as des groupes que t’as vu il y a des années, et des nouveaux, et des groupes qui arrivent après toi qui sont aujourd’hui bien plus gros que toi (rires). Mais si tu prends le recul par rapport à tout ça le constat il est plutôt positif pour nous. Ça se développe bien, on a quand même des gros groupes français qui sont connus à l’international.

D’une manière plus générale ou internationale le Punk Hardcore connaît une seconde jeunesse depuis quelques années, toujours porté par des questions politiques et sociales plus que jamais actualisées, mais aussi parfois aventureux musicalement (Soul Glo, Initiate, etc). Vous avez des groupes qui vous bottent particulièrement ? 

Oui, il y a toute cette vague de groupes qui remet les années 90 au goût du jour, Code OrangeHigher Power et tout ça qui actualisent des scènes qui existaient dans les années 80-90. Les groupes aussi osent de plus en plus sortir des carcans dans lesquels on a tendance à les mettre. Y a eu toute une période où il fallait absolument une étiquette. Les groupes se permettent de tenter des choses un peu différentes, d’essayer d’innover. Bon c’est pas évident, tout a déjà été plus ou moins fait. Dans le Hardcore si tu innoves tu vas justement sortir un peu de cette étiquette là, mais c’est ça qui est cool. Finalement le genre est assez riche. Nous on se préoccupe moins des étiquettes justement. On vieilli tous littéralement parlant, mais quand t’es jeune tu te dis "je veux faire un groupe « à la » tel truc, Madball machin", pour se faire valider, et tu peux pas sortir de ça pour correspondre à une vision restreinte du genre.

Mais la scène Punk Rock, Hardcore, Metal en France ne se porte pas si mal, puisque finalement t’expérimentes d’autres choses, donc t’es moins fermé par rapport à tout ça. Par exemple sur le morceau "Moonbow" qu’on a sorti, on s’est permis d’autres approches, plus loin dans le Hardcore, plus loin dans le Pop Punk, avec un chant clair plus affirmé, et on se force pas non plus. C’est pas évident quand tu t’es mis des barrières depuis 15 ans, c’est dur de déconstruire ça. Depuis 10 ans environ c’est plus vraiment des groupes qui vont être dans une étiquette précise, mais plutôt qui vont chercher des influences dans des choses qui n’ont parfois rien à voir. Soul Glo qui met de la Trap avec du Hardcore et de la Noise, ou Kvelertak qui mélange du Black Metal et du Punk. C’est des mélanges, des petites recettes. Et puis y a tout le coté DA (direction artistique) plus recherché, beaucoup moins développé sans les réseaux sociaux par exemple. Tu peux te permettre d’avoir une DA beaucoup plus complète, de tenter plus de trucs et de transmettre telle image ou personnalité.

Avec qui vous auriez envie de tourner par exemple ?

Oula y en a plein… Knocked Loose notamment, mais c’est marrant parce que y a des trucs où on se retrouve totalement entre nous, et d’autres pas du tout, ça montre aussi la richesse du genre, mais y a des groupes sur lesquels on est tous d’accord, comme Landmvrks, Comeback KidCounterparts, Stray From The Path, etc, on se rejoint tous là-dessus. Et Soul Glo bien sûr !

(Ici un mec vient dire « bonjour » au groupe sans remarquer qu’on est en interview, tout le monde se marre)

Du coup elle va durer une heure cette interview ! (rires)



Malgré une politisation fondamentale dans le milieu Punk Hardcore, vous pensez qu’il y a encore des manques à ce niveau ? Des sujets encore trop peu abordés (comme la transidentité) ?

En fait c’est encore des sujets qui émergent actuellement, mais qui restent un peu nouveaux, naissants. Après plus y aura de groupes qui en parleront plus ça deviendra des sujets un peu courants, et y aura plus besoin de mettre l’accent dessus, les gens seront informés. Mais nous on sent un manque d’infos sur le sujet, parce qu’on le voit bien, les gens me demandent (Clair) par exemple si je suis un nouveau chanteur, ils ont pas forcément pigé, on le voit dans les réactions, les commentaires. D’autres qui sont toujours très virulents sur le sujet. Faut pas oublier que la transphobie ça existe, que ça tue au quotidien même en France, c’est pour ça que pour nous c’est hyper important d’en parler. 
C’était encore complètement normalisé y a 10-20 ans.

Oui, déjà l’homophobie c’est compliqué encore aujourd’hui, alors la transphobie c’est encore un cran au-dessus. On a même l’impression d’une régression en ce moment de manière générale...

Oui, comme pour le sexisme, le validisme, etc… Pour pas mal de sujets. En fait c’est un peu bizarre, y a de plus en plus de gens qui s’expriment sur ces sujets, mais à contrario y a aussi plus de gens qui vont "résister" à ça, se raccrocher à ce qu’ils connaissent, à toutes ces peurs qu’ils ont, qui ont l’impression qu’on leur vole leur pain quotidien, leur identité, leurs habitudes, leur schéma de pensée. Mais en même temps y a une petite lueur d’espoir parce que, pour revenir sur le Hellfest, quand on a annoncé notre venue, y a eu des questionnements sur le pourquoi on y allait ou les gens qui n’étaient pas au courant de la transition de Clair, on leur expliquait si les commentaires étaient bienveillants, et ils étaient plutôt à l’écoute, ils ont compris et y a un coté très cool dans ces échanges. Il y a quand même de l’espoir quoi. Comme après les concerts y a des gens qui viennent nous voir pour dire que c’est chouette de pouvoir en parler, etc.

Voilà, d’un coté y a de plus en plus de gens qui sont lucides par rapport à ça et d’autres qui sont dans la réaction systématique et sont un peu en roue libre sur ces sujets… Pas forcément une majorité mais qui sont très bruyants.

Oui, on savait qu’en jouant au HF ça allait mettre l’accent sur ma transition parce que les gens se posent des questions (« bah y a plus la chanteuse, blabla »). Le groupe existe depuis quand même 7 ans donc ces gens ne comprennent pas, et je savais qu’en jouant au HF j’allais m’exposer aussi négativement parlant. Je sais que des commentaires transphobes je vais en recevoir, c’est pour ça que faire le choix d’aller au HF c’est pas que « pouet pouet, youhou trop bien ça fait de la pub pour Stinky » ; je joue aussi mon intégrité parce que derrière je suis exposé, dans un festival qui n’est pas 100 % safe je prends le risque d’être confronté à tout ça, des gens qui voudront peut-être ma peau ou me casser la gueule, m’insulter pendant le festival, et ça j’aimerais que les gens l’entendent. C’est pour ça qu’avec Stinky on décide de jouer partout, y compris dans des lieux qui seront pas toujours safe pour moi, j’en ai conscience mais c’est pas simple. Je sais pas si tout le monde mesure ce que ça représente aussi. Certains disent que « c’est marketing » mais non, j’y vais et potentiellement je peux me faire lyncher la gueule après le concert, par une descente de fafs ou autres. Et peut-être qu’un jour j’en aurai marre aussi. Mais pour le moment faut s’y confronter, le vrai monde il est dehors et pour le coup le HF c’est le vrai monde. T’as des gros cons, t’as des gens très engagés et au milieu t’as des gens qui se questionnent. Si tu restes qu’entre bienveillants, de toute façon déconstruits sur plein de sujets et qui sont d’accord tout le temps, ça n’a pas de sens et ça m’emmerde.

Le but c’est justement d’essayer de rallier ceux qui se questionnent sur ces sujets, ou au moins les faire avancer. Même des cons peuvent changer d’avis, arrêter d’être cons, ça arrive. Mais les transphobes convaincus je doute qu’on arrive de toute façon à leur faire ouvrir les chakras. Mais les autres on peut essayer de leur ouvrir l’esprit, et derrière c’est des gamins qui potentiellement subiront moins chez eux. Même si ça parle à une personne c’est déjà une victoire.



Pour rester dans le politique, vous savez que le réseau des SMAC se retrouve (fatalement) en galère, sous-financé par l’État… Qu’est ce que ça vous inspire sur l’avenir de la culture, notamment souterraine, en France ?

C’est encore pire pour les lieux underground quoi… Mais cette culture elle est là depuis des années, depuis toujours même, aujourd’hui elle est là différemment qu’il y a 40 ans, et je pense que dans 10, 20, 30 ou 40 ans elle sera toujours là. Je suis optimiste même si tu vois que la culture c’est vraiment pas la priorité de notre gouvernement, en particulier en France. Enfin y a la fête de la musique quoi, mais on va pas aller jouer "Wonderwall" dans la rue (rires).

Après je vois (Max) par exemple La Scène Michelet à Nantes qui a fermé, ok faut se réadapter mais je vois plein d’autres lieux qui ouvrent et qui tentent de prendre la place, mais je pense quand même que la culture, même si les gouvernements vont essayer de l’enfermer, qu’il y aura toujours des gens qui vont trouver des moyens de produire des spectacles, etc. Même de manière clandestine. En tout cas ça changera, ça mutera, ça évoluera quoi.

Enfin, vous avez quelques projets parallèles, comme The Ascending pour Clair et Max ou 20 Seconds Falling Man pour Max, qui ont chacun leur actualité. Mais qu'en est-il des autres ?

Paul : Moi j’ai que Stinky, mais j’étais dans Understatement (Pop Punk) encore l’année dernière (et qui ouvre le vendredi du NMF), et je me concentre sur Stinky maintenant.

Enzo : Moi j’ai un groupe qui s’appelle Affect, du Rap un peu Fusion Hardcore chanté en français, on est quatre et ça fait 10 ans qu’on existe, depuis le 18 décembre 2012, 11 ans bientôt. 

Han il a même la date ! (rires)

C’est genre Enhancer non ? (rires)

Ah ils ont copié sur vous ! (rires)

Ou Pleymo ?

En vrai Pleymo ils ont fait des trucs super chouettes.

Oui le premier album était cool.

Merci beaucoup en tout cas !

Bah merci à toi, c’était cool de nous laisser la parole comme ça, merci !



Crédit photos : Insane Motion

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