Health

par Phil! (06/08/2015)

Entre deux festivals, les gars de Health ont fait une escale promotion à Paris le 2 juin dernier. L'occasion de s'entretenir avec John, bassiste/faiseur de sons et Benjamin, batteur, au sujet de leur nouvel album Death Magic, des concerts, de leurs projets réalisés ou à venir, de la BO de Max Payne 3, ...


photo : Dani Vorndran - Black-Cat-Net

Metalorgie : Vous avez pris 6 ans pour sortir Death Magic. Pas trop de pression qui s'accumule ?
John : Ce n'est pas 6 années de travail consécutives. On a bossé sur la BO de Max Payne 3 et divers autres trucs. C'est vrai qu'on devient très stressé. Tous les jours tu te dis : "putain, putain, on fait de la merde" mais passé trois ou quatre ans, au bout d'un moment tu te dis plutôt "oh et puis merde". Tu arrêtes d'y penser de la même façon. Tu ne peux pas laisser passer plus de temps sinon la cohésion n'est plus maintenue dans le groupe.

Je n'ai pas pu écouter votre nouvel album pour cette interview. Qu'est-ce que vous pouvez me dire à son sujet ?
John : "New Coke" est un bon morceau en tant que teaser, pour avoir un aperçu de la production sonore. C'est un peu un avant goût de l'ensemble. On a des morceaux très intenses et expérimentaux comme sur notre premier album mais avec un son electro plus important et on a aussi plus de chansons mélodiques pop. Donc "New Coke" c'est un peu un échantillon. Un album avec plein de chansons variées.

Quand vous écrivez, vous vous fixez un but ? Vous partez avec l'idée de sonner plus agressif, mélodieux, ... ?
John : On cherche toujours à être puissant même si c'est mélodieux, poppy. On aime la puissance, que ça en impose mais ça dépend. On essaye différents angles d'approche pour les chansons. On travaille comme ça.
Benjamin : Viscéral plus que cérébral.
John : Il faut le ressentir, il ne faut pas y penser.

Comment avez-vous composé Death Magic ? Vous avez cherché de nouveaux sons, utilisés de nouveaux instruments ou outils ?

John : Avant, on était tous ensemble dans la même pièce, on travaillait en analogique. Cette fois on a beaucoup plus utilisé Ableton Live et sa bibliothèque d'instruments et on est parti de là. Ensemble ou chacun de son côté. Il n'y a pas de procédé de fonctionnement défini. C'est différent à chaque fois, tant que ça marche. On est assez d'accord entre nous sur ce qu'on recherche et on est réaliste sur ce qui fonctionne ou pas. On essaye de rendre la chanson la plus efficace possible.

C'était votre choix de travailler avec des producteurs pour cet album ?
John : Ouais, on avait besoin de finir cet album. Avec des producteurs tu as des échéances à tenir, un planning. C'est bien.

Pourquoi avoir choisi Lars Stalfors (The Mars Volta), Andrew Dawson (Kanye West) et Haxan Cloak (Vulnicura de Bjork) ?
John : C'était important pour nous d'avoir une bonne production, d'avoir le bon son. On voulait qu'il soit imposant et heavy et on avait besoin de travailler avec quelqu'un. Notre label a été très encourageant.

Comment travaille-t-on avec trois producteurs ?
John : Ils sont arrivés à différents moments donc ils n'ont pas travaillé en même temps. On continuait de travailler sur les chansons. A un moment tout est passé entre les mains de Lars. On a tout refait.

A part la BO de Max Payne 3 et Health, vous aviez d'autres projets musicaux ?
John : On a fait de la bande son pour d'autre trucs, comme un défilé de mode ou un projet théâtral. On a fait une chanson pour GTA 5. Des petits trucs par-ci par-là.
Benjamin : J'ai joué pour d'autres groupes locaux de Los Angeles, entre autres.

C'était comment de travailler pour Rockstar sur la BO de Max Payne ? Comment c'est arrivé ?
John : Une très bonne expérience, très gratifiante, très cool. Comme je joue aux jeux vidéo, je suis un gros fan. C'était très exigeant et chronophage. En fait ils nous ont contacté. A notre grande surprise, ils sont fans.


photo : Eric Coleman

Tu as joué à Max Payne 3 ?
John : Oui, de nombreuses fois. J'y ai joué dans leurs locaux pour aider à séquencer la musique.

Tu as du adapter ta musique au jeu ?
John : Ça doit être une boucle. Tout ce que tu fais doit être une boucle, elles se superposent les unes par dessus les autres, comme ça, en fonction de l'action, la musique s'intensifie ou diminue. Quand il n'y a plus de méchants, la musique devient ambiante.

Tu penses que ça t'a fait changer ta manière de composer ?
John : Complètement. Tu dois écrire pour le jeu et tu peux voir immédiatement le résultat, si ça fonctionne ou pas. Ça doit être intense.

Pour la sortie de Get Color, vous aviez organisé une loterie à la manière de Willy Wonka (Charlie et la Chocolaterie) avec 66 tickets cachés dans les albums. Il y avait, entre autres à gagner, des mèches de vos cheveux, des posters ou vinyles dédicacés avec votre sang et le premier prix étant un weekend avec vous à LA. Pour quels artistes ou groupes souhaiteriez-vous gagner à une loterie de ce genre ?
John : Je ne sais pas, parce qu'un tas de groupes que tu peux apprécier ont des personnalités bizarres et ça ne serait pas fun de traîner avec eux. Ils n'auraient pas du tout la personnalité que tu penses qu'ils auraient. Je ne sais pas qu'elle serait la bonne personne.
Benjamin : N'importe quand dans l'histoire ? Fucking Led Zeppelin. J'espère que leurs albums seraient signés avec du sperme, comme ça on pourrait voir les messages avec de la lumière noire.
John : Il y a des lois contre ce genre de choses.
Benjamin : Ça serait comme une piste cachée.

John, tu as réalisé le clip de "New Coke", le premier single de Death Magic. Pourquoi cette idée de vomi ?
John : C'est une idée du producteur Lars Stalfors. Comme le son est assez long, il s'est dit que ça devrait ressembler à du vomi en slow motion et on a trouvé que c'était une super idée. Le label voulait une première chanson pour servir de teaser, on a pensé que nos fans aimeraient ça, qu'ils adoreraient voir du vomi en slow mo.


extrait du clip "New Coke"

A propos du clip de" We Are Water" réalisé par Eric Wareheim, c'était son idée? Si oui, il vous l'avait expliqué ou c'était une surprise pour vous ?
John : C'était une idée d'Eric. Il nous a envoyé un synopsis élaboré et on s'est dit "Oh okay" parce que c'était très simple mais comme on connaissait son travail, on l'a laissé faire son truc.

Pourquoi avoir choisi Eric Wareheim pour le réaliser ?
John : Nous sommes des grands fans du Tim&Eric Show et de ses clips vidéos. On aime beaucoup ceux de Major Lazer, Beach House ou Dance Floor Dale avec un morceau de Flying Lotus. On a toujours été fans. Il aimait aussi ce qu'on faisait, il venait à nos concerts et on parlait. On lui a dit en plaisantant qu'on adorerait qu'il réalise une vidéo pour nous mais qu'on ne pourrait pas se payer un gars comme lui. Il nous a répondu qu'il le ferait.

Vous avez prévu de sortir un nouvel album de remix ? Comment ça se passe , c'est vous qui choisissez les artistes ?
John : Je contacte les personnes que j'apprécie et que j'écoute. Je leur demande par mail s'ils veulent bien faire le remix de tel morceau. Après, seulement quand on a assez de bons remix, on peut sortir un album.

Après votre reprise de Pictureplane, vous n'avez pas prévu de faire une autre reprise ?
Benjamin : Ça pourrait arriver.
John : Ouais, peut être.

Vous avez assuré la première partie pour Interpol en janvier et février derniers, comment c'est arrivé ?
John : Ils nous avaient demandé il y a quelques années mais nous ne pouvions pas. Alors ils nous ont redemandé et on a répondu "Ouais, allons-y". On avait besoin de s'échauffer, on avait pas joué de concerts depuis longtemps et maintenant nous voilà. On vient de faire le festival Primavera à Barcelone et on a maintenant retrouvé notre forme de tournée.

Comment c'était d'ouvrir pour eux ? Le public est assez différent.
John : C'est aussi un public européen. C'était une très bonne tournée. Nous sommes de grands fans d'Interpol alors c'était formidable de jouer mais c'est une ambiance très différente de celle à laquelle nous sommes habitués. Un public très reconnaissant et dévoué.
Benjamin : On a en quelque sorte l'habitude d'être une première partie bizarre. C'est assez marrant et presque un défi. On a fait celle d'Of Montreal. On a ouvert pour un tas de groupes. Être la première partie ne nous affecte pas, on aime ça.

Comment c'est passé le festival Primavera ?
John : Génial, c'était formidable.

Vous avez pu voir d'autres groupes jouer ?
John : On a vu Einstürzende Neubauten, c'était cool, j'étais content de les voir.
Benjamin : J'ai pu voir Tune Yards, un de mes groupes favoris, jouer juste avant nous.

Quand vous jouez live, vous essayez de coller au plus proche des albums ou vous vous laissez une marge d'improvisation ?
John : On veut être aussi bon que possible en live. Ça ne va pas être la même chose, ça va être un peu plus rapide, ou les structures vont être différentes. On joue avec différents éléments pour être meilleur sur scène.

Vous vous tenez à la setlist fixée pour la tournée ?
John : Oui, toujours. On ne la change jamais. On veut être les meilleurs, faire les meilleures transitions possibles. On veut avoir une mémoire musculaire alors on ne change pas le set. On le change seulement pour l'améliorer.
Benjamin : On peut se foutre dans la merde sans modifier le set alors on ne va pas s'amuser à changer les chansons.
John : Certains musiciens se disent "Je vais le changer" et je me dis "Tu fais ça pour toi, pas pour le public".
Benjamin : Je peux comprendre. Ça devient ennuyeux parfois de toujours faire la même chose tout le temps mais ce n'est pas ennuyeux de faire quelque chose bien.

Avez-vous prévu de sortir un DVD live ?
John : On a réfléchi à cette idée. On a préféré intégrer des extraits vidéos live dans un prochain clip. Mais je pense que c'est une bonne idée à condition que ça soit réalisé par quelqu'un qui ait véritablement l'œil pour le faire. N'importe qui peut filmer un super groupe et le résultat sera nul d'une certaine manière. Il faut avoir l'œil pour capter, cadrer et monter sinon ça peut être très facilement mauvais.

Vous écoutez quoi en ce moment ?
John : En ce moment beaucoup de trucs électro, j'écoute des radio hip-hop, j'écoute Daniel Avery. J'aime bien les nouveaux singles de Tame Impala.
Benjamin : Je suis un fan de Fartbarf. J'adore Metz, mais je n'ai pas pu écouter leur dernier album. il y a un groupe de hard rock d'Austin assez cool qui s'appelle American Sharks.

Vous vous souvenez du premier album que vous avez acheté ?
John : Que j'ai acheté ? Avec mon argent ? The Stooges, Fun House. J'avais déjà des albums avant mais je ne les avais pas achetés. C'est le premier album pour lequel je me suis dit "Je le veux", alors je l'ai acheté.
Benjamin : Le premier vinyle que je me souviens avoir écouté était Rob Base, It Takes Two To Make A Thing Go Right, mais je ne l'ai pas acheté. Je ne sais pas comment il s'est retrouvé chez nous parce que les seuls albums vinyles qu'on avait étaient ceux de jazz et de classique de mon père.

Qu'est-ce qui vous a poussé à faire de la musique ?
Benjamin : Pour moi c'était Nirvana, quand "Smells Like Teen Spirit" passait à la radio. Quand In Utero est sorti, j'étais assez à fond dans la batterie même si je n'avais pas encore la mienne.
John : Au lycée j'étais pas mal dans le punk et Led Zeppelin et d'autres trucs. Un jour mon cousin m'a appelé et m'a demandé si je voulais une basse, je lui ai répondu : "Bien sur!". Il a dit ok, il est passé et m'a filé une basse et un ampli. Tout de suite après je me suis trouvé un groupe.

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