Avec In Never Out, sorti en 2009, les Suédois de Pg.Lost avaient sans doute signé leur sortie la plus homogène - la plus lisse, diront certains, alors que les sautes d'humeur des premiers disques laissaient place à une mélancolique rêverie. Pour l'occasion, pourtant, le groupe s'était attaché les services de Magnus Lindberg (Cult Of Luna), avatar nordique de Kurt Ballou, qui a notamment travaillé avec les compatriotes de Ef, Jeniferever ou encore Immanu El, paraphant ainsi sa mainmise sur les sorties Post-Rock made in Sweden.
Trop sage, In Never Out, n'arrivait jamais à décoller, préférant rester à l'abri dans les sentiers battus du genre; la volonté de bien-faire l'emportant définitivement sur la volonté d'être original. Key ne vient pas fondamentalement changer la donne. Le son est clair, la réverbération foisonnante, rappelant à certains moments le premier effort d'Immanu El, They'll Come, They Come ou le I Am Responsible de Ef (Gathering). Le genre a son schéma bien à lui et, en ce sens, Pg.Lost est sans doute un des groupes les plus intègres de la scène en proposant une application stricte des enchainements climax / montée / climax. Des effets répétitifs et attendus qui ont malheureusement tendance à atténuer la portée émotionnelle des passages atmosphériques. La touche suédoise, avec ce son aérien si caractéristique, peine à se renouveler.
A l'entame, la collaboration avec Lindberg se pare pourtant d'une nouvelle lumière. Après un titre d'ouverture convenu, le diptyque Vultures / Terrain souffle un vent rafraichissant bienvenu. Le son se durcit, la distorsion s'impose comme un nouveau moteur des compositions. Alors que l'intro de Vultures rappelle au lointain le travail de Russian Circles sur Harper Lewis sans encore en atteindre la finesse, Terrain s'enrichit de nouvelles rythmiques avant de finir en apothéose sur un mur sonore inconnu jusqu'alors et, toute proportion gardée, qu'on qualifierait même d'osé pour un groupe qui nous avait habitués aux effets bien (trop) mesurés. On retrouve dans Sheaves cette alternative grandiloquente et lumineuse à la mélancolie des mélodies qui jalonnent l'album, poussant jusqu'à bousculer cette tranquillité apparente (la sournoise I Am A Destroyer). La fin de l'album n'est malheureusement pas du même acabit. On se languira sur le fade Gathering, on s'ennuiera même un peu sur Weaver, perdant en puissance au fur et à mesure que les minutes défilent, la faute à une montée peu intéressante et sans relief.
Si Pg.Lost tient là son Station, pour continuer le parallèle entrevu plus haut, et si le groupe n'est pas loin, à petites touches, de jouer ses meilleurs moments, Key manque encore de souffle pour se distinguer du panier. On profitera donc de ce que l'on peut grignoter sans forcément demander son reste.