Pourquoi vous parler de Thornhill aujourd’hui ? Et bien par espoir de faire découvrir cette petite pépite venue d’Australie à ceux qui recherchent du renouveau et de l’originalité dans le Metalcore Moderne ou de mettre en lumière le talent et la beauté que recèle ce 3ème opus à ceux qui l'attendaient. Après leur excellent premier album The Dark Pool puis le mitigé Heroine passé un peu sous les radars, on se penche donc sur BODIES.

Quartette maniant l’art et la manière, Thornhill est passé maître dans l’association d’un chant clair aérien avec des guitares saturées et des rythmiques alambiquées. A la découverte de cette formation, on a l’impression d’être sur une version modernisée de Deftones qui aurait écouté du Metalcore à la pelle pendant 20 ans. Le parallèle tient dans l'équilibre entre la sensibilité dans la voix de Jacob Charlton et l’agressivité des parties instrumentales. Un pur régal de voir ce revival du Neo Metal des années 90 avec cette touche de modernité, comme le font également très bien Tallah et Graphic Nature (Metalcore, United-Kingdom).

Thornhill c’est aussi le culte de l’inattendu. Vous pensiez avoir un scream puissant ? Vous avez du chant clair. Vous pensiez entendre un breakdown ? C’est finalement un refrain mélodique. Et vice versa. Toujours dans l’effet de surprise, les rythmiques imposées par la batterie couplées aux riffs de la guitare ne sont absolument pas conventionnelles. La majeure partie du charme de leur musique vient de là, ce contre-temps surprenant qui ajoute une complexité rythmique à chaque morceau. Bon, ce n’est pas Meshuggah non plus mais l’effort de sortir des normes est tout de même notable.

L’entrée en matière avec "DIESEL" est lourde et annonce que l'on fera bouger plus d’une fois nos cervicales. Une morceau introductif puissant qui, contrairement à ce qu'il suggère, ne tarde pas à démarrer. Les 3 titres qui suivront explorent davantage les horizons que le groupe à l’habitude de proposer : des refrains catchy clairs entrecoupés de couplets et breakdowns incisifs. Puis vient l’interlude instrumentale "fall into the wind" et le titre phare de l’album, "TONGUES". Là on est vraiment sur du Deftones sous stéroïdes, qui arrive à décocher une vraie claque sur les couplets mais nous donne des frissons sur les refrains. La suite n’est guère moins efficace. "nerv" est, comme son nom l’indique, bien énervée et rivalise avec "TONGUES" pour le top titre de l'album. On comprend pourquoi le groupe a choisi ces morceaux en single promotionnels. Les 4 suivants reprennent une fois encore leur formule si efficace qui fait qu'on les dévore d'une traite. L'album se conclut avec "For Now" qui nous glisse tranquillement vers une fin mélodique parfaitement exécutée.

Fait notable et amusant, la typographie diffère d'un morceau à l'autre. Nous pourrons retrouver consécutivement "Obsession", "CRUSH" et "under the knife". Cette variation est semble-t-il laissée intentionnellement ouverte à l'interprétation. Une démarche intéressante qui permet à l'auditeur de se faire son propre avis. Seule chose dont on est sûr, c’est l’absence de lien entre typographie et qualité car chaque titre regorge de son lot de plaisir. Faites-vous donc votre propre avis et n‘hésitez pas à vous manifester si vous avez la solution !

En somme, "BODIES" nous prend à bras le corps et nous caresse les oreilles avec délicatesse et puissance. C'est frais, ça change, Thornhill nous sort des schémas classiques servis par le Metalcore Moderne en proposant des rythmes originaux et un contraste chant clair-instrument saturé très intéressant. Seul bémol, le plafond de verre qui semble se dessiner et que le groupe aura surement du mal à briser pour passer dans une autre dimension. ll ne faudra pas capitaliser à outrance sur leurs qualités et se renouveler sur le prochain opus, mais pour l'instant on savourera allègrement ce dernier.

A écouter : TONGUES, nerv, Silver Swarm