Zero Absolu
Inclassable
Dans les Bras de Morphée
Chronique
Ce nouvel opus de Zero Absolu aura su se faire désirer. Les premiers échos auront filtré mi-2008, sous la forme d'une demande de participations via des textes axés sur le sommeil, suivi entre autre par un blog studio et quelques vidéos. En résulte Dans les Bras de Morphée, album à double-facette, mêlant Rêves et Insomnies au sein d'une musique dans la ligne directe de Du Vide au Néant : simple mais complexe, épurée mais riche et surtout toujours aussi éclectique ; On retrouve les touches electro mêlées aux cordes et les différents chants (Nak ou divers invités) se mêlant aux sonorités jamais redondantes.
Rêves...
Tout démarre doucement sur Mourir de Sommeil. Une douce mélodie entêtante et envoutante, parfois parsemée d'éclats vrombissants. Rêves s'écoule ainsi, entre phases délicates (Le Livre des Rêves ou l'excellent Peaux Mortes) et cauchemars enragés (Highgate), sans nécessairement se transformer en réveil abrupt et douloureux. Tout reste cloisonné à la seule dimension du repos, protégé de l'extérieur par une pièce de tissu chaude et cotonneuse. Ici prédomine l'apaisement, la lente montée en puissance du sommeil profond, la sensation que le temps passe au rythme des Rêves et non des aiguilles. Cette partie de l'album reprend les ambiances les plus duveteuses du précédent opus, les sublime via une élongation des compos et en cherche l'essence pour la faire durer jusqu'à épuisement.
... et Insomnies
Sur Insomnies, les mots se font plus présents. Pensées d'un être fatigué, conflits internes d'un homme à bout de souffle, Insomnies est décousu, empli jusqu'au bord de sentiments portés parfois par une imagerie étrange (Quand dorment les Anges). Pourtant, tout reste sensé et amène un constat sombre du monde qui dort lorsque les mots pointent ("On oublie qu'on est a ce point manichéen, tous héros passifs, révolutionnaires, résistants, mais au final, trop peureux pour se mouiller" sur Déjà Vu). L'angoisse tend parfois le bout de son nez (Wonderland), couplé à une sensation d'étourdissement grâce à une musique plus incertaine, floue, tandis que le fil de la pensée s'échappe jusqu'à l'explosif La Lune se Couche.
Les mélodies reflètent cette sensation de fatigue énervée (Le livre des Insomnies), ces moments où le moindre sentiment se retrouve décuplé par le poids des épaules. On retrouve des samples de sons connus, des bruits communs, le tout formant un vaste océan de sonorités distantes peuplant la nuit, portant le ressenti des compos à bout de bras.
2 pavés d'environ 1 heure chacun, complémentaires mais opposés. Dans les Bras de Morphée est un concept album rondement mené et suffisamment réfléchi pour ne pas se perdre en lui-même sur ses 2 facettes. On aura une légère préférence pour Rêves ou Insomnies, selon l'état d'esprit, mais le niveau général du disque reste élevé. Toujours aussi éclectique, la musique de Zero Absolu fait autant, si ce n'est plus, d'effet que Du Vide au Néant. Ne reste qu'à ouvrir les yeux pour se frayer un chemin dès le soleil levé...
A écouter : 1
Excellent album double qui nous entraîne dans un univers qui oscille entre le rêve et le cauchemar mais en lui préférant ce dernier.
Un mélange de post rock, electro, indus, qui part dans tous les sens mais sans jamais perdre de son homogénéité. A écouter, notamment pour les curieux de l'expérimentation.