Nesseria

par Euka (05/10/2017)

On profite de la sortie du nouvel album de Nesseria pour échanger, comme toujours, sur leur manière de composer, leurs actualités. Un rendez-vous devenu régulier maintenu, mais qui permet toujours d'en apprendre un peu plus ! Rencontre avec Jérôme cette fois !

Hello Nesseria, comment allez-vous ?

Jérôme : Hello ! Ça va bien merci, on répète, on prépare la sortie l’album et toutes nos dates à venir avec excitation de le défendre, appréhension sur la façon dont il va être perçu, avec ses évolutions notables.

Pouvez-vous nous parler un peu de ce nouvel album ? Quels sont les thèmes abordés ? Je sais qu’il y a un côté introspectif et également des aspects plus ouverts sur le monde.

Jérome : En premier lieu ce fut l’album le plus simple à composer depuis le début du groupe, bien plus fluide que la composition de Fractures et avec moins de limites et d’auto-censures. En réponse au texte unique qui faisait la nature de Fractures, on a voulu retourner à des sujets plus personnels, plus proches de nous, moins dans le constat amère. Un morceau comme La Chasse Aux Écureuils évoque les souvenirs de l’enfance et l’amertume de la réalité à l’âge adulte. St.Petersburg évoque l’état d’esprit du groupe en tournée lors de nos dates en Russie. Mais il reste toujours des textes plus “sociaux” comme Dans L'Ombre Et Sans Visages ou bien On Prendra L’Habitude qui traite de notre vision occidentale face au terrorisme. Au final cet album, tant sur les paroles que sur la musique a cet avantage non négligeable d’être varié. En tant qu’auditeur je trouve ça cool qu’un groupe ne se répète pas et en tant que musicien c’est exaltant de pouvoir évoluer et de proposer de nouvelles choses.

Le son est beaucoup moins agressif qu’avant. L’évolution est-elle liée à des éléments personnels ou à vos goûts musicaux et influences qui ont changés ?


Jérôme 
: Ce que l’on perd volontairement en agressivité on l’a gagné en lisibilité, en intensité mélodique et en tensions dramatiques . Le premier album était ultra agressif mais étouffant, difficile a écouter et assez maladroit. Sur ce disque on a fait bien plus attention aux transitions et à la façon d’amener les riffs. Concernant nos goûts musicaux, oui ils ont évolués, on s’ouvre depuis toujours à un tas d’autres genres, mais là on a été plus permissif pour les insufler aux compositions. Ça peut aller aussi bien du Black Metal de Coldworld à l’Electro de Rone. Pour autant il reste toujours des riffs Grind ou blackisant. Pour finir je dirais aussi que cet album, bien que moins agressif, est pourtant en studio et sur scène radicalement plus exigeant. Dans le foutraque hyper touffu du premier album les erreurs passaient un peu dans la masse, sur celui-ci, difficile de mettre une note de côté quand tu as deux guitares en son clair.

On échange quasiment à la sortie de chacun de vos albums, du coup difficile d’innover un peu sur les questions plus "classiques", mais on est face à un artwork que je ressens comme moins violent et sombre que les précédents. Comment est venue cette idée ? Est-ce encore un travail d’Alex Eckman-Lawn ?

Jérôme 
: Oui, c'est une fois encore le même studio d’enregistrement, le Drudenhaus Studio (Alcest, Witchthroat SerpentAnorexia Nervosa) et toujours Alex qui est aux commandes de la partie graphique. On bosse avec lui depuis 2009, on évolue ensemble et à force on se connaît. Il arrive même à anticiper nos envies, donc pas besoin de longs mails, quelques idées suffisent. Il est moins violent peut-être, moins sombre je ne trouve pas, plus mélancolique, assurément. Le personnage central est une projection et une représentation d’une idée que l’on évoquait il y’a longtemps ; le fait que l’on revêt toujours différents masques au quotidien en fonction des situations et de nos vies. C’est cette idée que l’on peut retrouver dans le titre Cette Erosion De Nous-Mêmes et qui est mis en parole et en musique dans A L’Usure en tant que situation du quotidien comme je l’évoquais juste avant.
Pour la mise en forme, la première esquisse était très dans le goût des pochettes précédentes : urbain et sombre. Mais nous voulions avec Alex sortir de cet aspect déjà vu sur les productions passées tant et si bien qu’il a pu la retravailler en reprenant une technique oubliée de nos jours : le diorama. Art avec lequel il rencontre un certain succès à New York étant donné qu’il expose son travail dans plusieurs galeries. Toujours est-il qu’avec ça, l’artwork avait le mérite de sortir des canons du genre, de présenter une nouvelle voix et un épanouissement artistique pour nous tous.

Vous allez faire votre release party en octobre avec Comity et Plebeian Grandstand. Comptez-vous jouer l’album en intégralité ou y aura-t-il quelques surprises ?

Jérôme : En effet comme sur toutes les dates de cet album on jouera l’intégralité de l’album, acoustique et morceau instrumental feront partie intégrante de ce que l’on veut défendre et mettre en avant. Les surprises ? On espère finir les concerts sans casser dix cordes… Plus sérieusement on ne compte pas jouer d’anciens morceaux, ça a pris quelques rides. En revanche, on à un morceau inédit qui n’est pas sur l’album mais qui est issu des mêmes sessions d’enregistrements que Cette Erosion De Nous-Mêmes  donc on le jouera très probablement.

Julien, comment as-tu travaillé ta voix sur ce nouveau disque ?

Jérôme : Chose importante a préciser, Julien ne fais plus partie du groupe depuis la naissance de sa fille. En revanche on continue de bosser avec lui pour les textes ainsi qu’avec un pote, Nicolas. Ce qui fait que notre line-up est stable depuis deux ans avec Benjamin à la basse et Désiré au chant. C’est ce line-up qui a entièrement composé et enregistré ce nouvel album. Contrairement à nos précédentes situations ubuesques ça nous apporte une cohésion générale et une confiance très rassurante.

Vous bossez avec Deadlight Entertainment et Throatruiner Records, ce qui était le cas sur l’opus précédent aussi. Une formule qui roule ?

Jérôme : Yes on bosse avec Throatruiner Records depuis le début, on a une histoire commune et avec Deadlight Entertainment depuis Fractures. Par ailleurs Alex et Matthias sont des gens avec qui nous avons de très bonnes relations, ce sont des potes, la confiance est mutuelle et leurs qualités professionnelles ne sont plus à prouver. On aime très clairement bosser sur le long terme avec les gens, ça permet d’établir des liens plus forts. Je trouve ça par ailleurs très cool que ce soit toujours toi qui nous interview, tu connais bien mieux le sujet. Bref tous ensemble on ressemble à un vieux couple dont l’odeur des pets nous font marrer plus qu’autre chose maintenant.

Avez-vous déjà eu quelques retours sur ce nouvel album ?

Jérôme : Oui par le biais de nos amis, labels ou professionnels du milieu. Les retours sont très positifs et enthousiastes ; toutefois, certains ont été un peu perturbés à la première écoute, mais se sont plongés dedans une fois la cohérence et l’ambiance de l’album cernées.

J’ai personnellement eu beaucoup plus de mal à rentrer dans ce disque, bien plus que Fractures. Comment décririez-vous Cette Erosion De Nous-Mêmes à ceux qui voudraient l’écouter ?

Jérôme : Beaucoup carrément ? Fichtre. Cet album garde nos bases habituelles de Black Metal, Grind, Hardcore mais on l’enrichit avec des influences Screamo, Post-Rock, Shoegaze, acoustiques et atmosphériques... ça fait un peu patchwork dis comme ça mais j’ai l’impression que l’on a plutôt réussi à faire un tout cohérent.

Si vous deviez faire un parallèle entre ce disque et d’autres œuvres (ciné, littérature, peinture, …), quelles seraient les oeuvres associées ?

Jérôme : Question difficile, on peut vite passer pour un pseudo intellectuel prétentieux. Toutes proportions gardées je vais dire Magritte pour l’artwork car l’idée de base partait de deux de ses œuvres Le Principe D’Incertitude et Le Double Secret que j’avais vu lors de l’exposition parisienne. Pour l’ambiance et la construction musicale ce serait à mi-chemin entre Melancholia de Lars Von Trier et un western crépusculaire comme La Horde Sauvage de Sam Peckinpah. Pour ce qui est des lectures, me concernant je suis sur un ouvrage de mon groupe phare, les Pink Floyd. Bien trop présomptueux de vouloir tenter un parallèle. Notre seul point commun avec eux, si j’en crois Nick Masson, c’est de galérer à compter les mesures !

Cette Erosion De Nous-Mêmes est un titre vraiment Postcore, je suis presque frustré qu’il ne dure pas plus longtemps. Peut-on s’attendre à avoir de nouvelles expérimentations comme cela ?

Jérôme : Tous nos albums ont des pistes plus Post-Rock / Ambiant ou instrumentales. Les Filles De Dieu sur le premier album, Omayra et le morceau Drone Fractures sur l’album du même nom, Mercure sur le split avec Clinging To The Trees Of A Forest Fire. Plus que des expérimentations ce sont des vrais morceaux, ce qui permet d’apporter dans Nesseria l’expérience que Greg, notre batteur, et moi avons acquis dans Exilym. Pour la suite de Nesseria oui tu peux t’attendre a une évolution dans ce sens. Au risque de décevoir une partie des gens qui nous suivent, on est tous très partants pour s’orienter vers une part plus Noise-Rock notamment en intégrant un ou deux claviers dans les prochaines compos, en laissant la part belle aux parties instrumentales et pourquoi pas à du chant plus varié ? Lodges l’a fait avec classe.

Concernant A L’Usure, est-ce que l’approche pour créer le morceau a été différente ? On ne pense pas forcement à une partie rythmique derrière, alors que vous êtes plutôt coutumiers de morceaux qui s’en servent.

Jérôme : Cette idée était de Désiré. Très rapidement dans le processus de création il a proposé ce projet auquel on a adhéré tout de suite malgré notre scepticisme sur nos capacités a composer un truc pareil. Au final, n’ayant pas d’influences en tête pour se polluer l’esprit on l’a fait avec notre approche de la musique et en une répétition c’était bouclé. Tout les harmonies s’articulent autour du riff a la guitare sèche et avec un maximum de reverb.

Vous avez joué au festival Terres Du Son, avec un line-up qui n’est pas forcément celui que vous côtoyez habituellement. Comment cela s’est-il passé ?

Jérôme : En effet sur l’affiche tu avais Birdy Nam Nam ou Petit Biscuit notamment. Par chance on jouait le même jour que GojiraFrustration ou Verbal Razors. Toujours est-il que ce fut génial, tant sur l’accueil du public que sur les conditions. Les benévoles étaient aux petits soins pour nous, même si on était qu’un petit nom en bas de l’affiche. Et puis voir un live de Gojira en side stage ça tenait un peu du rêve d’ado.

Quels sont les prochains projets ? J’ai vu qu’il y avait un clip de prévu par exemple.

Jérôme : On a un clip pour Les Ruines tourné le lendemain de Terre Du Son avec trois heures de sommeil dans les dents par les soins de Blindbird. Je profite pour lui faire un peu de pub car il bosse vite, bien et très tard la nuit.

Et on termine par ma question fétiche : quelle est votre bière préférée ?

Jérôme : C’était LA question que j’attendais ! Plus largement je te dirais tout ce qui sort de chez Brewdog ou bien la Camden Pale Ale. En espérant que l’on partage une IPA à l’occasion du coup.

Je vous laisse le mot de la fin.

Jérôme : Merci de toujours t’intéresser à nous malgré toutes ces années. Promis un jour on arrêtera. Longue vie a Metalorgie et continuez à venir aux concerts et à soutenir toute cette scène. Ca reste un des rares moyens qu’il nous reste pour s’exprimer sans être (trop) emmerdés.

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