Zubrowska Are Dead : certainement un titre ironique de la part des toulousains pour se moquer de toutes les galères qu'ils ont enduré depuis près de cinq ans avant de finalement accoucher de cet album dans la douleur. Loin d'être un titre qui signe la fin, Zubrowska Are Dead marque plutôt une renaissance pour un groupe qui a chié sévèrement avant d'en arriver là.
Le gros point fort chez Zubrowska, et qui était déjà le moteur principal de leurs précédents travaux, c'est de construire un solide édifice à bases de parpaings sonores enduit d'une violence qui va fouiller un peu près partout dans la scène Metal / Hardcore. Qu'on passe du Grindcore, au Hardcore brut de de décoffrage, aux légères influences Deathcore, en passant par la folie du Mathcore, tout y passe ou presque. On évoquera donc sans mal The Dillinger Escape Plan, Nostromo, Nesseria ou Gaza pour cette approche multifacette de leur musique et pour ce concentré de haine et de rage. Mais là ou cet entassement des genres paraîtrait lourdingue et difficilement tenable, Zubrowska réussi de la pari d'imposer 14 morceaux qui se tiennent, où chaque pierre posée est maintenue en place par la précédente. Tout y est parfaitement maitrisé au point que cela parait presque normal d'enchainer des pistes de violence pure (Satan Is Love, Drop The Shell And Climb The Mountain qui tend même vers le Black-Metal) et des passages Post-truc plus aériens joliment réussi qui permettent de reprendre son souffle (The Memorial Part II - First Death Experience). Cette osmose règne en maitre de From Beginning... à ...To End, comme un seul et même morceau où l'on dérouille méchamment pris dans l'œil du cyclone (Wake Me Up When I Am Dead), qu'on déchante avec Sleeping Rug (qui rappelle d'ailleurs le Noisecore de Daughters) ou que l'on se repose quelques instants avec le mélancolique Solitude. Dans Zubrowska Are Dead tout ne semble qu'être aliénation et démence illustrées dans les nombreux breaks, les dissonances, les accélérations éprouvantes et les explosions furieuses que met en œuvre le groupe tout du long de cet opus. Cette schizophrénie est appuyé par le double chant avec Julien Deyres (Gorod) et Claude Abi Rached qui officient chacun dans un registre proche et pourtant légèrement différent. Même l'agressivité se fait pernicieuse, rampante et étouffante (Woman Are Dead), avec de nombreux plans déstructurés (I Believe In Ghosts Leilah). Par conséquent, l'écoute est très intense, éreintante même et il faudra des nerfs d'acier pour y voir le bout.
Zubrowska n'est pas mort, bien au contraire, car il livre là l'album le plus flamboyant de sa laborieuse carrière. Certes, l'écoute sera sans doute douloureuse au départ, surtout pour les non-initiés à ce genre de grand écart de l'extrême, mais l'ensemble est si particulier et si bien exécuté qu'on y reviendra plus souvent qu'on ne le croit. Zubrowska Are Dead est le signe d'un nouveau départ pour Zubrowska qui mérite amplement que l'on s'intéresse à cette pépite noire.
A écouter : Satan Is Love, The Memorial Part II