.:Admission:. Dossier "56-1448-2". Le packaging de Hands Like Guns and Crashing Sounds affiche un réalisme conceptuel. Un accident tragique, un survivant admis en urgence au South County Memorial. Le livret présente de façon complète les lésions du patient. Il regroupe également l'ensemble des notes/paroles que le blessé avait à portée de main, sur le siège passager du véhicule. La galette n'est autre qu'un back up numérisé, et archivé, du dossier patient. Quant à la section multimédia, elle est la preuve faite de l'implication des quatre musiciens dans ce projet: témoignages, reportages, photographies, éléments d'enquête, tout y est; ne reste plus qu'à diagnostiquer ces blessures profondes qui jonchent leur premier album.
.:Consultation:. De façon générale, ce que l'on observe en premier chez le groupe, c'est leur capacité à introduire doucement leurs morceaux. "1422" débute sur la basse sourde de Jason Stoll; elle est ensuite accompagnée d'arpèges instiguées par les deux guitares, et rendant ainsi une atmosphère assez planante. Leur place est pour le moins prépondérante, et image au mieux les influences emorock du groupe. Les autres instruments, voix comprises, leurs laissent volontiers la place, mais jamais longtemps, comme le démontre "Buffalo Wing Diplomacy", qui se laisse entraîner dans une débauche d'énergie, finissant sur une envolée noise/core crispante au possible.
.:Diagnostic:. La longueur des pistes est vraiment la marque de fabrique du quatuor. Davatange proche d'un A Silver Mount Zion, l'empreinte post-rock fait main basse sur l'album. Lors de la première écoute de l'album, le premier quart d'heure passé, coup d'oeil sur le lecteur, et vous observerez un joli "Track 3" à l'affichage. Les mélodies se mettent en place langoureusement, les consultations sont longues, autant prendre le temps de savourer ce que nous offre .thedecember drive. S'enchaîne alors "& Regret", et ses 2'50 chrono. A la fois "court" (façon de parler) et prenant, le morceau reflète de façon magistrale la couleur de Hands Like Guns and Crachins Sounds. Première minute space, son électro, posant une ambiance inquiétante, s'en suit inéluctablement une explosion de rage, un chaos musical où tous les instruments expirent leurs angoisses pour finir sur un chant fataliste. Petite séance d'aquaplaning inévitable, et incontrôlable, réminiscence de ce douloureux accident ?!.
.:Chirurgie:. Sobriété et défaitisme sont les ingrédients majeurs de ce que nous offre le lyrisme poussé de David Cortez. Les hurlements présents tout au long de Hands Like Guns and Crashing Sounds offrent suffisamment de teintes, rendant ainsi le cd des plus intéressant, loin de tout ennui. Globalement, les paroles se veulent discrètes, sombres tout en restant loin des clichés macabres, et mortuaires de la scène emocore. On notera tout de même sur "NOremembering" la révolte à l'encontre de ce que l'on pourrait appeler l'illusion déiste, l'espoir en un Dieu absent lors de moments cruciaux, souvent à l'origine du: "pourquoi moi ?. Le cd se termine sur "1426", offrant un hardcore violent jusque là étouffé, plus rien ne retenant les membres du groupe. Les touches noise sont judicieusement disséminées, de telle sorte que les anticipations hardcore des mélodies en deviennent irritantes, lorsque trop prévisibles.
.:Convalescence:. Finalement, un peu à la manière de The Mars Volta, .thedecember drive nous gratifie d'un "concept album", qui prend tout son sens par une écoute intégrale. "Avant gardiste" aurait été le terme plus approprié, car l'écriture du projet a débuté en 2001. Un très bon rapport qualité-prix pour un cd vraiment peu cher, que tout le monde s'arrachera sûrement dans quelques années. La scène emo/hardcore ne se sera jamais aussi bien portée que sous des traits post-rock. Va-t-il falloir à présent parler de renouveau de la scène emo, en définissant un courant post-emo...sic.
A écouter : Buffalo Wing Diplomacy, NOremembering, & Regret