Zapruder
Post-Hardcore / Mathcore

Fall In Line
1) We Are Orphans
2) Cyclops
3) Modern Idiot
4) Moloch
5) Delusion Junction
6) Doppelgänger
7) Monkey On My Back
8) Loquèle
9) Je Ferai De Ma Peau Une Terre Où Creuser
Chronique
Vous connaissez sans doute Zapruder sans le connaître. Ce
tailleur de vêtement ukrainien émigré à Brooklyn en 1920 et grand admirateur de
Kennedy doit sa célébrité à l’assassinat de ce dernier, pour en avoir capturé
les images.
Si ce bref précis historique ne vous aura que simplement épargné une recherche
Wikipédia, votre serviteur aura de son côté trouvé la parade idéale pour vous
parler d’un Zapruder homonyme, combo Hardcore venu de Poitiers, dont le
premier-né Fall In Line a vu le jour cette année. Un opus qui semble entamer une carrière
prometteuse dans des conditions plus que favorables.
Produite par Amaury Sauvé (membre de Birds In Row et
producteur pour As We Draw, Taste The
Void ou Calvaiire), la musique du quintet n’irritera pas les blasés du HxC à
deux neurones dopé au D-Beat et aux riffs rebattus. Fall In Line s’inscrit dans
une veine qui emprunte à Converge sa dissonance et ses structures alambiquées,
à Birds In Row ou Botch leurs sonorités, ou encore qui évoque la folie de leurs
compatriotes Barbarian Koala.
Energique, torturé, le son des Poitevins ne met cependant pas le feeling de
côté ; des paroles au chant sans oublier les partitions des six-cordes, un
mélange de fureur, de hargne et de désespoir s’entremêlent. Sublimés par les
touches Post-Rock du morceau final, ou de manière intimiste et minimaliste sur
un « Loquèle» acoustique, ces instants plus émotifs sont bienvenus et tempèrent
avec habileté les penchants plus agressifs du groupe. Le Jazz froid de
« Delusion Junction »quant à lui fait figure de transition entre la
lourdeur de « Moloch » et les passages assassins de
« Doppleganger » ; véritable OVNI au beau milieu de la galette,
on y retrouve un saxophone larmoyant, perdu entre de doux accords
fantomatiques. C’est dans ce curieux
mélange que Zapruder se démarque et captive l’auditoire, là où les influences
s’entremêlent et donnent naissance à un Hardcore polymorphe et plutôt inédit.
Apparemment loin d’être à cours d’idées, les musiciens exploitent leur créativité jusqu’au bout. Les morceaux avoisinent sans peine et sans redites les 5 minutes où le traditionnel couplet-refrain a été jeté aux oubliettes. Adieu genres, structures et règles oppressantes, la spontanéité est reine et balaie ces contraintes avec tout le naturel du monde. Un solo quasi-Hard Rock et une wahwah sautillante entre des rythmiques massives sur « Modern Idiot » ? Pourquoi pas. Une intro qui lorgne vers le Melodic-Hardcore pour « Moloch » avant quelques passages Post dissonants ? Pas de problème. Abrasif, sensible, surprenant, beaucoup de caractéristiques pour un seul album. Pourtant, l’ensemble ne lasse pas même après des écoutes répétées, aucun titre n’est à jeter. Pour apprécier Fall In Line, chaque étape du voyage est à vivre intensément jusqu’au final, hurlé en français, et à compter parmi les meilleures minutes du skeud. Clairement dominé par un Post-Hardcore presque outrancier tant il incarne une hargne désabusée, « Je Ferai De Ma Peau Une Terre Où Creuser » saisit votre âme et se « glisse sous votre peau » pour paraphraser le quintet, vous abandonnant hébété, apaisé et confus. Conquis ou non par les partis pris de la formation poitevine, les dernières notes de Fall In Line ne vous laisseront dans tous les cas certainement pas insensible.
Parmi tant d’autres, Zapruder est une formation étiquetée made in France à surveiller, affichant une vision musicale très large dans leurs compositions et offrant un premier effort qui fourmille d’originalité et de bonnes idées. On ne peut que saluer de telles initiatives et espérer croiser le combo prochainement sur les routes pour défendre leurs morceaux sur scène.
L'album est à retrouver en intégralité sur bandcamp.
Et la voilà la petite tape dans la tronche qui fait du bien!
Un condensé de violence et d'agression qui n'oublie pas de respirer le temps de quelques breaks bien classes.
Une tuerie, simplement et en plus ils sont de chez moi ;)