Serena Cherry (Svalbard, Noctule) parle de The Weight of the Mask (mais pas que!)

par Mayalabielle (03/10/2023)

Metalorgie a eu l’honneur et le plaisir d'interviewer Serena Cherry, chanteuse et guitariste du groupe Svalbard. Ces 25 minutes de discussion nous ont permises d’en savoir un peu plus sur le prochain album du groupe, The Weight of the Mask, prévu pour le 6 octobre (Nuclear Blast).

Photo des membres de Svalbard


Pour commencer, peux-tu nous en dire plus sur ton histoire et tes inspirations pour devenir musicienne ?



J’ai toujours grandi entourée de musique. Ma mère jouait du piano et j’ai commencé à apprendre cet instrument à 4 ans. Elle est aussi une collectionneuse de disques. Elle adore la musique indie et la musique des années 60. Quand j’étais petite, j’allais souvent choisir un disque pour l’écouter en dansant dans la cuisine. Je préférais ça à aller regarder la télé. Je me rends compte que jouer d’un instrument a toujours fait partie de ma vie.

Ensuite, vers 12 ans, j’ai découvert le métal, grâce à Fear Factory et Slipknot. J’ai aussi commencé à jouer de la batterie. J’ai appris pendant quelques années et j’ai même joué dans quelques groupes de métal locaux (je n’étais pas très forte !). J’ai été frustrée par l’apprentissage de la partie technique et je n'était pas très patiente.

C’est ce qui m’a poussé vers la guitare, mais à ce moment-là ma mère était un peu frustrée et elle m’a dit “tu es toute seule, je ne t'achèterai pas de guitare, ni de leçons de guitare”. Du coup, je me faufilais dans la chambre de ma sœur et j’essayais de jouer des morceaux de Slayer sur sa guitare acoustique. Je suis à 100% une guitariste autodidacte, je n’ai jamais pris une seule leçon de guitare. Quand tu apprends un instrument par toi-même, c’est comme si tu sentais qu’il était à toi parce que tu as tout compris par toi et pour toi. Ça crée un attachement très profond !


Tes inspirations puisent beaucoup dans tes expériences personnelles mais aussi d’autres formes d’arts comme les jeux vidéos, à l’image de ton projet personnel Noctule. Récemment, tu étais pas mal dans Elden Ring (jeu vidéo), est-ce qu’on peut s’attendre à un album de Noctule dans cet univers ?


FM2LS4-XMAQi0bo?format=jpg&name=largeJe ne peux ni affirmer, ni infirmer ahah ! Elden Ring est ma sortie jeux-vidéo préférée des 10 dernières années, voire même mon jeu préféré. Je l’ai trouvé très inspirant, restez attentifs aux prochaines annonces concernant Noctule !


En dehors des jeux vidéos, est-ce qu’il y a d’autres formes d’art qui t'inspirent ?


(elle réfléchit) J’aime beaucoup les animations, en particulier les animations japonaises mais aussi les Disney ou encore les Dreamworks. C’est ce qui m’a inspiré pour créer un clip animé pour le titre “How to Swim Down”. Les animés ont influencé plusieurs chansons de Svalbard, par exemple, “Try Not To Die Until You’re Dead”, le dernier titre de notre deuxième album qui a été inspiré par l’animé Hunter x Hunter


Concernant la composition au sein de Svalbard, comment elle s’organise ? D’abord les paroles, puis la musique, l’inverse ? Est-ce que vous êtes plusieurs membres du groupe dans le processus de composition ?


Généralement on écrit la musique tous ensemble, c’est un effort collaboratif, on se réunit dans une pièce, on jam sur nos idées. On ne travaille pas à distance, on ne s'envoie pas nos idées par email. On a besoin d’être ensemble avec nos instruments pour créer une synergie. Parfois c’est moi qui propose une idée de riff, parfois c’est Liam (guitariste) qui vient avec son idée, c’est une base sur laquelle j’écris ma guitare lead. On se focalise sur la musique en premier et composer nous prend beaucoup de temps. Dès qu’on a composé la partie instrumentale des titres pour tout un album, je passe à l’écriture des paroles. Ma façon à moi, c’est de réécouter les chansons, pour ressentir l’atmosphère qu’elles dégagent. En plus de ça j'écris toute la journée des notes pour moi-même, sur mon téléphone, dans mon journal. Ce sont ces textes-là qui deviennent des paroles pour l’album. Je fais en sorte que les mots collent avec le sentiment qui se dégage des titres. Quoi qu’il en soit, les paroles arrivent toujours en dernier !


Peux-tu nous en dire un peu plus sur ces notes ?


Ouais ! J'écris des trucs, des petits poèmes, des notes dans mon téléphone et quand j’ai besoin de paroles pour une chanson, je parcours mes notes de toute l’année en cours. Cela me donne des thèmes, des textes que je groupe par émotion. A partir de ça, j’en fais une compilation qui façonne le texte de la chanson.


Parlons maintenant un peu plus du futur album. Il parle beaucoup de dépression, d'isolement, de maladie mentale. Ce sont des thèmes qui résonnent avec la COVID-19 (les masques!), les confinements. Est-ce que c'est lié ? Quel a été l’impact de l’absence d’interactions sociales pour toi ?


The Weight of the Mask


Cette question est intéressante… The Weight of the Mask parle de dépression et de la manière dont cette maladie affecte ta relation à toi-même et ta relation aux autres et aussi l’impact de l’isolement qui en découle. Je ne dirais pas que l’album est directement lié ou inspiré par les confinements. Ce qui a été intéressant pour moi pendant les confinements, en particulier pour le premier, c’est que c’était nouveau. Je travaille beaucoup pour être dans un groupe, faire des tournées, j’ai en général une vie très active. C’était sympa d’avoir plus de temps pour, par exemple, écrire un album solo, sortir pour me balader. Sur certains points, ce changement était bénéfique mais quand t’es dans un groupe, jouer en live c’est ton but. Avec le confinement, on se sent inutile, “inessentiel”, ça questionne tout ce que tu fais. Au final, être dans un groupe, jouer de la musique, c’était futile. Tu ne pouvais pas jouer en live, on pouvait pas se rejoindre et jammer ensemble. C’était une période intéressante avec ses avantages et ses inconvénients.


Pour cet album en particulier, comment l’écriture s'est déroulée ?


Le processus a duré 3 ans, ça a été très long. On s’est demandé pour chaque chanson si on devait l’inclure ou non, si telle ou telle partie devait être plus longue ou plus courte. Beaucoup des titres composés ne sont même pas dans l’album. C’est notre première sortie chez Nuclear Blast et c’est pour nous un honneur d’être signés chez ce label et nous avons apporté un soin particulier à chaque détail de l’album.


Eternal Spirit est une chanson à propos de la musique, comment elle vit, comment elle impacte et inspire les autres. Qu’est ce que tu donnerais comme conseils aux musiciens qui voudraient démarrer un groupe ?


Lancez-vous ! Ne vous comparez pas à d’autres groupes qui sont très techniques, jouent très vite, ce n’est pas ce qui compte au final. Ce sont les émotions que vous mettrez à l’intérieur qui vous permettront de créer quelque chose de fort.


Tu es maintenant toi aussi une inspiration pour les femmes de la scène, est-ce que certaines fans t’ont fait la remarque ?


Oui, et c’est un honneur pour moi de savoir que j’inspire certaines femmes à se lancer dans la musique, ça fait aussi partie des raisons pour lesquelles je suis devenue musicienne.


Et toi, quelles sont les femmes qui t’ont inspirées ?


(sans hésiter) Toutes ! J’ai beaucoup été inspirée par Arch Enemy et Angela Gossow à l’époque. Sans oublier Kittie : c’était rare des groupes avec des femmes et de la notoriété.


How To Swim Down” est une des seules chansons de Svalbard intégralement chantée et sans screams. Comment s'est fait ce choix ? Est-ce que c’est une évolution naturelle pour Svalbard ?


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C’est un choix logique quand on comprend le thème de la chanson. Elle parle de tristesse et d’amour non partagé, c’est pour ça que le chant clair est apparu comme une évidence pour faire passer le message. On essaye toujours de choisir le moyen le plus pertinent au niveau de la musique et du chant pour véhiculer nos propos. Cette chanson a particulièrement été inspirée par des groupes comme Alcest, Riverside et Anathema, c’est ce qui lui donne cette atmosphère particulière et très intense émotionnellement.


Cet album se focalise particulièrement sur les maladies mentales et la dépression, là où les précédents étaient plus diversifiés dans leur thèmes (le féminisme en particulier). Est-ce un moyen de rendre le message plus impactant ?


Oui et non, en réalité, je suis assez abasourdie par l’état actuel de la politique en Grande-Bretagne. La situation ne m’inspire pas à parler de sujets politiques. Ces sujets m'intéressent toujours mais j’ai préféré me concentrer sur le sujet des maladies mentales et la dépression.


Selon toi, quel est le changement le plus flagrant au niveau texture du son dans cet album ?


Le plus gros changement sur cet album est dans les nuances et le contraste, nous avons longuement travaillé pour que le son des parties calmes amène de la douceur. Au contraire, les parties plus violentes sont plus puissantes et plus impactantes. Mono est un des groupes qui a beaucoup inspiré cet album à ce niveau. C’est réellement ce sentiment de contraste qu'on a travaillé sur cet album.


Merci pour ces réponses, pour finir, quelques questions un peu plus fun. Tu es incontestablement une fan de RPG, est-ce que tu as joué à Baldur’s Gate 3 ?


Oui j’y joue ! C’est un des meilleurs RPG auquel j’ai pu jouer depuis longtemps !


Est-ce que l’as terminé ?


Non pas encore, le jeu est immense ! (elle rigole)


Pour terminer, d’après ton compte Twitter/X, tu es fana de montagnes russe, Metalorgie est un webzine Français, peux-tu nous partager ton attraction favorite en France ?


(elle réfléchit en souriant) “Toutatis”, la toute dernière attraction du Parc Astérix !


Merci infiniment à Serena Cherry pour son temps et ses réponses. Merci à Valérie (Nuclear Blast) pour l’organisation de l’interview.

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