Biographie

Yotsuya Kaidan

Originaire d'Ukraine, Yotsuya Kaidan prend forme à Odessa autour de Valik (chant), Artem (guitare), Valik (batterie) et Artem (basse). Après une participation fin 2014 à une compilation hommage à Orchid, il faut attendre deux ans pour voir le combo accoucher de son premier EP, Tired of Tomorrow's You chez Samegrey Records, suivi quelques mois plus tard par un split avec Det är därför vi bygger städer. Il faut attendre 2018 pour voir un premier album Крошка​-​комета.

3.75 / 5
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Четыре письма эльфу ( 2021 )

Après un split de quelques années, Yotsuya Kaidan revient avec un léger changement au line-up. On se souviendra surtout de l’ouragan Tired of Tomorrow’s You plus que du reste, tant « Stormo&Goliad » piétinait nos neurones, même si la discographie s’achevait sur le plus riche Крошка​-​комета.

On parlait d’une rafale de tubes précédemment, et Четыре письма эльфу décide d’amorcer une approche en contre-pied. Pas de démarrage en trombe, de cris à la limite de la rupture ou de folie furieuse. Même Крошка​-​комета, qui amorçait déjà quelque chose de plus Punk dans l’approche, n’a qu’un lien étroit avec ce nouvel EP.
J’aime à croire que Yotsuya Kaidan continuera d’explorer ses envies sur les prochaines sorties, parce qu’au final c’est ce que le groupe a réussi à faire de mieux jusqu’à présent. Surprendre. Ils l’ont fait sur Too Sad To Tell You, puis leur premier album, et décide d’enfoncer le clou ici. Et puis m*rde, « Липкие кости » joue sur le Post Hardcore, c’est cool (bon, pas forcément du côté des paroles) et confirme tout le bien que l’on pouvait penser du combo. Si on prend « Эльф », on renoue avec le sens premier du Screamo, des love-songs qui font couler les larmes, tandis que « Лабиринт » semble posséder un côté Emo-Hardcore sur sa seconde moitié.

Pas de grosse surprise sur Четыре письма эльфу si l’on a testé Крошка​-​комета, ca tape plus dans le Punk / Hardcore que l’Emoviolence des premières heures. Le résultat n’est certes pas surprenant lorsqu’on connait le parcours musical des Ukrainiens, mais ces quatre titres ont le mérite de rappeler à nos oreilles ce combo.

Too Sad To Tell You ( 2017 )

Après une leçon de violence bien maîtrisée, Yotsuya Kaidan s’essaie à intégrer d’autres éléments plus proches de la vague latine. Pour les curieux ayant écouté les précédentes sorties, on basculait dans un premier temps vers des sons plus criards, abrasifs. Ici, l’atmosphère se fait moins lourde, l’ambiance de « Tantalus » demeurant totalement absente sur « Pauline » ou « 1995 ».

Même si le titre du EP n’inspire pas une sensation d’apaisement, les parties vocales et instrumentales semblent plus lumineuses sur « Pauline » ou « For Those Who Still Emo in 2017 », confirmant cet amour des combos italiens (La Quiete en premier exemple). Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? « The Sound and the Fury » rajoute un piano pour amplifier le tout, les envolées vocales de « Pauline » qui vibrent de fragilité lorsque les instants plus apaisés de « 1995 » ne brouillent pas l’ensemble. On ne parle plus de Chaos comme sur Tired Of Tomorrow’s You, mais plutôt d’une mélodie douce-amère (« Pauline ») dont le chant se retrouve ici plus varié que précédemment.
Néanmoins, il est difficile de se projeter dans Too Sad To Tell You : en offrant autant de sonorités différentes, le disque perd en cohérence et prend de la longueur là ou il aurait fallu aller à l’essentiel (« The Grapes Of Wrath », trop longue intro du disque qui empiète sur sa durée globale). Cet EP s’apprécie, pour sa justesse sur certains plans (« 1995 »), mais ne fera pas autant de ravages qu’un titre comme « Tantalus » avait pu le faire : En variant d’un cran sa musique, les Ukrainiens se sont retrouvés pris à leur propre piège.

Peut être pas à la hauteur de Tired Of Tomorrow’s You ou du split avec KatToo Sad To Tell You prend toutefois le parti de ne pas se reposer sur des acquis. Je m’avère moins emporté par l’ensemble, mais on est loin d’une débandade artistique globale, Yotsuya Kaidan amenant une sorte de fraîcheur à l’ensemble.

A écouter : The Sound and the Fury
4.5 / 5
1 commentaire (17/20).
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Tired Of Tomorrow's You ( 2016 )

Quoi de plus naturel pour Yotsuya Kaidan que de sortir un premier titre sur une compilation hommage à Orchid puis de faire mixer son EP par Will K. (ex-guitariste des Américains) ? En effet, derrière ce Tired Of Tomorrow’s You se calfeutrent quatre titres dans le plus pure tradition du mix Screamo / Emoviolence porté à la lumière du jour via Chaos is Me : des prémisses de « High School Fights for the Ziggurat Falls » aux poussées rythmiques de « Stormo&Goliad », les Ukrainiens emplissent jusqu’à l’étouffement le faible espace sonore libre après les premières secondes, à l’instar des Russes de Lora (qui suivent la même lignée, dans une orientation toutefois plus effrénée). Les lignes vocales du frontman ne s’apaisent d’ailleurs que dans la seconde moitié du dernier morceau, lorsqu’elles ne rappellent pas celles de Jayson Green.

Et dans toute sa superbe, cet EP capte l’impertinence recrachée sur le split avec Det är därför vi bygger städer et ses deux tempo : la prod est léchée, brute mais rendant audible chaque instrument tout en gardant un côté ultra-abrasif (les guitares de « Stormo&Goliad ») à la manière de Louise Cyphre (pensez à « Entzückt / Entrückt ») ou Zann. Mais au-delà de l’aspect musical, Yotsuya Kaidan emprunte aussi les références artistiques, à défaut de prendre Foucault : tant la culture artistique classique (le sculpteur Lucio Fontana, la tour de Babel) que celles actuelles (Stormo&Goliad, issu des cartoons Adventure Time).

Impressionnant de sobriété et d’efficacité, Tired of Tomorrow’s You inscrit dans le marbre le nom de Yotsuya Kaidan. Exempt de défaut, ce premier opus jette en toute sincérité des bases artistiques solides. Dès la première écoute, la claque est prise de plein fouet et pas besoin d’une seconde pour lever un quelconque doute.

A écouter : Si vous aimez Orchid !

Split avec Kat ( 2016 )

Cette chronique ne sera sans doute que peu lue, et ceux qui auront le courage de jeter une oreille sur ce split seront encore moins nombreux, mais ils auront sans doute le bon goût d’apprécier ce disque pour ce qu’ils le décrivent : This is about friendship. This is for friendship. Celle de deux groupes ukrainiens qui décident de cohabiter sur 3 titres, d’en faire un disque et de l’offrir.

Ouverture sur « Tantalus », avec Yotsuya Kaidan qui se prend au jeu de rallonger son titre : jusqu’alors adepte des envolées explosives, le combo relance son screamo en intégrant parfois quelques airs de Celeste via des blasts très Black Metal sur certains passages, pour au final revenir à ses racines et littéralement déployer une aura sur sa seconde moitié, presque funeste, aux allures de Aussitôt Mort. L’emprise d’Orchid s’est desserrée, ajustant ses sonorités sur d’autres orientations plus (Post)Hardcore. Au final, un bon titre, peut être pas avec autant d’impact que les précédents, mais qui remplit les attentes.

Du côté de Kat, l’embrasement prend la même forme, avec une ligne de guitare hypnotique (« Навсегда ») lorsque les sonorités Hardcore se posent sur l’ensemble (« Свой среди чужих »). Navigant entre ces styles plus ou moins proches, Kat confirme avec son second titre une sorte de cocktail un peu bâtard, mais au goût délicieux. Si l’on prend le temps de comparer avec Ров, le côté Botch semble un peu plus en retrait, cassant le côté chaotique en des structures plus classiques. On pourrait toutefois reprocher une prod vraiment sourde, qui rend l’ensemble très fouillis, étouffant les cordes et calfeutrant le chant au même niveau. Un titre comme « Свой среди чужих » aurait en effet gagné en lisibilité sonore si l’ensemble ne s’auto-étouffait pas.

Yotsuya Kaidan confirme, s’il en était besoin, son potentiel renversant, tandis que Kat s’affirme encore suite à Ров. Au travers de ce split, ce sont quasi 13 minutes bourdonnantes que certains sauront apprécier à leur juste valeur. Pour les autres, je ne prendrai même pas le temps de m’attarder, vous n’en méritez pas la peine.

A écouter : Tantalus et Свой среди чужих