"Depuis les miradors percent des regards asservis à l'idée de frontières comme remparts pour préserver le vil simulacre d'une "patrie"". La première phrase de "Hostiles aux Clôtures" plante bien le décor de cette démo de Poisse. Partout autour de nous s'érigent les barrières artificielles de sociétés qui n'ont de cesse de vouloir se refermer sur elles-mêmes, naviguant entre peur et contrôle, où le réfugié·e est principalement vu comme un·e ennemi·e. Les "démocraties" tombent tour à tour dans l'escarcelle des pensées les plus obscurantistes, toutes persuadées que l'avenir se situe dans des espaces sécurisés et entre gens à la peau claire.  

Aux confins du black metal des premiers âges, Poisse relache sa bile le long de cinq titres amers où n'émerge que peu d'espoir. En guise de bicarbonate de soude, ne persiste que cette colère qui s'exprime dans les cris de Lia qui trouve un aboutissement sur le surpuissant "Nox" ("La nuit vengera ses fil·les"). Musicalement mais aussi au niveau de l'esprit, impossible de ne pas penser à Iskra dans cette volonté à frapper vite et sans détour. La comparaison s'arrête là, Poisse n'ayant pas ce côté athlétique qui nous emballe tant chez les rejetons de Victoria. 

Un premier essai largement réussi que je ne peux que vous conseiller d'acquérir en cassette, petit objet bien foutu accompagné d'un petit livret.     

A écouter : Hostile aux Clôtures, Nox