Winter Rising Fest
par Raikage (24/05/2018)
Depuis 2016, le Winter Rising Fest nous offre de belles affiches, c'est peu de le dire. En ayant réussi à faire venir Debauchery, Grave Miasma, Temple of Baal et avec une édition 2018 qui accueillera, entre autre Dead Congregation, Seth ou Saqra's Cult, l'événement est remarqué et remarquable. Nous en avons donc profité pour poser quelques questions à l'association qui s'occupe d'organiser le festival : Horns of Desolation.
Pourriez vous tout d'abord nous expliquer depuis quand existe le Winter Rising Fest et où il se tient ?
Le Winter Rising Fest, dans sa forme actuelle, existe depuis 2016. Il se déroule à Bessancourt dans le Val d’Oise. Avant le Winter Rising Fest, nous étions les organisateurs de l’Extrême Factory Festival, dans la même commune. Ce festival a eu lieu à deux reprises mais la programmation, beaucoup plus éclectique, n’avait rien à voir avec ce que nous proposons désormais. Dans un premier temps, nous voulions voir si organiser un festival de metal en banlieue était une initiative viable. Les deux premières éditions, bien que déficitaires, ont été encourageantes. Nous avons donc pris la décision de continuer, en changeant de nom afin de créer un festival plus extrême, plus en adéquation avec nos goûts personnels. C’est ainsi que le Winter Rising Fest est né en 2016. Avec Debauchery en tête d’affiche pour cette première édition, le festival a tout de suite franchi un cap en termes de fréquentation.
Le festival ne se tient que sur un jour, c'est pour des raisons de logistique ?
Effectivement, pour commencer il était bien plus simple pour nous d’organiser un festival sur une journée. Mais dans un futur proche, il n’est pas impossible que nous l’étendions sur un week-end. Nous sommes plusieurs dans l’association à avoir travaillé sur des festivals de 2-3 jours, cela ne nous fait pas peur. Après il faut avoir conscience que le budget n’est pas le même si on décide d’allonger la durée du fest.
Cependant, nous ne sommes pas très nombreux dans l’association Horns Of Desolation. Habituellement, Kim, Djée et moi-même préparons le fest toute l’année. Kax nous fait gentiment des putains d’artworks pour l’affiche depuis deux ans. Depuis Janvier 2018, Thibaud, la tête pensante de Maleficarum Records nous a rejoint et nous file un sacré coup de main. Le jour J, nous faisons tourner la boutique avec moins de 10 bénévoles.
Il me semble que la ville de Bessancourt vous soutient (si ce n'est pas le cas, mes infos datent un peu du coup), c'est plutôt cool de la part de la mairie. Vous pourriez nous dire quelques mots sur cette relation ?
Tes infos sont correctes. Nous sommes extrêmement chanceux d’avoir une municipalité qui nous soutient à 100 % et qui s’investit à fond dans un festival de ce type. Depuis le début, la mairie de Bessancourt est derrière nous, mettant à notre disposition la salle et les ingés son/lumières. Elle nous fait entièrement confiance et nous avons carte blanche sur la programmation. Mais Bessancourt a toujours été une ville assez rock’n’roll. J’y habite depuis toujours et lorsque j’étais au collège, je me souviens que Guérilla Poubelle avait joué dans cette salle. Et puis à une époque où je n’étais sûrement pas né, j’ai appris qu’il y avait même eu un festival de grind ce qui est assez rares pour être mentionné.
C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que j’ai voulu créer le festival dans cette ville, le terreau y était fertile.
Votre affiche est très concentrée sur le metal le plus extrême avec des groupes comme Dead Congregation, Seth ou Saqra's Cult cette année ou Grave Miasma et Temple Of Baal l'année dernière. Vous avez envie que le festival reste très marqué comme ça ou alors vous ne dites pas non au changement ?
Comme je l’ai dit précédemment, nous sommes déjà passés d’un festival mainstream à un fest plus spécialisé. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Maintenant que le festival s’est fait un petit nom sur le plan régional, nous allons même continuer à proposer des groupes de plus en plus pointus, le festival devrait de plus en plus toucher un public de connaisseurs.
Justement, concernant le choix des artistes, comment ça se passe ? Vous y allez petit à petit ou chaque année vous avez une idée précise de ce que vous voulez faire ?
Le choix des artistes se fait en fonction des demandes que nous avons mais surtout en fonction de nos propres goûts. On avance au feeling, on ne sait jamais à l’avance quelle gueule va avoir l’affiche. Par contre, on essaie de rester cohérent. Nous mettons également un point d’honneur à proposer des groupes originaux ou alors des groupes que l’on ne croise pas fréquemment par chez nous. J’ai horreur de tous ces fests qui proposent des affiches vides de sens, sans aucune personnalité, qui bookent toujours les mêmes groupes. Pour nous, il est inconcevable de booker un groupe qui joue 10 fois par an à Paris par exemple. Nous voulons surprendre les festivaliers. Finalement, ce festival est pour nous une opportunité de voir les groupes que nous aimons et de proposer des affiches telles que nous voudrions en voir plus souvent en tant que fan de musique extrême.
De nombreux artistes à l'affiche du festival viennent de France (Atavisma, Temple of Baal, Seth, Skelethal), c'est une volonté de soutenir la scène que de faire jouer ces groupes ?
La scène française regorge de groupes talentueux, il était indispensable qu’elle soit largement représentée. Malheureusement, nous n’aurions pas assez de toute une vie pour tous les mettre à l’affiche. Des formations telles que Ritualization, Chaos Echoes, Vortex of End, Venefixion ou encore Misgivings méritent toute notre attention.
De nombreux festivals ont des partenaires, notamment des labels. De votre côté, vous avez ce genre de partenariat ? Ce serait quelque chose que vous souhaiteriez développer ?
Nous n’avons pas de partenariat avec des labels, mais plutôt avec des Webzines. Nous sommes trop petits pour intéresser un label, puis ce n’est pas non plus le but recherché. Malgré tout, nous pouvons compter depuis l’an dernier sur la présence de Mallevs Records/Maleficarum et celle d’Ogmios Underground pour rendre le market encore plus attrayant.
Le Winter Rising Fest se tient en banlieue parisienne. Pourquoi avoir fait ce choix ? Ce n'est pas trop dur d'exister à côté de l'offre assez importante des concerts dans Paris intra muros ?
Nous avons fait ce choix tout simplement car c’est mon lieu de résidence. Puis, il faut le dire, parce que la ville était ouverte à ce genre de projet. Notre festival peut exister dans la mesure où nous proposons des affiches originales et exclusives, en dehors des plans de tournées ou quoi que ce soit. Les artistes que nous contactons viennent en one shot et c’est souvent la seule date qu’ils font en France de l’année (Debauchery en 2016, Grave Miasma en 2017, Dead Congregation pour 2018). Il n’y a pas de réelle concurrence mais cela nous pousse quand même à réfléchir longtemps en amont pour que l’affiche soit attractive. Nous ne proposons pas la même chose que les tourneurs parisiens, mais il faut tout de même donner envie au public de voir bien plus qu’un énième concert dans le mois.
Un festival, même sur un jour, c'est aussi une infrastructure, que pourra-t-on trouver en plus des concerts pendant le Winter Rising ?
Un des points forts du festival, ne nous leurrons pas, c’est le bar et son large choix de craft beer. En plus d’un festival d’initiés, tu as la possibilité de boire des bières artisanales du monde entier à des prix défiants toute concurrence. Dans l’association nous sommes tous de fins connaisseurs/amateurs de bières, et nous voulions encore une fois mettre sur pied un type de bar que nous aimerions plus souvent retrouver en concert. Nous ne sommes pas peu fiers d’avoir pu proposer pour 3€ quelques références de Dugges et de Mikkeller lors de nos éditions précédentes, et de pouvoir servir un bel Imperial Stout de chez Nøgne pour la prochaine. On en peut plus de payer 8 balles des pintes de Heineken de merde (ahah).
Puisqu'on parle des aspects pratiques, quelles sont les plus grandes difficultés quand on organise un festival ?
Le plus gros challenge, c’est de tenir les horaires. Cette année il y aura 9 groupes à l’affiche, tout doit être parfaitement organisé pour éviter qu’un grain de sable ne vienne enrailler la machine.
Et, au contraire, quelle est la chose que vous qualifieriez de votre « plus grande réussite » ?
Notre plus grande réussite, c’est d’être parti de rien, et d’avoir fait de ce festival un événement pérenne (et même sold out l’an passé). Nous sommes plus que satisfaits de pouvoir faire venir des groupes de la trempe de Grave Miasma ou Dead Congregation. Les retours du public, des groupes et même des autorités locales sont excellents. Nous attendons fin novembre avec impatience.