Interview de Sébastien (Inborn Suffering)
par Caillou (27/12/2006)
1/ Bonjour à tous et merci de me consacrer un peu de votre temps. Quand on regarde le background musical de chacun d’entre vous, on peut dire qu’ Inborn Suffering, c’est un peu la dream team de la scène française non ?
Nous avons pour la plupart d'autres groupes, en effet, mais parler de band all stars en france vu l'activité de la scène metal, est un peu exagéré, très peu de formations étant reconnues internationalement. Loïc (Brann Barr, Nydvind, Heol Telwenn), Steph (Ningizzia, ex-Lethian Dreams, Mislaid), Laurent (Mourning Dawn), et moi (Fogzard, ex-Lethian Dreams, Mislaid), tout cela apporte un plus large pannel de sonorités. Une certaine expérience de la composition et du live sont un plus qui simplifie la tâche d'un groupe.
2/ D’ailleurs, comment vous en êtes venus à jouer ensemble ? C’était dès le départ une volonté de créer, ou alors juste pour le fun ?
L'idée de Thom et Manu était en automne 2002 de monter un groupe de doom, puis Steph a rejoint la partie, suivi de Loïc, ce qui a commencé à modeler plus nettement l'entité d'IS. Leur feeling se ressentait déjà quand je suis arrivé ensuite, et tout est allé naturellement pour le reste. Fred (Drowning) s'est chargé du chant pour la scène et l'album. Le line-up étant complété, nous avons vu que le potentiel était supérieur à un groupe garage, et avons continué à élaborer notre propre style. La seule volonté est celle de composer et d'enregistrer la musique qui nous plait. Que les ventes suivent et les concerts se multiplient, demeure évidemment plaisant mais secondaire, le but étant de se faire plaisir.
3/ Vu que vous venez tous d’horizons musicaux assez divers, quels sont les groupes qui vous ont le plus influencé voire vous influencent encore aujourd’hui ?
Nos goûts vont d'Anathema à Paradise Lost, en passant par Katatonia, My Dying Bride, Saturnus, Rapture, Swallow The Sun, mais aussi des groupes post-rock, death etc... Si nous avons été influencé pour Wordless Hope par le doom/death des 90, la composition du second album se voit plus personnelle, plus proche de la scène doom/death finlandaise.
4/ Inborn Suffering. Il y a une signification particulière derrière ce nom ?
Littéralement la Souffrance Innée, mais on cherche à laisser une grande part de suggestion à l'auditeur, qui peut l'interpreter comme une idée sur l'amour et ses conséquences, la melancolie objective, la froideur de certains sentiments... Libre à chacun de voir ce qu'il ressent avec IS.
5/ Tant qu’on y est, pourquoi avoir choisi Wordless Hope comme titre de votre premier album ?
Nous voulions donc un titre accrocheur, tout en restant mystérieux. L'espoir sans mot, en cover une silhouette sans visage... Un univers qui suscitera différentes sensations.
6/ Cet album sonne d’ailleurs moins folklorique que ce qu’on pouvait attendre vue votre (excellente) première démo. C’était votre but ?
Les différences de production entre la demo et l'album peuvent donner cette impression, mais les trois morceaux de la demo présents sur Wordless Hope sont les mêmes, tout comme les structures, seuls des détails ont été modifiés, mais il est vrai qu'on a voulu privilégier la lourdeur à la mélodie sur l'album, pour un ensemble plus péchu. Andrew (notre ingé-son) a d'ailleurs réussi un très bon compromis, l'album retranscrivant la puissance tout comme le côté ethéré de notre musique.
7/ Votre album vient de sortir. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous donniez de temps en temps des concerts, ou vous considérez-vous plus comme un groupe studio ?
Nous avons tourné dans pas mal de grosses affiches, avec des groupes comme Saturnus, Swallow The Sun, Mar De Grises, Mourning Beloveth, Ataraxie, Before The Dawn... Pour le moment nous sommes concentrés sur la composition du prochain album, que nous souhaitons enregistrer en mars, mais nous tenons toujours disponibles pour les gros festivals doom...Une fois notre deuxième passage en studio opéré nous reprendrons un rythme plus poussé pour le live, et travaillons sur de possibles tournées.
8/ Si vous en donnez, ce serait sympa de faire un petit détour par Lyon ^^ non ? ahah c’était la minute inutile. Bref, quels sont vos coups de cœur musicaux du moment ?
Ayant déjà joué au Lyon's Hall, il est possible que cela se reproduise! Perso je trouve que 2006 est un bon cru, avec notemment les derniers Agalloch, Saturnus, Insomnium, Amon Amarth, Process Of Guilt, Ajattara... Et découverte d'Ablaze In Hatred, qui se place en deuxième groupe préféré après Rapture.
9/ On peut vous considérer comme des activistes de la scène française vues vos cartes de visites. Votre avis sur la scène de notre bô pays ?
Je regrette la totale hibernation de toute structure solide pour la scène metal en France, où les efforts d'autrui semblent baigner dans l'adversité avec les autres... Cet individualisme se verra sans doute affaibli avec le temps, car il ya vraiment un fort potentiel au niveau des formations, tous styles confondus. Pour les moyens donnés aux groupes, la France est à la Suède et Finlande ce qu'un boulon est à un avion.
10/ Est-ce qu’il y a une sorte d’esprit communautaire entre les groupes de Doom français ?
J'ai l'impression que le doom étant le style le plus minoritaire ici, la notion de concurrence reste marginale. Des groupes comme Ataraxie et Funeralium nous ont fait partager pas mal d'affiches communes, l'amitié et la complementarité musicale aidant peut-être. Je n'ai pas le souvenir d'egocentrisme lors de concerts doom, la simplicité étant sûrement encore là. Enfin, attendons de voir émerger l'esprit True-Doom !
11/ Bon ben voilà, on arrive au bout. Je vous remercie encore de m’avoir consacré un peu de votre temps pour répondre à mes questions. Je vous souhaite bonne chance pour la suite, et vous félicite pour la qualité de votre album. La chronique est en ligne sur le site. Le mot de la fin est à vous.
Merci à toi, et comme on dit, stay true to yourself !