Supuration
par Shades of God (14/05/2015)
A l’occasion de la sortie de Reveries… le 29 mai prochain, Metalorgie a contacté Fabrice de Supuration, histoire d’en savoir un peu plus sur cette compilation d’anciens titres totalement réenregistrés. Entretien avec un musicien aussi expérimenté que passionné.
Salut Fabrice, merci d’accorder cette interview pour Metalorgie, Reveries… votre nouvelle sortie, est une compilation de titres datant du début des années 90, pourquoi avoir fait le choix de les réenregistrer ? Vous auriez pu les éditer avec le son de l’époque.
Fabrice : Salut, nous avions justement réédité ces titres avec le son de l'époque, sur un label espagnol (Xtrem Music). Ca s'appelle : Back From The Crematory. Ça a plutôt bien fonctionné, pourtant, le son n'est vraiment pas de bonne qualité. Il faut dire qu'à l'époque de cette démo, il n'y avait pas toutes ces nouvelles technologies qui permettent à tous d'enregistrer dans de bonnes conditions. Nous, c'était un magnéto K7 et du réenregistrement sur réenregistrement (voir le résultat). Mais, c'était bien, beaucoup de groupes faisaient comme ça à l'époque. Mais aujourd'hui, c'est très désagréable à l'écoute. Nous adorons ces morceaux qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Donc, nous avons décidé, tous les quatre, de les réenregistrer. Nous voulions les sortir en bootleg (le bootleg 18), jusqu'au moment où Arno (notre manager et ami) qui a écouté le résultat et nous a convaincu d'en faire un véritable album.
On s’aperçoit d’ailleurs très vite que les titres ont bien vieilli, qu’en penses-tu ?
Fabrice : Je trouve aussi, lorsque nous les avons répétés, tout un tas de souvenirs nous sont revenus. Une véritable cure de jouvence. Ces titres, un peu dépoussiérés sonnent vraiment très bien, ils n'ont pas vieilli, c'est vrai.
Vous avez confié le mastering au grand Dan Swanö que l’ont ne présente plus, comment s’est passée la collaboration avec lui ? Vous lui avez laissé carte blanche ou vous l’avez orienté sur le résultat que vous souhaitiez obtenir ?
Fabrice : Dan est de notre génération, il a connu le tape trading, il sait ce que peut représenter cet enregistrement pour nous. Il connaît notre sensibilité car il a déjà masterisé CU3E. Alors, quand Dan Swanö nous dit, je pense que le master que j'ai fait est bien, et vous corresponds, on ne cherche pas à comprendre. Il a fait un très bon travail, car nous avons enregistré et mixé tout ça sans vraiment de moyen, dans notre salle de répétition, à quatre.
Depuis 2013, Supuration travaille avec Listenable Records, mettant fin ainsi à un partenariat de plusieurs années avec Holy Records. C’est l’envie de changement qui vous y a amené ou la force des choses ?
Fabrice : C'est l'envie de renouveau qui nous a poussé à quitter Holy Records. À force de rester dans notre zone de confort, on ne prenait plus vraiment de risque. Ce n'a pas été facile, mais ça valait le coup de changer. C'est un peu une renaissance. Et Listenable est vraiment très efficace.
D'ailleurs qu’en est-il de SUP ? J’ai cru comprendre que pour l'édition 2015 du Hellfest vous allez jouer sous ce nom, un album est-il en préparation ?
Fabrice : Tout à fait, un nouvel album de SUP est en préparation. Nous en sommes au stade des compositions, l'histoire est écrite... Le Hellfest nous fait encore confiance cette année, nous ne le décevrons pas. Les fans qui seront présents le dimanche 21 juin 2015 à 12h50 sous l'Altar ne le regretteront pas.
Vous avez prévu une série de concerts pour présenter les titres de Reveries… au public ?
Fabrice : Non, comme je le disais plus haut, pour nous ce n'est pas un nouvel album de Supuration mais une sorte de bootleg, une autre trace que nous laissons. Nous avons tout de même joué quelques titres de cet album à Besançon cette année. C'était vraiment un chouette moment.
Lorsque les médias évoquent SUP et Supuration, ils emploient l’étiquette de « Death Atmosphérique de Légende » ça doit faire plaisir à Ludo. Non ? (rires)
Fabrice : J'ai moi-même du mal à mettre une étiquette à notre groupe. Le terme de légende me gène un peu. Ludo ne prête pas attention aux différentes étiquettes (rires). Il fait sa musique comme il l'entend. La musique de SUP lui correspond. Elle est très réservée, renfermée.
Où puisez-vous cette imagination pour donner vie à tous ces albums concepts ?
Fabrice : Nous puisons cette imagination dans tout ce que nous pouvons lire ou regarder autour de nous. Lorsque Ludo et moi étions plus jeunes, (Ludo 10 ans et moi 13), nous avons fait une BD de science-fiction. J'écrivais L'histoire et Ludo la dessinait (c'est un très bon dessinateur). La SF, c'est une passion qui dure depuis plus longtemps que la musique. Nous adorions cela et maintenant que nous pouvons y intégrer du son, c'est encore plus excitant.
Question d’ordre plus général, quel bilan dresse le groupe de sa carrière ? Celle-ci a débuté il y a plus de 25 ans tout de même.
Fabrice : Un bilan très positif. Il faut savoir que lorsque l'on fait de la musique comme nous pouvons la faire, lorsque l'on est aussi engagé, aussi investi, il est très difficile de s'en sortir. Plus les années passent et plus je me dis que nous sommes damnés. Il est très difficile de faire autre chose. Toute notre vie s'est forgée autour de la musique, depuis très longtemps. Nous nous sommes formatés autour de ça, notre vie professionnelle, familiale. Nous ne pouvons plus stopper la machine. Si cela devait arriver, je pense que nous serions très malheureux et tristes. La musique, comme nous la concevons, c'est une drogue dure. Le sevrage est parfois impossible. Nous avons franchi le point de non-retour je crois. C'est, à la fois triste et jouissif. Je pense que certains musiciens peuvent comprendre ces maux...
Attention, question piège. Reveries… sera-t-il le dernier enregistrement sous le nom de Supuration ? Ou cette entité a encore des choses à dire. Comme une nouvelle trilogie par exemple ?
Fabrice : Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait. Il ne faut jamais dire JAMAIS...
Fabrice, il est temps de te laisser, ce fut un plaisir, merci de ta disponibilité, un dernier mot pour les lecteurs de Metalorgie ?
Fabrice : Si j'ai un dernier mot à dire : en écrivant ces lignes, j'ai une pensée pour mon ami, Anton Jovanovic, fan de Metal, musicien dans plusieurs groupes (Nocturnal Fears, Powerfuel etc...) qui est décédé le dimanche 10 mai 2015. Nous sommes tous très tristes. Vivez votre vie à fond les gars! Amusez-vous et n'oubliez pas que la musique doit rester un plaisir... un grand merci à toi, aux lecteurs et à Metalorgie.