Enorme ce groupe ! Un ovni à la limite su métal (pour la section rythmique) et d'un dépêche mode par exemple
Dépressifs s'abstenir
Crippling Alcoholism, déjà quel nom ! Et quelle musique ! Car à l'image de leur nom, le monstre dont ont accouché les Américains de Boston peut paraître totalement déglingué, un peu comme ce pote de fin de soirée qui peut s'écrouler par terre toutes les cinq minutes mais refusera d'aller se coucher, tenant encore des heures.
Que se passerait-il si vous preniez Cult Leader et leur imposeriez : aucune disto, aucun chant saturé, passages noises autorisés, avec une couche de synthés rétro à la The Sound et le tout avec une vibe Depeche Mode période Playing The Angel ? Volontairement réductrice lorsqu'on écoute ce que peut donner ce deuxième album de Crippling Alcoholism injustement passé trop inaperçu, cette comparaison aura le mérite de poser l'ambiance. Et l'ambiance, ici, est dense, mélancoliquement et vicieusement malade. Malade d'une haine viscérale tournée vers les autres et parfois contre soi-même, malade d'un amour abusif et malsain, malade de dégoût des injustices que ce monde contient, malade de la pseudo bien-pensance des religions, en bref : "with love from a padded room" semble nous narrer les pensées d'un ou de plusieurs personnes ayant eu sa part de conflits et d'expériences que l'on pourrait qualifier d'intenses, mettant à mal le diction bien galvaudé "ce qui ne me tue pas me rend plus fort", le transformant plutôt en "ce qui ne me tue pas me laisse complètement déglingué à tous les niveaux".
La voix baryton de Tony Castrati nous emmène dans des contrées bien sombres, où l'on devine la façon de penser du protagoniste au fil de ses paroles aussi inspirées que celles d'Anthony Lucero (Cult Leader), que ce soit dans la très tubesque Depeche Modeienne "Sav" "you make me hang myself with an infinite noose, over and over again", sur "I’ll Pay More If You Let Me Watch", "some guys they kill for love, some guys they kill to resurrect a savior bathed in blood, some guys they kill for food, some guys they kill cause the whole world needs to pay for their childhood". La mélancolie insidieuse ne se limite pas à des plaintes, mais peut déferler violemment d'un coup comme sur la fin de "Rough Sleepers" et son sous message glaçant, où le quintet prend des allures de Math -Rock / Noise (soulignons le jeu de batterie incroyable et complètement déshumanisé), tout cela pour reprendre par un groove délicieusement Vaporwave / Electro que n'aurait pas renié Kavinsky.
Leur musique grandit à l'intérieur de vous au fur et à mesure des écoutes et du temps, et ce dans tous les sens du terme, surtout dans le sens dégueulasse. Ici ça pue le sexe, l'alcool, la solitude avec de légers relents de jasmin et de merde, avec une violence animale sous jacente qui, après s'être fait laisser caresser vous mord soudainement la main. Vous l'aurez saisi, la musique de Crippling Alcoholism est imprévisible mais reste toujours cohérente et personnelle, jamais opportuniste ; à vouloir de parler de choses intenses et variées, le propos peut changer de forme au besoin. Voyons le bon côté des choses également : enfin une musique dépressive et sombre que vous pouvez faire écouter à vos parents qui ne supportent pas le chant saturé !
Un coup de coeur comme ça, j'en ai pas souvent. Cet album et ce groupe sont vite devenus une obsession, un cocktail extrêmement enivrant, une imprévisibilité qui réussit tout de même à t'offrir LE bon riff, la bonne ligne vocale, le bon synthé, au bon moment.
Le mélange des genres et des influences est incroyable, insaisissable, inclassable.
Tuerie absolue