< code > fait partie de ces groupes de black metal « intelligents », pour qui expérimentation et débauche artistique se marient sans difficulté aux sonorités atypiques d’un univers à la base très codé. C’est en effet grâce à ce genre d’artistes avant-gardistes qu’ironiquement, le black est devenu l’une des branches les plus diversifiée du metal. Les membres du groupe y auront, au demeurant, pas mal contribué auparavant avec des projets tels que Dødheimsgard et Ved Buens Ende. Si d’ordinaire ce type de formations requiert une oreille plutôt expérimentée, ce « Resplendent Grotesque » possède de quoi captiver un auditoire plus large.
Ici, les morceaux ne s’étirent que très peu, et si ils nous trimbalent dans leurs méandres hypnotiques, on dénombre quelques riffs concis. La section rythmique est fouillée, pleine de subtilités accrocheuses et d’ailleurs, un gros point d’honneur revient à la basse, dont la présence et l’originalité surprennent pour ce style.
Les structures sont facilement assimilables, avec des refrains chantés, à l’exception de « Possession Is The Medicine », petit brûlot black metal très efficace dont le côté catchy vient contraster avec les autres titres plus nuancés. Il y a donc un travail notable sur la façon dont le groupe rend accessible sa musique sans pour autant trahir ses gimmicks et passer à côté de l’émotion.
Le song writting ne manque pas d’idées et les quelques détails d’ambiance qui jalonnent l’album donnent un relief agréable. Guitares acoustiques étourdissantes, plans atmosphériques angoissants, puis surtout, marque de fabrique du combo, cette voix haute perchée qui vient systématiquement scander sa mélancolie au travers de mélodies frissonantes et amples. De grandes lignes de chant qui ne sont pas sans rappeler les escapades lyriques du grand Simen aka Vortex, l’incontournable bassiste de Dimmu Borgir qui a bien failli être réquisitionné pour remplacer Kvohst en 2007.
On en arrive d’ailleurs à ce qui risque de faire sourciller les moins dociles. Plus on avance dans l’oeuvre, plus les chants clairs deviennent mélancoliques et envahissants. À l’exception du dernier titre, qui offre un final assez poignant, les clean voices de la seconde moitié de l’album s’avèrent être un poil redondantes, et l’aspect déchirant laisse place à une tristesse qu’on pourrait penser surjouée! Un dosage autrement mesuré aurait sûrement rendu la chose plus digérable, et si le temps fait que l’on apprivoise doucement ce tragique sensationnel un peu facile, on reste toujours en rade de quelques pics de colère.
On regrettera également la trop faible durée du propos, seulement huit titres pour trente cinq minutes d’enivrement. Quel dommage que l’expérience n’est pas été prolongée ne serait-ce que d’un ou deux titres. Réveillé en sursaut, on aurai bien aimé explorer ce rêve un petit plus longtemps.
L’âme de < code > est lamentée, éprise d’une flamme noire la tiraillant entre désespoir, fureur et folie. Un album riche, qui sous ses airs accessibles demandera finalement une écoute des plus attentive. Et si ce magnifique tableau est entaché par quelques choix esthétiques à double entente, il arrivera sans trop de difficultés à vous plonger dans la plus belle des noirceurs.
A écouter : pour faire la fiesta sur la plage? Ah non...