Converge
par nonohate (01/09/2018)

Parfois, on a l'occasion de rencontrer des artistes qui sont présents dans la scène internationale depuis plusieurs années, voire même décennies, et d'échanger avec eux en tout simplicité. Cette fois, c'est Jacob Bannon de Converge qui se prête au jeu du question / réponse.
Hello Jacob, votre concert s’est terminé il y a peu. Comment cela s’est-il passé ?
C'était bien, un peu court mais c'était vraiment un bon moment.
J’imagine que ça doit vous changer, vous qui êtes habitués à jouer sur la scène Warzone du festival et plutôt en fin de journée.
Nous avons joué toutes sortes de concerts donc ce n'est pas si différent. Nous faisons juste ce que nous avons à faire, nous ne pensons pas vraiment à la scène. Vous savez, qu’il s’agisse d’un petit club ou un festival, nous voulons juste nous amuser.
Bientôt un an que votre dernier album The Dusk In Us est sorti. Quel regard portez-vous avec plus de recul sur cette sortie et quels sont les retours que vous en avez eu ?
Je ne regarde pas vraiment en arrière pour nos albums. Je pense que nous sommes tous très satisfaits de ces morceaux et de l’émotion qu’ils dégagent. Donc, ils existent mais nous ne pensons pas vraiment à nos chansons et à leur impact sur les gens en dehors du moment où on les enregistre et où on les écrit, c'est essentiel pour nous et tout ce qui est extérieur est secondaire. Bien sûr c’est merveilleux que les gens achètent nos albums mais pour nous, c'est juste le processus qui nous fait avancer.
Vous avez laissé s’écouler cinq ans entre The Dusk In Us et All We Love We Leave Behind pourtant il a fallu deux ou trois ans pour vos autres albums. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Nous étions juste occupés ! Nous avons fait beaucoup de choses en dehors des albums. Nous avons réalisé plusieurs enregistrements live, plusieurs eps, plusieurs tournées américaines et européennes. Nous étions très occupés avec ce genre de choses. Et nous avons également réalisé le projet Converge : Blood Moon, un big band de Converge avec sept membres en tournée en Europe. Donc, c'était beaucoup de travail. Ben Koller, notre batteur, jouet également dans Mutoid Man, All Pigs Must Die et Killer Be Killed ; Nate Newton chez Old Man Gloom et a joué sur un album de Cavalera Conspiracy, Kurt Ballou est producteur et il enregistre plusieurs groupes en studio (NB: Jacob a son également projet Wear Your Wounds, le label Deathwish Inc. et son travail de graphiste). Ça représente une tonne de logistique sur la manière de tout équilibrer et de donner du temps à chaque chose. C'est probablement l'aspect le plus difficile de ce que nous faisons.
Cette année tu as été curateur du Roadburn Festival. Comment as-tu vécu cette expérience ?
C'était super ! C'est un peu différent d'un festival en terme d'esprit. Le Hellfest est probablement ce qui se rapproche de la définition par ce mélange de sonorités progressives, lourdes et sombres, mais l'ambiance est bien plus différente car ils ont Judas Priest et d’autres noms aussi gros. Le Roadburn est plutôt dans un esprit underground et c’était incroyable de travailler avec Walter Hoeijmakers (organisateur du Roadburn) et d’essayer ensemble de faire le meilleur concert possible.
Avez-vous un festival similaire aux Etats-Unis ?
Pas vraiment. Ce serait génial de le faire aux États-Unis, mais le problème ça serait la logistique. Le Roadburn a trois salles à proximité de son complexe (le Poppodium 013 à Tilburg). C'est un lieu exceptionnel pour s’y produire avec un personnel incroyable qui comprend et apprécie la musique « Heavy » et qui accorde beaucoup de temps, d'effort et de soin au festival. Aux États-Unis, nous n’avons pas vraiment de place pour faire cela. Nous avons des partisans de cette musique mais ce serait très difficile de faire quelque chose de cette ampleur. Mais nous avons le Maryland Deathfest ainsi que le Psycho Las Vegas, avec une ambiance proche de celle des festivals européens, organisé par un ancien membre important de l’équipe du Maryland. Godflesh, Crowbar, Motorpsycho… Comment as-tu fait tes choix en tant que curateur ?
Il y a eu beaucoup de demandes, beaucoup de mails pour essayer de faire participer tout le monde. Travailler avec Godflesh ou tous autres projets de Justin Broadrick est vraiment très facile, il était ravi de faire partie de ce festival. Motorpsycho était incroyable. Le fait qu’un groupe si prolifique soit si bien organisé force le respect. Le fait que Crowbar soit si cool à l’idée de faire un album qu’ils n’ont jamais joué en entier auparavant était une chose vraiment spéciale. J’ai simplement décidé de contacter Kirk Windstein pour lui demander « Hey, tu veux faire ça? » mais c'était difficile de choisir entre Odd Fellows Rest et Sonic Excess In Its Purest Form qui sont mes albums préférés de ce groupe. Même s'ils sont différents sur le plan sonore, Odd Fellows Rest est pour moi l'album qui capture vraiment la mélodie et la puissance du groupe.
Après avoir interprété Jane Doe en entier et Blood Moon avec Chelsea Wolfe, Steve Brodsky et Steve Von Till il y a deux ans, vous avez choisi de jouer The Dusk In Us et You Fail Me en entier. Pourquoi ce choix ?
L'une des choses qui font du Roadburn un festival à part, c'est qu'ils essaient de faire des sets spéciaux d'artistes. Nous ne sommes pas vraiment un groupe qui veut faire une tournée d’un album en entier, ce n'est pas quelque chose qui nous intéresse. Aujourd'hui par exemple nous n'avions que 40 minutes. Pour jouer un album, il faut beaucoup de préparation car vous n’écrivez pas les chansons comme ça ni ne prévoyez de les jouer dans cet ordre. Donc, le faire pour le public du Roadburn est une chose très spéciale. Walter nous a juste demandé de le faire et nous avons dit « Oui bien sûr, ça nous fait un défi ! »
C’était également l’occasion pour vous d’inviter plusieurs de vos amis comme Thomas Lindberg (At The Gates) ou All Pigs Must Die. Ce côté convivial ou familial reste quelque chose d’important pour toi ?
Bien sûr ! De toute cette communauté, il y a tellement de gens avec qui nous pouvons voyager et avec qui nous sommes devenus proches. Partir en tournée peut être ennuyeux, vous savez, vous êtes dans ce petit environnement concentré pendant une longue période. Nous avons joué trois concerts avec Corrosion Of Conformity et nous sommes devenus amis. Lorsque nous avons fait une tournée Crowbar, nous sommes également devenus amis. Vous ne voyez pas ces gens tout le temps et Thomas en est le parfait exemple. Nous n'avons pas tourné avec lui depuis des années et des années et là le temps de quelques jours dans différents groupes nous pouvions jouer ensemble et partager la scène le temps d’une chanson (NB : Converge a invité Thomas ainsi que Kevin Baker d’All Pigs Must Die à la fin du concert You Fail Me pour interpréter Wolverine Blues d’Entombed).
Cette édition du Roadburn a permis de réunir Steve Brodsky et Adam McGrath pour un concert acoustique hommage à Caleb Scofield. Un autre concert de charité aux côtés de Cave In, Old Man Gloom et Isis a également eu lieu la semaine dernière à Boston. Comment cela s’est-il passé et comment avez-vous décidez d’organiser cela ?
Le set qu'Adam et Steve ont fait au Roadburn était quelque chose d’assez spontané. Ils ont choisi de le faire peut-être une semaine ou deux avant les festival parce que Steve avait déjà prévu d’y être avec Mutoid Man et Adam, l'autre guitariste et compositeur de Cave In, est un membre de scène de mon projet Wear Your Wounds donc nous allions tous être là. C'était juste quelque chose qu'ils pensaient devoir faire, pour les aider en quelque sorte. Il y a beaucoup de fans de Cave In au Roadburn donc ils pensaient que ce serait la chose appropriée pour lui rendre hommage devant les fans là-bas. Ils ont préparé le set la nuit précédente dans la salle de bain des loges de Converge et c'était vraiment puissant !
L'autre concert hommage que nous avons organisé était une grande collaboration avec beaucoup de gens. Mon collègue Nate, qui joue dans Old Man Gloom, a parlé à beaucoup de monde pour organiser les choses le premier. Converge a pu en faire partie et ce concert a eu lieu la veille de notre vol ici pour cette tournée européenne. Beaucoup de gens se sont réuni pour rendre hommage à leur ami et collecter des fonds pour sa famille, voilà ce que nous voulions faire.De quoi t’es-tu inspiré pour l’orientation visuelle de The Dusk In Us ?
J'ai travaillé sur les visuels pour le disque pendant quelques mois. En fait, j'ai réalisé ces visuels deux fois. La première fois, le résultat était vraiment vibrant, très coloré et je sentais que cela briserait un peu le contenu émotionnel des chansons, alors j'ai recommencé. La seconde fois, nous l'avons fait assez rapidement en quelques semaines. C'est un mélange typique de travail de pièces, de ganaches le tout aidé par un heureux accident, afin d’essayer d’atteindre un niveau de visuel qui capture l'émotion des chansons. C'est mon but.
J’ai lu dans une interview de Kurt que quatre morceaux enregistrés au moment de The Dusk In Us n’avaient pas été retenus pour l’album final mais que vous prévoyiez de les sortir sous forme d’ep.
Oui, un jour. Très bientôt… (l’ep en question est sorti le 29 juin soit une semaine après l’enregistrement de l’interview et s’intitule Beautiful Ruin.)
As-tu eu le temps de jeter un œil à l’affiche du Hellfest et quels concerts aimerais-tu voir ?
Je suis ici pour un moment alors je vais essayer de voir quelques concerts. Malheureusement, j’ai raté Crowbar car j’ai dû faire cette interview (rires) mais j’essaierai probablement de voir Judas Priest car pour moi, c’est l'un des groupes les plus importants de tous les temps et probablement l'un de mes groupes préférés. Je les suis depuis longtemps, j'adore ce groupe !
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