Colossus

par lelag (25/03/2015)

Entretien avec les membres de Colossus, rencontrés au VIP corner, finalistes du tremplin organisé chaque année au Hellfest. Une discussion chaleureuse sur cet événement annuel qu'on oublie parfois, pour un groupe visiblement très content d'entrer par la petite porte au Hellfest. Merci à Jordan (chant), Delphine (guitare) et Fabien (chant) d'avoir répondu à nos questions.

Alors, heureux ?

Que oui ! On est contents d'être là, la bière coule à flot, et la météo est plus que clémente pour le moment.

Alors vous avez eu les résultats du concours ?

Jordan : Oui, il y a quelques heures, malheureusement nous ne sommes pas retenus, après la finale, pour jouer l'an prochain en ouverture du festival. Mais pour nous c'est comme si on avait gagné : on a pu jouer au Metalcorner devant un public de dingue, on a été super bien accueillis, on a eu de très bons retours, gagné du matos Peavey, bref pas besoin de plus, c'est que du bonheur.

Même pas déçus ?

Jordan : pas vraiment, ça aurait été la consécration c'est sûr, mais de l'avis du jury, les autres groupes étaient plus classiques dans leur répertoire, moins déstructurés, du coup arriver aussi loin avec nos compos, c'est déjà énorme.

Delphine : C'était une sacré opportunité, on a été sélectionné parmi plus de 450 groupes, pour trois seulement en compétition, au final, hier soir. On n'a pas été pris, mais c'est déjà tellement énorme ce qui nous arrive : un moment inoubliable, un concert avec des conditions exceptionnelles...


Comment ça c'est passé en détail ?

Jordan : alors t'as un jury composé de quatre ou cinq personnes je sais plus : une nana de SFR jeunes talents, Stéphane Buriez (Loudblast), et...

Delphine : ... et une personne du Hellfest. Ils ont jugé l'ensemble des performances, et apparemment les jurés ont pris leur temps. On aurait dû avoir les résultats quasiment tout de suite, ça fait plaisir du coup parce que le choix n'avait pas l'air évident.

Est-ce que vous pouvez expliquer comment Colossus en est arrivé là, à cette participation au tremplin 2014 ?

Jordan : On savait qu'il y avait un tremplin d'organisé, Céline (qui s'occupe de nous chez NaoNoise Productions) nous a donné le contact de la personne qui s'occupe du tremplin chez SFR jeunes talents, puis à partir de là j'ai fait toutes les démarches pour s'inscrire.

Delphine : on a fait ça sans vraiment de convictions en fait, on n'était pas à regarder tous les jours nos mails ou les résultats de pré-sélection sur le site, on a fait ça sans vraiment penser qu'on avait notre chance. Et puis le jour où la nana de SFR jeunes talents nous a annoncé qu'on était retenus, c'était la surprise totale car on était loin de se douter qu'on pourrait un jour participer à ce genre de tremplin.

Et du coup t'as failli raccrocher violemment le téléphone en pensant que c'était du démarchage téléphonique SFR ?

Jordan : Ouais carrément (rires), c'est vrai en plus, "vous me faites chier, je suis chez Bouygues moi", "Ah non mais c'est pour votre groupe Colossus", "mais comment elle connaît mon groupe", et puis elle m'a parlé du tremplin, etc, et là j'ai commencé à réaliser, "Hellfest motherfucker !". J'ai raccroché et on a fait la fête. (rires).

Vos impressions sur le metal corner ?
Jordan : ah bah tu sens tout de suite que c'est pas des amateurs, c'est un niveau au dessus.

Delphine : on a été pris en charge très rapidement. Pour les réglages du son on n'a quasiment rien eu à faire, c'était royal. On avait un peu peur de ça justement, parce qu'on avait que 10 minutes d'installation sur la scène. C'est vraiment très court, en plus on jouait pas sur notre matos. Nan franchement, un grand bravo à toute l'équipe technique.

Fabien : accueil parfait, public ultra réceptif, on a vu le chapiteau se remplir au fur et à mesure du set, on se jetait des coups d'œil furtifs sur scène, on a halluciné. On pensait qu'il y aurait eu de l'ambiance, ça on s'en doutait un peu, mais l'accueil et l'organisation c'était mémorable.

Jordan : j'ai été agréablement surpris, parce que forcément personne ne te connaît, t'es pas à la maison, t'es pas en terrain conquis, mais le public était fou.

C'est la petite porte d'entrée du Hellfest en somme.

Delphine : ouais, carrément, on s'est même dit avec du recul, qu'on préférait jouer là, que parfois certains groupes du matin, qui jouent sur les scènes officielles à l'heure où tout le monde n'est pas encore arrivé.

Jordan : finalement, on joue dans les mêmes conditions qu'eux, sauf que le public est là. 

Vous venez souvent en tant que festivalier ?

Fabien : ouais, on vient pratiquement chaque année, on venait même à l'époque du Fury Fest, belle époque d'ailleurs ! On savait que cette année on serait présents en tant que festivaliers, mais que ça serait un peu particulier. Quand tu charges le matos dans le van, tu te dis "merde les gars, c'est ce soir, va falloir distribuer des bûchettes à tours de bras", c'est quand même un autre état d'esprit. En tout cas, encore une fois, on est super contents de ce qu'on a fait, contents de la prestation, et même si on a pas gagné, on s'est jurés qu'on ferait tout pour revenir, et pas par la petite porte cette fois ci.

Justement, vous avez déjà des perspectives après cette prestation, ou c'est encore trop tôt ?

Delphine : on existe depuis 2008, on commencé dans des bars, café-concerts, puis les petites salles et les tremplins, et on espère vraiment que ce genre d'événement aura des retombées au niveau du public, des tourneurs, etc... On espère pouvoir jouer dans de plus grandes salles, toucher plus de monde. Non pas qu'on en a marre des bars, on a commencé là et on aime toujours autant jouer dans des endroits minuscules, devant nos potes, nos fans, mais faire des premières parties et des plus grosses salles c'est, on l'espère, l'évolution prochaine pour le groupe.

Jordan : on espère que tout ça aura un peu un effet "boule de neige". En tout cas quand on a annoncé autour de nous qu'on faisait le Hellfest, même par la petite porte, tout le monde est venu nous voir et nous a félicité, les gens se posaient des questions, c'était fou.

Fabien : on est des fans de musique extrême, et là où on prend le plus notre pied, c'est sur scène. Que ce soit dans un bar miteux ou sur la scène du Metalcorner, à partir du moment où le public est réceptif, que les gens accrochent à notre musique, ça met du baume au cœur et on a l'impression d'avoir accompli quelque chose.

Niveau actus vous en êtes où ? Votre deuxième album est sorti récemment si je ne me trompe pas ? Vous avez déjà des retours ?

Jordan : ouais, on a déjà des retours très positifs, de bonnes chroniques, des gens très contents après les concerts, ouais on hallucine un peu.

Fabien : de très bons retours sur les nouveaux morceaux dans les différents live reports qu'on a pu lire, de bons échos du public, bref que du bonheur.

Comment s'est passé l'enregistrement ?

Fabien : super, on l'a enregistré dans le nord de la France, et on a confié le mastering à Christoph Brandes (Necrophagist).

Pourquoi ce choix ?

Fabien : on aimait beaucoup son travail, notamment avec Necrophagist, mais on a tapé à d'autres portes tu sais, mais niveau rendu et professionnalisme, c'est le seul qui a vraiment compris où l'on voulait aller en termes de prod'. C'est quelqu'un d'hyper réactif, hyper pro, parce qu'on a été chiant assez souvent, et très difficiles niveau rendu, mais à chaque fois il nous renvoyait une version le lendemain, et on est très fier du résultat final.

Jordan : beaucoup nous disent, à travers les chroniques ou les discussion après les concerts, qu'on n'a pas à rougir face à des formations beaucoup plus expérimentées.

Delphine : pour le premier album honnêtement on n'y connaissait pas grand chose, et on était passés par la même personne pour les prises, le mixage et le mastering, mais finalement c'est cette même personne qui nous avait dit à l'époque qu'il préférerait que ce soit quelqu'un d'autre qui prenne en charge le mastering, quelqu'un qui ait une oreille extérieure au projet pour la touche finale. Le mastering d'un album c'est tellement important que pour le deuxième album on s'est dit, on va essayer de trouver quelqu'un qui pourrait donner une touche un peu différente.

Justement c'est difficile de trouver ce genre de prestation en France ?

Delphine : on a essayé quatre ou cinq studios en France, mais à chaque fois, et à l'unanimité, le résultat ne nous plaisait pas trop. Donc on a décidé de confier ça à quelqu'un qui a travaillé sur des projets qui nous correspondent un peu plus.

Jordan : le challenge en fait, c'était de rivaliser avec des grosses productions américaines, sans tomber dans l'album ultra produit, ultra froid, on voulait qu'il y ait un côté organique. D'ailleurs Christoph nous a dit qu'il n'avait jamais fait autant de test de mastering pour un autre groupe, tellement on était tatillon sur le rendu final. Et surtout ce qu'on ne voulait pas, c'était un album surproduit qu'on n'arriverait pas à reproduire en live. Beaucoup de groupes aujourd'hui ont un super son en album, et quand tu les vois sur scène t'es super déçu.

Fabien : on est un groupe de live, il fallait absolument retrouver les mêmes sensations, que le rendu live soit fidèle à l'album.

Comment ça s'est passé avec Klonosphere ? Ils sont venus vous chercher ?

Fabien : c'était déjà en pourparlers à l'époque du premier album, ils avaient bien accroché, et puis c'est Jordan qui a concrétisé l'affaire en les recontactant après l'enregistrement du deuxième album. Ca s'est fait assez naturellement au final. Il a apprécié l'évolution entre le premier et le deuxième album et aujourd'hui on est super contents de travailler avec Guillaume (de Klonosphere), il nous ouvre des portes et fait un super boulot.

Delphine : rien qu'aujourd'hui, grâce à lui, on a fait sept interviews, c'est génial !

Jordan : moi j'hallucine de la façon dont ça se passe. Je pensais qu'il faisait juste son taff, que sa présence au Hellfest c'était pour du business, et même si ça se passe super bien humainement parlant, on s'est rendu compte qu'il était venu juste pour nous, pour nous aider et nous encadrer, et ça c'est complètement dingue ! C'est vraiment hyper pro.

Fabien : on est super bien entourés au final : Guillaume de Klonosphere, mais aussi Céline et Alex de NaoNoise Productions, j'en profite pour les remercier.

C'est quoi vos influences ? Et qui compose ?

Jordan : Y'a pas vraiment de chef d'orchestre, tout le monde compose, on est six dans le groupe, cinq autodidactes plus un en fac de musicologie (Grégoire, le bassiste du groupe) qui va apporter son expérience, et arrondir les angles sans jamais rien imposer. 

Fabien : et niveau influences, chacun amène ses idées, ses propres influences. Comme on est six, au final on pioche dans des choses assez diverses : le death, le grind, le hardcore, le brutal, au final c'est un coktail de tout ce qu'on aime dans le metal. Mais tout ça se fait assez naturellement, on ne cherche pas à ressembler à tel ou tel groupe.

Questions à la con pour terminer mais je résiste pas : est-ce que c'est compliqué de sortir du Pas de Calais ? De se produire ailleurs ?

Jordan : bah nan on va souvent dans l'nord ! (rires)

Delphine : c'est vrai qu'on a fait beaucoup et quasi principalement des dates dans le Nord Pas De Calais et aussi un peu en Belgique, mais notre objectif à terme c'est de s'exporter dans d'autres régions. Et puis s'exporter à l'étranger par la suite, ce serait l'idéal.

Fabien : on a de la chance d'être limitrophes avec la Belgique, l'Allemagne et les Pays Bas sont pas très loin non plus, on est à une heure de l'Angleterre, ça fait des opportunités.

Qu'est-ce que ça fait d'avoir une nana dans le groupe ?

Fabien, Jordan, en chœur : ça fait chier !!!

Fabien : nan franchement ça se passe très bien, bon après c'est vrai que ça peut rebuter certaines personnes, je sais pas (rires).

Jordan : t'as toujours des vieux préjugés "ah tu t'es gourée t'es dans les backlines, t'es là pour faire les tests ?"

Delphine : à chaque fois on me dit "bah t'es la bassiste ?" ou "t'es une roadie ?". Et après j'suis pas le genre de nana à me pointer en mini short sur scène et à faire la maligne, moi j'suis là pour faire de la zik, et pas pour payer mon cul (rires).

Dernière question : vos conseils pour des groupes qui débutent ?

Fabien : le travail, encore et toujours. Être passionné.
Jordan : les concerts, faut surtout pas négliger ça, faut prendre toutes les dates. Rester humble et respectueux, toujours.
Delphine : pas oublier de bien s'entourer aussi, c'est super important. Les potes et les relations.
Fabien : et dernier conseil, si vous avez une fille dans le groupe, arrangez vous pour qu'elle ait des gros nichons et mettent des gros décolletés, les gens aiment bien ! (rires)
Jordan : et raccrochez pas au nez des conseillers SFR !

Merci les enfants. Et à bientôt !

Merci à toi.

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