Lambrini Girls
Post Punk, Riot Grrrl

Who Let The Dogs Out
1. Bad Apple
2. Company Culture
3. Big Dick Energy
4. No Homo
5. Nothing Tastes As Good As It Feels
6. You’re Not From Around Here
7. Scarcity Is Fake (Communist Propaganda)
8. Filthy Rich Nepo Baby
9. Special, Different
10. Love
11. Cuntology 101
Chronique
Who Let The Dogs Out est le nom que Lambrini Girls a décidé de donner à ce premier album, mais c’est aussi, une question qu’on est légitimement en droit de se poser assez vite après quelques minutes passées en compagnie du groupe originaire de Brighton. En effet, "Bad Apple" ouvre les hostilités avec une rage et un côté sauvage que l’on retrouvera tout au long du disque. Suivit de très près par "Company Culture", il se montre très difficile de ne pas penser à Idles dès la première écoute. Je dirais même que le réflexe premier et logique d’un humain ayant connaissance du dernier groupe cité et d'Amyl And The Sniffers serait de se demander si en fait, Lambrini Girls ne serait pas un side project d’Idles avec Amy Taylor. Le chien a bien été relâché et il est à mon avis pas près de revenir de sitôt. Il dévale les escaliers à toute vitesse et il a même la langue qui pend.
Après avoir abordé le sujet de la violence que la police fait subir au quotidien, notamment avec une phrase assez marquante, répétée et hurlée : « Officer, what is the problem? Can we only know post-mortem? », "Company Culture" et "Big Dick Energy" abordent le sexisme dans un premier temps dans le monde du travail, puis de manière plus générale. Le sarcasme est au rendez-vous, de la plus belle façon possible sur ce dernier titre, qui termine ainsi : « Big dick energy, Big dick energy / Once again, we're apologising for your fucked up behaviour / When at the end of the day / It's not that fucking big ». J’ai imaginé assez rapidement Phoebe Lunny qui s’occupe du chant, avec un doigt pointé sur le public ou bien avec l’index levé et le pied de micro tenu avec l’autre main. Car le ton est revendicateur, vous l’aurez bien compris. Phoebe alterne très majoritairement entre le chant crié, voir hurlé, et le spoken word. J’ai donc été très étonné de me rendre compte, après avoir vu des vidéos en live, que Phoebe avait aussi une guitare entre les mains.
Au niveau des parties instrumentales et du tout qui s’en dégage, Lambrini Girls propose un mélange de genres qui résonne toujours avec brutalité. On peut notamment entendre un son garage dans l’album, que je retrouve particulièrement dans "No Homo", le son des guitares et le jeu de batterie y sont clairement pour quelque chose. C'est un des morceaux les plus dansants malgré le sujet qu’il traite, qui aura sans aucun doute un gros succès lorsqu’il sera joué dans les festivals. Le refrain frôle même avec la Pop, mais ça, ça ne sera que pour un court instant. "Special Different" vient teinter le tout de sonorités Punk / Hardcore, pour nous dire ce qu’on savait déjà une fois arrivé là : « Don't tell me to calm down / I was born to stand out / Special, different ». Plus introspective, elle vient apporter avec la piste suivante "Love" une touche noisy cohérente avec l’ensemble du projet. Lilly Maciera, qui forme initialement le duo qu’est Lambrini Girls avec Phoebe, nous sort pour l’occasion un son de basse bien lourd, bien gras, histoire d’en terminer une fois pour toute avec toutes ces recettes heathly qui traînent sur internet depuis que les fêtes de fin d’année sont passées. Ça vibre tellement, que ça risque de casser plus d’un Airfryer dans les foyers. L’apport de Daniel Fox, bassiste de Gilla Band à la production n’y est à mon avis, pas pour rien.
De manière générale, pour être bien clair, ce qui prédomine dans Who Let The Dogs Out, c’est tout de même un Post-Punk bien énervé, à la sauce Riot Grrrl. La frustration emmagasinée concernant la question Queer, la gentrification, mais aussi tous les sujets abordés un peu plus haut sont extériorisés ici dans de longs textes, pour bien faire comprendre que l’art est politique et que les propos tenus ici vont aussi bien au-delà de la musique livrée pendant cette courte demi-heure. Mais tant qu’à faire, autant s’amuser le plus possible, et sortir les synthés pour terminer l’album avec "Cuntology 101", morceau dans lequel on entend aucune (presque aucune ?) guitare saturée. Le message est à nouveau délivré ici avec sarcasme, et une certaine provocation bien réjouissante : « Learning how to let go is cunty / Having cum on my shirt is cunty / Setting boundaries is cunty / Respecting others is cunty too » avant de terminer l’album avec ces mots : « C-U-N-T / I'm gonna do what's best for me / Cunty / C-U-N-T / I'm gonna do what's best for me / Cunty ».
Je pense qu’on a été beaucoup à se retrouver écœuré par les artistes qu’on suit, ces derniers mois. Le silence sur un tas de sujets bien graves est insupportable. Lambrini Girls est là pour rappeler les bases et fait le boulot pour mille. Merci du fond du cœur à iels, parce que ça fait du bien.
A écouter : "Bad Apple", "No Homo", "Cuntology 101"