C'est avec un intérêt réel que l'on s'intéresse au premier ep de Guiltless, puisque l'on retrouve principalement Josh Graham (A Storm Of Light, Battle Of Mice, Red Sparowes, Neurosis) accompagné de Billy Graves (Generation Of Vipers), Dan Hawkins (A Storm Of Light) et Sacha Dunable (Intronaut). Pas la moitié d'imbéciles donc et surtout quatre musiciens qui ont roulé leur bosse dans les musiques lourdes et épaisses. Qui plus est, la sortie est portée par Neurot Recordings, le label de Neurosis.

Sauf que l'on déchante vite, surtout si l'on considère le pédigré de ses musiciens. Thorns hérite (ou continue de pousser la flamme - ça dépend comment on le voit) d'un Neurosis période années 90, à savoir une sorte de Post-Hardcore / Doom / Sludgy. Un truc sale, cru, noir et lent. Dans les faits, on se dit que ça pourrait être génial, surtout que peu de groupes actuels refont ce genre de choses à l'ancienne. Mais ça ne fonctionne pas, les quatre morceaux de cet ep sont poussifs, drus, dépassés comme si Guiltless avait voulu raviver l'étincelle d'une époque bénite, marquante, de référence qu'on adore, mais sans hélas y parvenir.

Beaucoup de choses ne vont pas dans ce Thorns. Pourtant le son est impeccable, la lourdeur y est, la voix rauque de Josh est parfaite, on sent l'implication, les références, le petit élément bruitiste ou dissonant, la noirceur qui te colle au ventre, la chape de plomb... Tout est présent et en place, minutieux, d'autant plus par des acteurs qui ont vécu cela in The Eye Of Every Storm (tu l'as ?) et pourtant.

Et pourtant, c'est un échec. Guiltless souffre de cette envie de refaire du neuf avec du vieux, sans rien apporter et, c'est sans doute le pire, sans donner aucune intensité, douleur, émotion, riff mémorable à ses compositions. C'est exactement là où le bas blesse : aucun des morceaux de ce Thorns n'est impactant, fiévreux, émotionnel, violent, intense. C'est pourtant ce qu'avait intégré Neurosis dans sa musique dans un Souls At Zero ou Throught Silver In Blood qui même aujourd'hui restent intemporels et toujours très significatif de ces ressentis.

C'est dommage, mais avec ce Thorns, Guiltless manque cruellement d'ampleur et d'envie. Il donne l'impression de rester en surface sans rien apporter de plus. Il n'est pas spécialement méchant, est aucunement émotionnel, pas vraiment sombre ou déprimant, n'y angoissant, pas du tout intense ou viscéral. On a l'impression qu'il manque de tout ce qu'il aurait dû être. Sauf le fait d'être très déceptif, malheureusement.