Interview de Slift
par Kebaba (03/11/2020)
Après avoir avoir eu la chance de pouvoir voir Slift en septembre à Grenoble, dans ces fameux concerts "assis-masqués", nous en avons profité pour leur poser des questions par mail, l'occasion de les revoir en concert étant peu sûre.
Tout d’abord, vous avez pu maintenir des concerts, ce qui est top, ce n’était pas trop dur d’évoluer avec beaucoup de contraintes et / ou de plans qui changent au dernier moment ?
Ummon est sorti juste avant le confinement, et une grosse tournée était prévue derrière… Heureusement on a pu reporter la majorité des concerts, et on espère pouvoir recommencer à tourner à l’ancienne en 2021 ! Mais effectivement on a la chance d’avoir des concerts maintenus jusqu’en Décembre, grâce aux orgas qui font un très gros boulot pour que tout puisse se faire dans le respect des règles sanitaires. C’est facile pour personne, mais ça fait vraiment du bien de reprendre la scène.
Est-ce que ce n’était pas plus agréable au final de se retrouver dans des petits fest / petites salles avec un public définitivement motivé ?
On a tous le temps joué dans des petites salles, c’est quelques chose qui est plus naturel pour nous que la scène d’un gros festival. On aime la promiscuité qu’apporte les clubs et les petites salles.
Votre live KEXP est une bonne porte d’entrée sur votre musique, et votre puissance en live. J’ai l’impression qu’on a rarement des groupes français qui y passe, comment vous vous êtes retrouvés là bas ? En terme d’audience vous avez vu un avant / après ?
On était à Rennes pour les Transmusicales, et KEXP (radio américaine basée à Seattle) sont partenaires et viennent enregistrer des groupes à l’affiche du festival. On compte plus le nombre de groupe qu’on a découvert grâce à eux, c’est un gros coup de projecteur. Des gens aux quatre coins du monde découvre ta musique. On a reçu pleins de messages nous demandant de venir jouer en Amérique, on travail là dessus en ce moment. J’espère que l'équipe de KEXP viendra plus souvent en France à l’avenir enregistrer des groupes, il y a en a des très bons ici, tous styles confondus.
Il y a une réelle énergie en live à vous voir jouer, vous vous démarquez des autres groupes et de la vague Stoner, par un son un peu plus catchy, énergique, une batterie rythmique plus rapide et assez présente, plus Krautrock ou psyché, ce qui reste pourtant assez courant dans le milieu. Sous puisez dans des inspirations plus larges que ce qu’on peut entendre d’habitude ?
Avant de monter Slift on a joué dans différents groupes, on a eu pas mal de phases. Au lycée principalement du Punk Rock : Rancid, Fugazi, Refused... L'énergie vient de là je pense. Depuis qu’on fait de la musique, on conçoit le live comme ça. Mais le truc c’est pas de bouger partout et de faire des saltos sur les amplis ! On recherche la puissance du groupe. L’intention, l’intensité, le son… C’est sur ça qu’on planche. C’est Jimi Hendrix qui a profondément changé notre vision de la musique. On écoute beaucoup de choses, récemment j’ai été très intrigué par Oranssi Pazuzu, ça me parle. En ce moment j’écoute Neurosis, Yonatan Gat, Vangelis, Aluk Todolo…
Les projections pendant votre concert à Grenoble donnaient vraiment un plus, c’est l'un de vous qui les a réalisée ? Elles varient à chaque fois ? Vous aimeriez explorer un peu plus un côté mapping ou l’interaction décor / musique ? Voire le relier à votre univers visuel (pochettes) ?
C’est Guthio qui fait la projection en live, il réalise aussi les clips et fait parti du groupe à part entière. il a une trame principale, mais en concert on rallonge des passages, on improvise, donc lui aussi. On parle souvent de pousser l’interaction musique / mapping, mais c’est une tout autre logistique... On verra !
En parlant de votre univers visuel, j’en viens à votre dernière pochette, réalisée par Caza (illustrateur de Metal Hurlant), j’ai lu que vous aviez simplement envoyé un mail via son site, et qu’il avait accepté assez facilement, mais aussi que cette image avait été trouvée en amont de la compo de l’album, c’était donc une sorte de fil directeur durant la composition ? Les paroles ont suivies ou vous aviez déjà des idées à droite à gauche ? Vous avez lu d’autres œuvres de Caza pour vous y plonger ?
On est tombé sur son dessin par hasard sur internet. On le connaissait via Gandahar, les pochettes des Guerriers du Silence, du Réveil des Tropiques, et des blogs de dessins SF. J’ai tout de suite su que c’était notre pochette. Ca a clairement influencé la réalisation de l’album, même si nous avions déjà les thèmes et les structures des morceaux avant. On avait envie de faire un double album façon odyssée, un truc homérique mais qui se passerait dans l’espace. On aime cette façon de faire, tu as un contrôle total sur le résultat final.
Vos autres pochettes étaient réalisées par Pierre Ferrero, lui aussi dessinateur de BD de SF, vous comptez continuer à explorer ces univers pour vos pochettes ou ça se fait vraiment au feeling ?
On va continuer de creuser ça, c’est une énorme source d’inspiration pour nous.
Il y a donc une forte inspiration SF qui sort de votre univers, vos titres, vos paroles et les concepts que vous explorez. Je pense ne pas m’avancer en disant que vous êtes des gros fans de SF. Des références du moment en particulier ? En Jeux Vidéo ? En livres ? En Films ?
En ce moment je joue à Hadès. Valfaris à l’air très cool. Et j’attend Metroid 4, mais c’est surement pas pour tout de suite. Rémi et Canek jouent à Age Of Empire II (ils prennent un gros niveau depuis le confinement) et Guth à Zelda. Pour un bouquin la saga Hyperion de Dans Simmons, et pour un film Premier Contact de Villeneuve, en attendant Dune !
Sur votre bandcamp vous parlez de basse tout droit sortie de Minas Morgul, et de batterie digne de Nostromo, une référence à Summoning et Alien ou juste le hasard des références pop culture qui ont formées plusieurs générations ?
On est fans du Seigneur des Anneaux et d’Alien. On nous a demandé de décrire notre album, on l’a fait avec nos mots.
Et pour continuer côté référence, il me semble que votre nom est tiré de l’univers d’Alain Damasio, le Desert Rock et le Stoner qui en découle sont souvent liés au désert, la lutte contre le sable, le vent, vous vouliez retrouver cette impression comme dans La Horde du Contrevent ? Et c’est vous la horde ? A trois seulement ? Qui est Golgoth ?
Le nom est tiré de la Zone du Dehors, Alain Damasio aussi. La Horde du Contrevent on a adoré, tout le monde est une horde, nous sommes une horde ! Et merci à vous :) Merci à toi !