Impure Wilhelmina (Michael et Mathias)
par manulerider (18/01/2006)
Tapons dans les clichés: il parait que les suisses sont lents. Ma fois, je n'en suis pas forcément convaincu d'autant plus que j'en cotoie régulièrement. Alors, sont-ce les poètes qui prennent le temps de vivre? Légende urbaine ça encore.
Toujours est-il que plus de deux mois se sont écoulés entre l'expédition de cette interview par mail et son retour complété. J'avais naïvement conclu que Michael (chant) était un modèle de rapidité pour ce petit jeu, en lisant une de ses interviews sur un webzine dont le nom m'a échappé. Mettons donc cela sur le compte du calendrier chargé d'Impure Wilhelmina, qui a entre temps booké une tournée française, relooké son site web, et publié un clip tout neuf.
N'interprêtez pas mal mes propos surtout, je ne leur reproche absolument rien, d'autant plus que chez Metalorgie, on adorre la musique des gaillards, il s'agit juste d'une sorte de gémissement de ma part tant j'attendais impatiemment ces réponses. Les voici donc, soigneusement écrites par Michael et Mathias (Basse), avec un humour bien suisse (ce n'est pas un cliché cette fois-ci).
Impure Wilhelmina va fêter ses 10 ans l'année prochaine, quel effet cela te fait-il? Quel regard portes-tu sur cette période de ta vie?
Michael : Joyeux anniversaire.
C’est le seul projet de ma vie ou j’ai fait preuve d’initiative.
Mathias : Je suis arrivé il y a 5 ans et en regardant en arrière, c’est une magnifique aventure, humaine, musicale des rencontres, des amitiés, de la route. Et putain pourvu que ça continue. C’est également quelque chose de très d’important dans ma vie et il y a toujours cette envie de poursuivre, de continuer…
Quel était le concept du groupe à la base?
Michael : Au début, on s’est réunis dans la salle de jeux de la villa de mes parents, moi, David (mon frère), Thierry et Didier (son frère), pour faire des reprises de Nirvana et de Metallica, et pour arrêter le VTT.
Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion d'écouter vos enregistrements anciens, à quoi ressemblait votre musique à ses débuts? Quels ingrédients retrouve-t-on pour autant toujours?
Michael : Nos enregistrements anciens sont de la merde, avec plus de mélodies mais moins de classe que d’autres merdes de l’époque (ça n’a pas changé).
Avez-vous changé de méthodes de travail depuis le temps? Je parle notamment de la composition des morceaux et de leurs textes. Le changement de line-up a-t-il changé les choses?
Michael : Oui. Tout simplement parce que il y avait quelque chose qui allait de source avec l’ancien line-up ; cela faisait plusieurs années que l’on jouait ensemble. Bon maintenant il y a deux anciens, deux nouveaux…Et c’est dur de faire autre chose que de répéter pour assurer les concerts…toutefois de nouveaux morceaux commencent à sortir…mais putain, c’est vraiment dur car non seulement le line-up a changé, mais en plus il a changé juste après l’enregistrement d’un album.
Il y a 7 fois le verbe changer ou ses dérivés dans ces dernières lignes, est-ce un signe de renouveau ?
Mathias : Ah le 7 quel beau symbole !!!!!!! Et le changement, avancer et avancer encore, poursuivre le chemin, la quête avec des nouvelles personnes qui en ont envie. La méthode change lentement, on doit apprendre à se connaître,le renouveau pointe son nez. Les concerts, la tournée arrivent…donc on prend pas les mêmes mais on en remet une ou des couches…préparez vos tympans, ça va saigner !!!! « one bullet in your mouth, another in my head »
En parlant des textes, peux-tu en dire plus: es-tu le seul à les écrire? avez-vous des thématiques particulières? Sont-ils le reflets de vos vies?
Michael : Je les écris moi-même, et je pense que je ne vais pas assez loin, c’est frustrant parfois. Mathias a écrit un texte (Before a dream) sur le nouvel album, je ne sais pas si c’est le reflet de sa vie.
Thématiques : femmes, suicide…bref des classiques.
Mathias : Pour before, j’y ai mis beaucoup de choses, autant au niveau musical qu’au niveau du texte. C’est en quelque sorte un reflet de ma vie, enfin ce sont plutôt des instantanés de ma vie, des événements qui m’ont touchés, bouleversés. J’ai choisi de coller des bout des textes avec des choses plus récentes. Le ou les thèmes sont à chercher dans le titre de l’album.
Ce qui m'émeut dans votre musique, plus encore que ton chant, aussi vecteur d'émotions soit-il, ce sont les mélodies. L'agencement des guitares atteint des moments de perfection sonore. Tu peux rester aussi modeste que tu le voudras, mais personne ne peut nier ça! Avez-vous un secret? Est-ce le fruit d'études intensives de théories solfégiales ou bien d'un feeling incroyable entre vous tous?
Michael : Listen to My Dying Bride. Et peut-être bien quand même par moments un feeling entre Thierry (notre ancien guitariste) et moi (ahhh nostalgie…).
Ben oui les mélodies me touchent, rien d’autre à ajouter…Ah si, j’ai fait du solfège, dans le cadre de mon enfance.
Mathias : Il y a un peu des deux mais je pense qu’il y a un feeling entre nous, une compréhension au-delà des mots.
Sur votre dernier album, tu exploites bien plus ta voix claire qu'avant, comment cela s'est-il passé pour que tu arrives à ce changement?
Michael : J’aime chanter. Et cela renforce l’aspect mélodique. Mais le problème avec la voix claire, c’est qu’il faut avoir une texte pertinent. Bon c’est vrai aussi quand tu brailles (surtout que je tiens beaucoup à mettre les textes dans le livret), mais quand tu brailles, je crois que tu peux un minimum faire illusion. Ce n’est pas le cas quand tu chantes. En fait c’est une manière de m’exposer, genre « je dis ça, fermez vos gueules ». Cela dis je dis pas mal de conneries sur le nouvel album dans les passages chanté. Mais l’objectif est là : être intelligible, à défaut d’être intelligent.
Justement, parlons de votre dernier disque: est-ce que vous arrivez à en mesurer l'impact à l'heure actuelle?
Michael : Euh pas trop, on va tourner, on verra bien. Le gens me disent qu’il est bien, et c’est bien que les gens me disent qu’il est bien, j’en demande pas plus.
Cela dit en lisant certaines chroniques, j’ai appris que « july » était notre premier album. C’est marrant car un groupe qui s’appelle Impure Wilhelmina (bon ok, le nom est un peu standard) a sorti un 7’’, un 6 titres, un album et un split entre 1996 et 2001. On pourrait croire qu’il s’agit du même groupe, mais non ! Et cela n’a pas échappé aux chroniqueurs, ce qui démontre leur perspicacité et la passion qui les anime. A peu près égale à celle que je mets pour promouvoir mon groupe…
Quelle était votre impression la première fois que vous avez écouté L'amour, La Mort, L'enfance Perdue en entier?
Michael : C’est un peu trop long. Trop d’intros, pas assez de « fusion » entre les morceaux ; il manque de ciment ce disque.
Mais il y a quand même des moments de pure grâce, ou du moins des tentatives…
Mathias : Ya encore du boulot.Je n’ai pas une vision aussi aigüe global que michael. Au niveau son certains passages aurait pu être plus travaillés. Moi j’aime bien ce côté pas cimenté entre les morceaux, ils sont indépendants.
Avec July, on a passé un cap, avec celui-ci on a clôt un chapitre d’impure car l’enregistrement s’est fait avec nos deux anciens compères qui partaient quelques semaines après vers de nouvelles aventures.
A ce propos, comment enregistrez vous? piste par piste, ou bien "live", comme certains groupes l'ont fait sur des disques, recherchant une certaine cohérence (je pense notamment à Muse sur ses deux premiers disques)
Michael : On fait basse-batterie puis les guitares une par une, puis la voix (et avec pro-tools on fait ce qu’on veut de nos jours). On triche un peu, on fait cliquer la souris, et elle aime ça.
Mathias : Il ya juste before a dream qui est en live.
Le titre "Sunburst" est très à part sur ce disque. Plus enjoué, plus pop-rock aussi, il surprend beaucoup au milieu de ce déluge de mélancolie. A-t-il une symbolique particulière à cet endroit précis de l'album?
Michael : Non pas de symbolique. Peut-être juste relancer la machine après le très calme « Before a dream ». On aime le rock, j’avais un riff et un texte que j’aimais bien, alors moteur!! Evidemment le morceau dégénère, mais j’aime bien la fin, je la trouve tellement improbable !! A la fois mélancolique et joyeuse, comme dans les vraies musiques populaires. A l’image de la vie.
Je ne crois pas qu’il soit si à part, en fait c’est juste une question d’arrangements. On aurait pu le faire en doom,mais bon, putain ça fait 10 ans que je fais du doom, et je ne me suis pas encore suicidé, y’a peut-être une raison à ça, non ?
Mathias : C’est juste un morceau de rock à écouter sur la route en été dans une décapotable avec ta femme ou ton mec, voire tes potes.
Quel est votre titre préféré sur ce disque?
Michael : Diaspora.
Mathias : L’amour, la mort et l’enfance perdue
Vous vous êtes faits rares depuis la sortie de L'amour, La Mort, L'enfance perdue, Est-ce du au changement de line-up? une tournée est-elle prévue? Peut-on en savoir où elle pourrait passer?
Michael : Oui, nouveau line-up, apprendre morceaux. Tournée francaise en mars…tout est sur www.impurenet.com
Parlons d'un sujet d'actualité maintenant. Impure Wilhelmina a, grâce a ses albums, acquis une notoriété énorme. Paradoxalement, les disques du groupe sont très difficilement trouvables, j'ai moi-même eu beaucoup de mal. Tu vois où je veux en venir...
…non…
Ok, je continue alors, IW est typiquement le genre de groupe que le téléchargement pirate a fait connaître, par le bouche-à-oreille. J'avoue vous avoir connu par ce biais, et nous sommes très certainement des milliers dans ce cas-là. Sans ça je n'aurais jamais acheté votre disque (je ne désespère pas de trouver les autres d'ailleurs :) ). (ndlr: les disques d'Impure sont depuis peu distribués par Overcome, et donc plus faciles à trouver)
Michael : …j’en ai des cartons pleins chez moi…
Mathias : Ben c’est typiquement des histoires de distributions. Et puis faut dire qu’on est beaucoup plus concentré sur l’aspect musical, est-ce une faute ? Peut-être. Il faudrait qu’on se penche plus sur ce côté-là.
Chacun a désormais à portée de main un panel impressionnant de musiques diverses et peut ainsi se constituer une culture conséquente. En prenant mon cas de figure, je n'ai jamais acheté autant de disques que depuis que j'ai commencé à rechercher et à me faire ma propre vision du monde des musiques contemporaines. Alors, quelle est votre position sur l'ouverture du monde à ce type d'attitudes? Cela vous gêne-t-il?
Michael : Je ne sais pas. Non.
Mathias : Mais l’esprit d’ouverture et de curiosité est nécessaire pour vivre, (c’est mon avis) !!!!! Effectivement, à l’heure actuelle, il est plus facile de dénicher des musiques « confidentielles » grâce aux réseaux électroniques. Les moyens ont évolué, c’est devenu plus facile. Avant il fallait se bouger chez le disquaire, discuter un peu pour trouver des choses rares.
Mais si tu n’as pas cette envie au fond de toi et malgré les moyens actuels, tu peux t’en tenir à ce que tu connais sans chercher autre chose, et rester cloîtré dans tes connaissances.
On voit de plus en plus de groupes laisser tout ou partie de leur oeuvre sur des sites d'écoute en streaming (myspace.com, purevolume.com) afin de laisser à tous une opportunité de juger leur musique. Tout bon amateur de musique admettra qu'un seul titre ne suffit pas à se faire une idée d'un disque... Seriez-vous prêts à avoir une démarche comme celle-là?
Michael : http://www.myspace.com/impurewilhelmina
Merci Julien !!
En France, le gouvernement et les médias ont grandement parlé de ce phénomène de société. Certains "pirates" ont même été jugés en place publique, à titre d'exemple. Qu'en est-il en Suisse?
Michael : Je n’ai pas d’exemple. Je crois que le marché suisse du disque est trop petit (et trop éclaté – clivage suisse allemande et suisse romande, etc…) pour que ces « pirates » deviennent un « phénomène de société ». Il (n’)y a peu (pas) d’artistes suisses qui ont un poids au niveau « industrie du disque » donc le débat ne se pose pas.
Mathias : Tu veux faire quoi quand t’as un gars qui se voit à l’Elysée et qui veut nettoyer les banlieues au Karcher.
Franchement, je pense qu’il faut analyser plus précisément ce phénomène du téléchargement, je ne pense pas qu’il porte autant préjudice que ça à au business de la musique. C’est un nouveau moyen technique qui, certes, permet d’avoir accès à des tonnes de musiques ou des mois si on parle durée, qui permet de copier, dupliquer de la musique et alors. CULTURE POUR TOUS !!!!!
Les maisons de disques pleuraient quand mêmes lorsque les k7 sont arrivées, la même chose pour le compact. Les temps changent, les habitudes évoluent, les gouvernements et les majors campent sur des positions qui sont devenues obsolètes. Certains prétendent perdre de la thune, se plaignent mais ne font rien pour que les choses changent au contraire, ils préfèrent que ça stagne, c’était mieux avant. Mais le monde bouge.
En Suisse, le débat n’est pas aussi musclé qu’en France, je crois pas qu’il y ait eu une condamnation ou enquête. En même temps, je suis le débat de loin.
Pour finir sur ce sujet, parlons d'une idée qui a fait son bonhomme de chemin: La Licence Libre. C'est une licence qui permet (selon ce que tu choisis) de permettre aux gens de télécharger ton CD via le net légalement, de se l'échanger, ... D'empêcher son utilisation commerciale, mais de garder la possibilité pour toi de l'exploiter (vente de Cd par exemple). Qu'en penses-tu? Avez-vous des disques sorti sous ce principe? Sinon, seriez-vous prêts à en sortir un comme cela?
Michael : Rien. Non. Oui.
Mathias : J’ai entendu parler de ça par des potes, divers sites dont métalorgie, je trouve le principe intéressant, il y a sûrement quelque chose à creuser. Visiblement tu peux avoir un meilleur contrôle sur tes productions, éviter de payer de sombres droits de production, merci la sacem et la suisa.
Pour l’instant, nous n’avons rien sorti sous ce principe mais qui sait…laissons le futur s’écrire.
Pour terminer, la question que tout le monde attend, aimes tu le Surimi?
Michael : Je ne sais pas ce que c’est.
Oh!
Michael : …en googelisant, on apprend des choses…
« Le surimi ou chair de poisson, originaire du Japon est un procédé de conservation des produits de la pêche inventé par les Japonais à la fin du Moyen Age.
Il est issu de différents poissons, la fabrication commence dès qu'on a remonté les filets sur des chalutiers spécialisés qui pêchent dans les mers froides et traitent les poissons dans des conditions de qualité optimales. on prélève la chair, puis elle est découpée en lamelles, rincée à l'eau douce, malaxée pour former une pâte blanche qui sera transportée jusqu'au lieu de transformation. Chaque fabrication élabore sa recette. »
http://www.supertoinette.com/fiches_recettes/fiche_surimi.htm
Mathias : Ouais, c’est pas mal mais un peu chimique quand même. Essayez la fondue japonaise à la viande ou au poisson, ça cartonne grave !!!!;O)
Le Mot de La Fin?
Michael : Aimes-tu la Löwenbräu ?
Mathias : Et que dire des moitiés-moitiés ? Vive la williamine impure !!!!!
Merci pour l’interview,longue vie à Metalorgie et à bientôt sur la route!!!!!
J'aime sûrement la Löwenbraü oui, mais je n'ai jamais goûté, quant aux moitiés-moitiés, évitez le sujet avec moi...
Merci à vous deux!
Je remercie au passage Sonja du webzine/blog Heimathome, pour m'avoir aidé à faire cette interview.