Wyatt E.
par Euka (12/09/2015)
Alors que le combo belge vient de sortir un premier EP composé de deux titres dont nous avons fait la chronique par ici, nous avons pu échanger quelques mails avec Romain (batterie) afin de mettre en place une interview par email. Une manière d'en apprendre plus sur le groupe, ses origines, ses projets, ...
Hello Wyatt E. Merci de me laisser échanger avec vous pour ces quelques questions. La première, que l’on vous posera sans doute régulièrement, pouvez-vous expliquer d’où vient ce nom ? Êtes-vous fans de Western ?
Wyatt E. fait effectivement référence à Wyatt Earp. C'était pour nous à l'époque le moyen d'évoquer les grands espaces, les territoires inoccupés. Un grand vide à découvrir. Personnellement (Sébastien), je suis un grand amateur de ce genre cinématographique du Vol du Grand Rapid jusqu'à aujourd'hui. C'est un genre que je trouve crépusculaire qui cadrait bien avec l'approche qu'on avait de notre musique en commençant. On cherchait à faire une bande son pour les grands espaces.
Qui sont les trois musiciens qui se cachent derrière ce nom ? Pouvez-vous vous présenter un peu ?
Romain Hoedt, batteur. Il a joué dans Isaïah auparavant et joue également avec Deuil aujourd'hui. Groupe de post-metal... crépusculaire également. C'est le dernier arrivé dans le groupe.
Stéphane Rondia qui s'occupe des guitares/basses, synthé et programmations. Il joue également dans un projet qui s'appelle Leaf House qu'on pourrait situer, au premier abord aux antipodes, de la musique de Wyatt E.
Sébastien von Landau, guitares et synthé la plupart du temps qui joue dans The K.
Vous venez de groupes aux horizons différents, qu’est ce qui vous a réuni ici ?
L'amour pour le Sludge/Stoner dans un premier temps entre Stéphane et Sébastien. Puis la découverte quasi simultanée des scènes drone et down-tempo à l'époque.
L'intérêt pour les musiques extrêmes ensuite avec Romain. Liège est une petite ville, tout le monde se connait au moins de vue et il est donc facile de rencontrer des personnes avec des intérêts communs.
De quels groupes vous sentez-vous proches musicalement ? J’ai personnellement ressenti des affinités avec GYBE!, OM ou encore Earth.
Ce sont des groupes qu'on écoute ou qu'on a écouté effectivement. On pourrait citer encore Master Musicians of Bukkake, Jerusalem in My Heart.
Maintenant nous nous nourrissons de tas de choses, pas uniquement musicales et il serait erroné de nous cataloguer comme une simple réinterprétation de ces groupes là. Je dois dire que le cinéma joue une fois encore une grande influence dans notre musique. Les péplums de Pasolini ou Fellini ne sont pas loin. Cobra Verde de Herzog non plus.
Là nous sommes dans un cycle tourné vers l'Orient. L'Orient fantasmé, entendons-nous bien. Mais nous sommes parfaitement capables de nous réorienter vers la noise, le doom, ou quelconque genre que l'on a en commun. Hormis ce sur quoi nous travaillons pour le moment, nous n'avons pas vraiment de ligne directrice.
J’ai trouvé un côté mystique dans Mount Sinaï / Aswan. Comment ressentez-vous cet aspect ?
On s'intéresse également aux musiques ethniques, aux musiques des cultures dites primitives. Des cultures pour lesquelles les musiques ont un rôle social tout autre. On parle de rites de passages, de transcendance parfois. Cela peut être des musiques faisant partie intégrante de rituels religieux également.
Ajoute à cela un certain que l'on aime y mettre un côté théâtral ou grandiose. Cela nous permet d'installer une ambiance jusqu'à l'explosion d'un certain climax.
Les deux titres ont une durée variant entre 12 et 15 minutes. Comment se passe la composition dans ce cas de figure ? Pourquoi ne pas avoir intégré de chant ?
Le chant ne s'est pas encore imposé parce que nous n'en avions pas l'utilité pour le moment. Nous multiplions les pistes à tel point que rajouter encore une source différente viendrait tout bousculer. On cherche vraiment un état d'équilibre et tout cela est très minutieux à mettre en place.
On ne se met pas de limite à ce niveau là, d'autres instruments finiront par apparaître au fur et à mesure des compositions et la voix fera peut-être partie de ceux-ci. On n'a pas d'histoire autre que notre voyage musical à raconter pour le moment. Un jour on rencontrera peut--être une voix qu'on voudra intégrer dans certains passages mais là ce n'est pas encore arrivé.
Les compositions quant à elle ne sont jamais qu'une extrême rationalisation d'improvisation. On part toujours d'un thème souvent entêtant et on multiplie les pistes dessus, jusqu'à choisir l'instrument qui conviendra le mieux pour cette piste.
De là, on construit tout dans des grilles minutées. On choisit les instruments qu'on inclura dans la boucle et ceux qu'on jouera en live. On parle alors d'improvisation canalisée.
Qui a réalisé l’artwork de votre EP ? L’ensemble des différents artworks formera une fresque ?
Exactement. Notre premier projet est de sortir six K7. L'ensemble sonore et graphique formera une fresque effectivement.
La réalisation a été confiée au dessinateur ammo. Un français vivant à Bruxelles dont le travail nous a plus. Simplement.
Quels sont vos projets ? Vous avez pu défendre les 2 titres sur scène ?
Il est difficile de réunir les trois musiciens simultanément autour de ce projet car nous avons tous des agendas plutôt chargés avec nos groupes respectifs. Mais oui on a eu l'occasion de défendre les titres plusieurs fois sur scène et nous envisageons de faire ça plus souvent car l'expérience fut bonne et les retours également. Nous ne sommes que musiciens au final et faire tourner un groupe demande une autre énergie. Il va falloir s'armer de patience mais on aimerait se faire moins rare c'est vrai.
Vous avez prévu de sortir un voyage en 6 volumes. Vous avez rendu disponible le premier, pouvez-vous nous décrire un peu ce qui va se passer par la suite ? Est-ce que vous allez rester dans cette veine ?
Oui comme je le disais il s'agit d'un voyage en Orient. On s'est fixé une limite arbitraire de 6 K7 pour y arriver. Certaines compositions sont en phase d'être arrangées, d'autres en chantier, quelques ébauches également. Nous avons quelques coups d'avance.
La première K7 est sortie en mai 2015, on enregistre la seconde en espérant la sortir en janvier 2016 et on a de la matière pour les suivantes.
Après nous ferons ce que bon nous semble.
Pouvez-vous nous parler rapidement de l’actualité respective de vos autres groupes ?
Deuil a sorti un nouvel EP il y a peu, The K étaient à Dour et Leaf House va sortir un clip si je ne me trompe pas.
Effectivement Deuil a sorti le LP Shock/Deny et va bientôt le défendre sur scène, the K. sort Burning Pattern Etiquette leur second album en octobre et part en tournée à ce moment là et Leaf House va sortir un single et un clip pour la chansons Like a Snake dans les prochaines semaines. Donc une actualité assez chargée pour chacun de nous.
Qu’est ce que vous écoutez en ce moment de votre côté ?
Sebastien: Health - Death Magic
Stéphane: Nils Frahm - Spaces
Romain: Uncle Acid – Ghost B.C
Un dernier mot pour la fin ?
Oula ! Un mot pour la fin est toujours dur à trouver. Nous dirons simplement cette citation de Wyatt Earp « Fast is fine, but accuracy is everything. » (En français : « La rapidité c'est bien, mais la précision c'est tout ! »)