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Biographie

Zatokrev

C’est en avril 2002 que le projet Zatokrev se monte, à Bâle en Suisse.  À vocation  professionnaliste, le combo s’oriente rapidement vers un métal très ambiant, sombre et lent, dans la droite lignée de la scène Postcore, Neurosis et Cult Of Luna en tête. Le trio joue dans plusieurs gros festivals de Suisse puis des pays voisins, en tant que groupe découverte.

C’est fin 2004 que sort le premier effort du groupe chez Codebreaker Records, avec une distribution sur le continent américain assurée par la maison Earache Records à partir d'avril 2005. De très bonne facture, ce disque n’est pourtant pas remarqué. C’est donc courant 2007 que sort le nouvel album, Bury The Ashes, ainsi qu'un split avec leurs compatriotes de Vancouver sur Get A Life! Records.

16 / 20
3 commentaires (16.33/20).
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Silk Spiders Underwater... ( 2015 )

On le sait depuis longtemps, la neutralité de la Suisse s’arrête là où commence sa scène métal/(post) hardcore/sludge/doom…bref, tout ce qui vous met des pains dans la gueule en vous trainant par les cheveux, sans pitié aucune, sur le bitume d’une rue d’un seul coup plus si propre.

Trois ans après la claque The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere, Zatokrev revient, et pas pour rien ! Le doom martial de Runaway Soul confirme d’entrée que les Bâlois ne sont pas là pour beurrer les sandwichs. Evidemment, l’ombre des géants du postcore Neurosis et Cult of Luna continue à obscurcir les morceaux de ce Silk Spiders Underwater. La sincérité et la maîtrise qui transpirent pendant 64 minutes font cependant de ce disque bien plus qu’une simple copie de Through Silver In Blood ou The Beyond.
De l’agression en mode char d’assaut hardcore de Bleeding Island ou Swallow The Teeth aux odyssées froides et désespérées que sont The Phantom et Loom, Zatokrev perfore les crânes pour mieux prendre possession des âmes. Telle une armée de marcheurs blancs avançant irrémédiablement en quête de nouvelles recrues, ils annoncent l’arrivée d’un hiver long d’un siècle.

A mi-album, Brick In The Sky nous emmène loin dans la contemplation d’un abîme sans fond, en équilibre précaire entre l’espoir de revoir un jour la lumière du jour et la tentation de se laisser sombrer. Discoloration, dont le chant clair peut dérouter au premier abord, se transforme après quelques écoutes en un beau voyage de près de 10 minutes dans un paysage plus urbain et moderne. They Stay in Mirrors, qui conclue les débats, s’avère plus convenu, peut-être moins inspiré que  tout ce qui le précède.

Si la deuxième partie du disque se révèle un peu moins réussie que la première (et son fabuleux enchaînement Bleeding Island / The Phantom / Loom), le soin que prend le groupe à développer ses idées coûte que coûte et à varier intelligemment les tempos font que l’on ne s’ennuie pas une seconde (bon peut-être un peu sur le dernier morceau, mais en faisant le difficile).
Servi par une production à la fois ample et tranchante, l’ambitieux Silk Spiders Underwater forge encore davantage l’acier que les Suisses martèlent sans relâche depuis l’album éponyme de 2004. Un acier déjà suffisamment résistant pour faire beaucoup de dégâts chez ceux qui tenteraient de se mettre sur leur chemin.

Split avec Vancouver ( 2007 )

Zatokrev était attendu de pied ferme après un premier album qui, si il ne brillait pas particulièrement par une originalité hors du commun s’avérait au final plutôt prometteur. En plus d’un nouvel album, Bury the Ashes, les suisses nous gratifient en 2007 d’un (court) split avec les excellents et non moins suisses Vancouver.

L’honneur de porter le premier coup est accordé à Zatokrev avec un larsen cinglant qui annonce deux titres puissants et tout aussi douloureux, Out of Despair et Pro Co. Une rythmique imposante, guerrière, divers passages saccadés et des riffs tranchants. La recette est simple mais diablement efficace, dégage une personnalité forte et ce bien plus que le premier album des suisses. Les deux titres sont donc dans la même optique, une véritable agression sonore, la tête plongée dans la boue sans appel d’air possible, Zatokrev ne négocie pas et n’offre manifestement aucun répit pendant ces quelques minutes.

C’est ensuite au tour de Vancouver de prendre part aux hostilités, et leur approche n’est pas tout à fait la même. Là où Zatokrev assomme avec une longue répétition d’un même thème, Vancouver s'attache à donner plus de relief sans pour autant étaler les structures. Il y a bien ces passages plus calmes, pesants, mais ils ne prennent jamais le dessus. L'ambiance est plus travaillée donc mais le son est très proche de celui de Zatokrev, les deux groupes partagent aussi cette violence, ce côté radical et sans compromis. Il en ressort des morceaux riches et d’une forte intensité, rien d’étonnant à cela lorsque l’on s’intéresse aux autres formations des musiciens (Unfold, feu-Iscariote et Impure Wilhelmina).

Que dire de plus sinon que chacun des groupes s’en tire haut la main dans son domaine, dans un genre relativement proche. L’intérêt d’un tel rapprochement des deux groupes est donc plus qu’évident tant Vancouver et Zatokrev semblent partager une même vision des choses, gardant chacun une approche personnelle. Court donc (à peine 10 minutes par groupe) mais intense. Très fort.

A écouter : la courte totalit�
14.5 / 20
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Bury the Ashes ( 2007 )

Puissance chtonienne libérant ses ondes avec fracas, remous sourds et robustes, avec Bury the Ashes Zatokrev dresse un tir de barrage infranchissable et mastodonesque, dans la droite lignée de Neurosis et Cult Of Luna, bien évidemment (comme 90% de la scène postcore), mais surtout dans celle de la scène helvétique. Propre sur lui, rigoureux, raide et acide comme il se doit, le quatuor de Bâle, dévoile ses sept chapitres lentement mais avec violence, nous force à mettre le nez dans ses inhibitions. Comme un boulet, Zatokrev traîne avec lui toute la misère humaine au long de ces salves, assénées avec brutalité, campant sur une assise très rugueuse, ayant toutes les caractéristiques du sludge, en moins sale toutefois. A l'instar de Knut, Zatokrev exerce son office sans compromis, se faisant un point d'honneur de faire plier l'auditeur sans en éprouver le moindre remords. La comparaison avec les furieux de Genève s'arrête là. Sans urgence aucune, tentaculaire, Bury the Ashes, étale sa lenteur à la manière d'un poison inoculé qui achève lentement mais surement sa course dans les veines, sans rémission.
Sans être un monstre d'originalité, Zatokrev fait les choses bien. Très bien même. Précis, net dans leurs parties, les suisses savent également insuffler une dose de vénéneux, assortie d'un chouia de mélancolie ("Godless") qui provoque son petit effet. En revanche on restera un peu sur notre faim sur le plan du chant qui, même si en adéquation avec la musique et hormis quelques bonnes parties notamment sur "Starlight Leader" n'apporte, finalement, rien de plus mais pourrait achever ceux déjà rebutés par la relative longueur de l'ensemble.

Reste que, si pas véritablement exceptionnel, Bury the Ashes apparaît comme une réelle confirmation du potentiel de Zatokrev aperçu sur le premier album éponyme. De prime abord sobre, fruste, il n'en possède pas moins une redoutable dose de machiavélisme, d'insidiosité, de malignité qui en fait tout son attrait.

1. "Bury the Ashes"; 2. "Starlight Leader"; 3. "Void"; 4. "Godless"; 5. "Trial"; 6. "Peeling Skin"; 7. "The Fire"

 

A écouter : The Fire, Void

Zatokrev ( 2004 )

Zatokrev, encore un groupe suisse qui fait de la bonne musique. Décidemment ça commence à faire beaucoup, à croire que quelque chose se prépare chez nos voisins, une sorte d’invasion culturelle toute puissante et machiavélique visant à nous apprendre comment atteindre de forts niveaux d’intensité émotionnelle quasi systématiquement. Mais non, comme toujours, les secrets helvètes resteront bien gardés et nous nous contenterons d’en admirer le résultat.
Revenons à nos moutons, le premier album de Zatokrev, sorti en 2004, est une découverte qui ne me fera pas mentir. 4 titres seulement, mais pour une intensité ahurissante, qui servent une déchirure à la progressivité extrêmement immersive.

Cet album, c’est avant tout une atmosphère, mélange de mélancolie post-apocalyptique et de simplicité. Au programme, un postcore à la fois pachydermique et feutré, fait d’un enrobage de guitares sommaire mais très volumineux. Celles-ci occupent quasiment tout l’espace sonore grâce à des riffs élancés, successions d’accords massifs et graves aux discrètes et sournoises dissonances, qui contribuent à confiner à l’ensemble une impression de lourdeur et d’élongation. Délicatement, lorsque cette masse prodigieuse est mise en place, on distingue des mélodies heavy tout aussi progressives et mélancoliques, qui installent un relief admirable et contribuent la plupart du temps au parachèvement des titres, comme sur Reveal, titre d’ouverture du disque, qui, après avoir posé cette fameuse base, termine sur un pont aux mélodies superbes et  solennelles. Ces guitares installent donc un matelas à la fois confortable et instable aux autres instruments. Car une fois n’est pas coutume, sur les 5 titres de ce disque, la partie rythmique donne plus une impression d’enrobage et de soutien que de base, tant le rôle des guitares est prépondérant. Bien sur, comme lorsque sur les longues entrées en matière, les riffs n’exploitent que très peu de notes, d’une manière presque dronesque, on ne trouve son référentiel temporel dans cette batterie à l’écho profond.
Ne reste plus aux vocalistes à donner toute la forme à la musique de Zatokrev et à rendre l’ensemble déchiré au possible. A l’instar des guitares, les parties vocales s’installent tout en sournoiserie, dans une détresse agonisante du meilleur effet, parfois en chant clair, mais la majeure partie du temps dans un chant guttural tiraillé et désastré. L’influence d’un certain Scott Kelly (Neurosis) se fait d’ailleurs sentir, mais qu’importe, ce ne peut être que flatteur lorsque l’on connaît les capacités du bonhomme, d’autant plus qu’on est loin du mimétisme espiègle. Au final d’ailleurs, les influences de tous les ténors de cette scène postcore, Neurosis en tête évidemment, se font fortement sentir sur la musique de Zatokrev, mais le groupe exploite ce côté perpétuellement sombre, sans offrir de répit à son auditorat, et c’est cela qui forge sa personnalité.

Au sortir de plusieurs écoutes de cet album éponyme de Zatokrev, la magie perd un peu de sa superbe, mais on sent le potentiel, à travers cette plantureuse musique pourtant si désespérée, et il y a ce début d’étincelle, cette petite chose qui nous dit  «ce groupe pourrait frapper fort, et pourquoi pas faire quelque chose de grand ». Alors gageons que la suite de l’aventure Zatokrev saura s’appuyer sur ces belles bases, un peu courtes tout de même, puisque 4 titres laissent un léger sentiment de frustration. 

A écouter : Tout, il n'y a que 5 titres...