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Biographie

Year Of No Light

Depuis 2001, la formation bordelaise Year Of No Light propose un alliage de sludge et de post-hardcore pesant matiné d'effets post-rock qui évoque entre autres Neurosis, Isis ou Cult Of Luna.
Suite à une demo prometteuse, Pierre Anouilh (Guitare), Jérôme Alban (Guitare), Julien Perez (Chant, Clavier), Johan Sebenne (Basse) et Bertrand Sebenne (Batterie) ont tourné dans le Sud de la France, plus quelques dates en Espagne. Doté d'une expérience scènique et de trois anciens membres de Metronome Charisma, le groupe sort son album Nord en 2006 qui devient vite un incontournable du genre.

Après s'être séparé de son chanteur en 2008, Year Of No Light devient entièrement instrumental et alourdi encore d'avantage sa musique avec l'aide du guitariste Shiran de Monarch et du batteur Mathieu. Plusieurs splits avec Karysun, Fear Falls Burning, NadjaMachu Picchu Mother Future, Rosetta et East Of The Wall suivent pendant l'année 2009, jusqu'à leur second album : Ausserwelt en 2010.

15.5 / 20
1 commentaire (14/20).
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Split avec Bagarre Générale ( 2014 )

C'est à présent devenu une habitude, les Bordelais de Year Of No Light sortent régulièrement des splits afin de combler la longue attente entre chaque album et y font généralement figurer une collaboration avec l'artiste qui partage la galette, exception faite de celui avec Altar Of Plagues. Ainsi, après Thisquietarmy ou Mars Red Sky, qui s'étaient également prêtés à cet exercice, et après avoir partagé l'affiche de nombreux concerts, c'est au tour de Bagarre Générale d'être logiquement invité. Un support qui leur ravit parfaitement, permettant un développement plus libre aussi bien sur leurs titres respectifs que celui en commun, et ce dernier venu le confirme.

Le disque s'ouvre avec Year Of No Light et le titre Sar Ha-Olam au premier abord déroutant. Si l'on y retrouve un son familier avec cette lourdeur reconnaissable et cette plage Ambient digne de Vampyr, sa disposition étonne. Pour le coup le sextuor a su se hisser là où on ne l'attendait pas, se rapprochant plus d'un Géhenne qui avait déjà étonné par sa durée à la sortie de Tocsin. Le titre d'ouverture ne s'aide pas d'une montée crescendo comme à l’accoutumée et préfère se dévoiler par un riffing frontal et répétitif, précédant un final aux espaces marqués par chaque instrument dans une veine plus habituelle mais tout de même grandiose.
S'ensuit la fameuse collaboration, Chapelle Ardente. Si les cuivres sur Tocsin s'étaient avérés distants et peu reconnaissables, enregistrer aux côtés de Bagarre Générale permet de pallier cela en accentuant cette atmosphère dramatique déployée telle une marche funèbre dont les batteries marquent le pas. Tandis que Year Of No Light surprend l'auditeur en repoussant par deux fois les codes instaurés par leur dernier album, sûrement, Bagarre Générale grandit dans l'ombre de ce split avant de littéralement s’élever sur leur morceau, Furvent.
Hymne en puissance sur plus d'un quart d'heure dont chaque partie qui le compose atteint un climax avant de s'effacer, laissant la place à une montée plus magistrale encore. La présence de cuivres dans cette formation étonnante et indescriptible en est indéniablement responsable mais leur utilisation relève davantage d'un vent d'inspiration que d'une simple marque d'originalité. Rappelant même par moments un certain Atom Heart Mother de Pink Floyd et digne d'une bande-son pour une rétrospective cinématographique de Stanley Kubrick, ce titre de Bagarre Générale est véritablement la pièce maîtresse de ce split.

Une formule qui a fait ses preuves, proposant plus fréquemment des titres inédits pour les formations dont le processus de composition d'un album est plus long et complexe. C'est également la possibilité de découvrir un groupe plus modeste illuminé par la notoriété de l'autre le temps d'un disque. L'ère du split est loin de s’éteindre.


En téléchargement gratuit sur Bandcamp.

A écouter : Furvent
16.5 / 20
4 commentaires (15.63/20).
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Vampyr ( 2013 )

Décidément, le cinéma classique est à l'honneur cette année. Après Vertikal de Cult Of Luna, directement inspiré du film Metropolis de Fritz Lang sorti en 1927, voici Year Of No Light play Vampyr. Il s'agit d'un projet que les Girondins avaient particulièrement à cœur de réaliser, celui de composer et interpréter une bande-son pour le chef-d'œuvre du même nom de Carl Theodor Dreyer. Cette expérience, qui ne devait être qu'un ciné-concert d'un soir, s'est transformée en tournée de près de deux ans jusqu'à l'ultime date de Bordeaux en février 2012, qui donna naissance à cet "album".

Passée une vague de changement de line-up accompagnée d'une redirection artistique qui suivit la sortie de Nord, on voit pour l'occasion le groupe s'exercer dans un dark ambient ponctué de drone, genre dans lequel on l'avait peu vu évoluer (hormis sur le split avec Thisquietarmy). Pour ceux que cela pourrait déstabiliser, cet opus aura tout de même droit à ses grands moments de sludge aux riffs lourds comme pour l'adaptation de Hiérophante et Abbesse (extraites d'Ausserwelt), légèrement remaniées ici en guise de final. Les textures sont diluées et les changements de parties se font tellement progressivement que les 16 titres s'écoulent sans que l'on en perçoive les coupes. Il faut dire que le groupe a parfaitement su s'approprier l'ambiance angoissante et schizophrène de l'œuvre de Dreyer tout en gardant ce son qui lui est propre. Cette fusion de nappes de guitare, de basse et de synthé avec cette légère touche de shoegaze est ici, plus que dans aucun autre de leur travail, mis en évidence. Même si regarder le film en même temps vous procurera une expérience optimale, la vidéo est loin d'être indispensable pour apprécier cet album. Malgré sa durée conséquente, il s'y dégage une certaine autonomie que très peu de musiques de ciné-concerts possèdent. En effet, ce projet ambitieux laisse place à une grande richesse sonore, parfois contemplative (Ombres), parfois émouvante (Deuil), parfois épique (Vampire), qui nous plonge dans ce concept effrayant aux frontières de la réalité où le doute cartésien vient s'immiscer dans notre esprit.

Les minutes s'échappent, puis les écoutes se répètent pour finir par entrevoir des passerelles entre les mélodies instrumentales des Bordelais et le long métrage réalisé 80 ans plus tôt. Une troublante similitude, à l'instar de la création du cinéaste Danois. Car là est le tour de force qu'a accompli Year Of No Light, réussir à accommoder une oeuvre aussi maîtrisée du septième art et y associer une musique qui à aucun moment ne prendra le pas sur le film et, inversement, ne disparaîtra sous ses images.


À propos du film :
Vampyr ou L'Etrange Aventure d'Allan Gray est un véritable classique du cinéma d'horreur réalisé en 1932 par Carl Theodor Dreyer. L'intrigue relate l'histoire d'Allan Gray, un jeune voyageur qui s'installe un soir à l'auberge de Courtempierre. Pendant la nuit, un vieil homme lui confie un paquet à n'ouvrir qu'après sa mort et lui explique que Léone, une de ses filles, est souffrante. Intrigué, Allan se rend au manoir du vieillard guidé par d'étranges ombres mais assiste, impuissant, au meurtre de celui-ci. Il ouvre donc le paquet qui contient un livre sur les vampires, puis apprend que Léone a été victime de l'un d'eux et que son esprit reste possédé par son agresseur. Il va alors tenter de la délivrer de cette malédiction.
Contrairement aux comtes Dracula ou Nosferatu, Drayer imagina le vampire simplement comme une vieille femme afin d'ancrer l'histoire dans un commun déstabilisant. Les plans et les cadrages sont d'une rare beauté et la technicité des effets spéciaux renforce la dimension onirique du film dans lequel on ne distingue jamais la part de réel des événements vécus par le personnage.

A écouter : Tout et d'une traite.
16.5 / 20
11 commentaires (16.3182/20).
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Tocsin ( 2013 )

La direction artistique prise par Year Of No Light depuis ses premiers efforts peut parfois laisser perplexe, alors que les disques se succèdent avec une qualité indéniable. Des compos prenant aux tripes de Nord à la bande son de film via Vampyr, les musiciens ont réussi à sortir des albums de très bonne facture, et ce malgré les mouvements de line-up il y a quelques années.
Tocsin s’annonce donc via un artwork pour une fois basé sur des teintes de blanc et bleu. Point d’alternances nuageuses ou de paysages sur fond de noir, plutôt quelque chose d’éthéré avec cette résonance d’ondes issues de la cloche centrale.
Les titres de morceaux ne sont pas en reste : « Géhenne » (fin des temps), « Stella Rectrix » (signifiant « L’étoile Maitresse »), « Désolation » ou « Alamüt », autant de noms qui continuent dans cette lignée initiée par Ausserwelt mais avec un mouvement plus post-apocalyptique. Et cette sensation ne se limite pas qu’aux titres puisque la musique n’écrase plus autant, n’apporte plus cette impression d’étouffement mais au contraire se libère, s’estompe presque par moment.
Cet aspect de la musique de Year Of No Light fait que Tocsin marque moins les esprits qu’à l’attendu mais cela n’empêche pas ce disque d’être profond, captivant, à la manière du monument Wings of Lead Over Dormant Seas de Dirge, chaque titre étant un parcours initiatique. L’aspect religieux de Tocsin est d’ailleurs un élément plus que plausible, notamment sur les significations de chaque titre : « Géhenne » est un terme présent dans les religions chrétiennes, judaïques et islamiques et « Alamüt » aurait - selon la légende - un jardin imitant celui du Paradis.

Ce nouvel album de Year Of No Light n’est donc pas celui que l’on pouvait attendre mais n’est heureusement pas en deçà niveau qualitatif. L’écoute se fera toutefois plus délicate, nécessitera plus d’attention pour arriver à atteindre la zone de plaisir de l’esprit. Des notes de « Tocsin » à celles d’ « Alamüt », il s’agit d’une sorte de rédemption désertique, avec ce clavier aérien des premières minutes, montée en puissance à fleur de peau qui s’assimilerait au calme qui précède la tempête, celui dont on se méfie tout en savourant la moindre minute. L’apocalypse y est Divine, l’Enfer n’existe pas ou n’est tout simplement pas approché par Tocsin. Au contraire, il ne reste qu’un paysage vide à perte de vue, apaisant mais dérangeant. Cette différence musicale se ressent sur la musique mais aussi l’avis que l’on peut se faire de ce nouvel album, beaucoup plus incertain sur ses premiers émois.

Tocsin résonne donc avec un côté plus léger qu’Ausserwelt, peut être un peu trop pour laisser une empreinte aussi nette que ses prédécesseurs dans la mémoire de celui qui en lancera l’écoute. Mais au global, ce sont vers les cieux que nous tire ce nouvel album, via une approche différente.

A écouter : Tout.
17 / 20
15 commentaires (16.53/20).
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Ausserwelt ( 2010 )

Year Of No Light y est finalement parvenu. A se décoller les baskets de leurs influences, et à ne retenir de Nord que le meilleur, pour y insuffler ponctuellement une noirceur abyssale. Les aquitains ont pris le risque d'étendre la durée de leurs morceaux au delà de 10 minutes et de faire une croix sur un chant qui pourrait apporter une contenance aux parties les moins inspirées. En contrepartie, une nouvelle guitare (la 3ème) tenue par Shiran (Monarch) et une seconde batterie (celle d'Aeroflot), métamorphosent Year Of No Light en sextet purement instrumental, littéralement plus sombre et anxiogène qu'auparavant.
 
Si la très classique première partie de "Perséphone" met en avant leur lyrisme aérien/shoegaze et leur tact mélodique bien connus, la seconde entre de plein pied sur les nouvelles étendues battues par Year Of No Light. Pris à la gorge, puis traîné sous terre par une rythmique tribale en béton-armé, le souffle cathartique se gonfle progressivement, et par intermittence, d'une gaine âcre modelée de riffs ultra-plombés et de textures poisseuses et acides. Year Of No Light déverse de la braise sur un lac gelé,  et c'est sur "Hiérophante" que tout converge, que le magma se structure au contact d'une surface aqueuse avide de matière et de volume. La lourde chape de plomb, parcourue d'arcs vibratoires, vient alors recouvrir une cathédrale sonore en perpétuelle (dé)construction.
Ausserwelt confronte les forces telluriques à bout de bras, aussi profondément que possible et avec une application de tous les instants. "Abbesse" achève le long périple par une éruption, massive, gorgée de cendres baignées de lumière noire et crépusculaire. Sans vendre leur âmes au diable (quoique ?) et en conservant la touche unique qui faisait de Nord un album post hardcore déjà remarquable et remarqué, Year Of No Light hisse son discours au delà des frontières stylistiques. Les bordelais creusent désormais leur propre sillon inspiré et inspirant, dédié à un mysticisme obscur qui sait ouvrir les bras à des faisceaux incandescents et pénétrants.

La version digitale de Ausserwelt sort sur l'excellent label belge Conspiracy Records (Monno, Maninkari, Nadja, Wolves In The Throne Room). Quant à l'édition 2xLP sur Music Fear Satan, qui met en exergue le superbe visuel, elle contient sur sa dernière face (comme d'accoutumé) un morceau supplémentaire, dont le nom, "Ossuaire", en dit déjà long sur le propos.

Tracklist : 1. Perséphone (enna) - 2. Perséphone (core) - 3. Hiérophante - 4. Abbesse  

A écouter : Pers�phone (core) - Hi�rophante
14 / 20
1 commentaire (15/20).
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Live At Roadburn 2008 ( 2009 )

3 ans après la baffe Nord, Year Of No Light décide de remettre le couvert. Pas avec un nouvel album, mais plutôt via quelques Splits avec Karysun ou Nadja et surtout un Live at Roadburn alliant musique et images. Car bien au-delà du son tout droit sorti du studio, Year Of No Light fait partie des groupes qui gagnent en impact en live, à la manière de Cult Of Luna ou Neurosis. Il va sans dire que dès les premières notes de Tu as fait de moi un homme meilleur, les poils se hérissent, les frissons gagnent en intensité et Year Of No Light piège l'auditeur jusqu'à le retrouver couché, épuisé et piétiné par le séisme sonore. Le combo a gagné, reste à savoir quelles auront été les instants décisifs.
 Face au premier opus, Live At Roadburn s'avère la face la plus brute, directe d'un groupe monolithique qui devient aussi glauque que Time To Burn sur Emma Peel. Etouffant, décuplant la puissance des quelques compos présentes sur ce disque, le son amplifie ce sentiment de perdition et de désespoir qui caractérisait déjà certains morceaux de Nord. Car au-delà du sentiment de (re)découvrir quelques titres dont l'excellent Cimeria, c'est la nouvelle dimension apportée par le Live face à un public sans doute à l'agonie qui reste le principal attrait de l'album. Metanoia crève les amplis, L'angoisse Du Veilleur De nuit D'autoroute devient palpable tandis que Les Mains de l'Empereur racle le sol... On remarquera rapidement le morceau avec Fear Falls Burning, The Golden Horn Of The Moon : précédé du pachydermique Les Mains de L'Empereur, ladite compo s'oriente vers un Drone Ambiant qui malheureusement peine à faire ployer l'auditeur. Certes, on devine un potentiel important sur certains riffs, mais à cet instant, le disque manque de puissance pour pousser les notes en avant. Cette sensation est fort regrettable car la fin qui s'annonçait plus que convaincante se voit réduite à un simple fatras sonore. Il ne reste qu'à voir ce qu'un titre de cette trempe donnerait avec le mixage adéquat, ou plus directement en studio...

 Quant à la tracklist, on pourra regretter l'absence d'un Par Economie Pendant La Crise On Eteint La Lumière Au Bout Du Tunnel ou Sélénite qui auraient pu prendre leur envol via un rendu final enfonçant encore plus la tête sous l'eau, jusqu'à cracher son dernier souffle sur un énième "Dors sans crainte, dors en paix. Léviathan", et ce même si Tu as Fait de Moi un Homme Meilleur pousse déjà la foule dans ses derniers retranchements.

 Ce Live At Roadburn est donc une autre manière d'aborder la musique de Year Of No Light. Pas de concessions, les compos ne souffrent pas d'une production brouillonne puisque c'est justement ce qui accentue le poids des notes et fera vibrer le sol une fois la platine lancée. Quant à l'orientation musicale que laisse présager le dernier morceau de ce LP, il va sans dire qu'elle s'avère des plus intéressantes si elle est soutenue par un son de qualité.

A écouter : Coll� aux baffles...
16.5 / 20
8 commentaires (16.94/20).
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Nord ( 2006 )

Suite à une première demo à laquelle il ne manquait qu'une production plus poussée pour créer la surprise dans le microcosme ultra-statique du heavy post hardcore, Year Of No Light passe aujourd'hui la vitesse supérieure avec un premier album sur Radar Swarm Records. Avec Serge Moratel (Knut, Impure Wilhelmina) aux commandes, les bordelais entrent de plein pied dans la cours des grands, en comptant bien s'y tailler une place, et pas des moindres.

Comptant 3 membres de feu Metronome Charisma dans leurs rangs, Year Of No Light poussent un peu plus loin leur post hardcore aux accents sludge prononcés. Nord prouve un peu plus à chaque morceau que les gaziers savent engendrer un son qui leur est propre malgré quelques réminiscences évidentes (Isis sur le début de "Somnambule" par exemple). Leur grande force, au delà la puissance que le groupe est capable de dégager via de lourds riffs abrasifs, est sans aucun doute leur réel tact pour enrober leur musique de somptueux passages éthérés/shoegaze. Le combo en use pour décoller, atterrir ("Les Mains de l'Empereur") ou tout simplement rester en apesanteur ("Prosodia", "L'Oeil Dans l'Oeil"). Nord alterne à merveille les passages envoûtants et les véritables brûlots au chant malade et écorché ("Par Economie Pendant la Crise"). Point d'erreur de dosage, point de temps-mort au sens premier du terme sur ce véritable premier jet, dont l'essence a vraiment de quoi séduire les blasés du genre
Year Of No Light fait preuve d'équilibre, de puissance comme de retenu, et tout simplement de maturité sur ces 11 morceaux (1h+), dont chaque coup d'éclat s'imprime en nous avec une réelle force. On écoute, puis on découvre, on ressent. La fois suivante, on réécoute, puis on redécouvre, de nouvelles sensations, de nouvelles émotions, de nouceaux détails. Nord est un objet aux niveaux de lecture multiples, qu'il serait bien dommage de remiser une fois les premiers moments de grâce mis à nus.

Avec ce premier album, Year of no Light se révèle, ambitieux et inspiré. Encore quelques cartouches du même calibre et il serait légitime de penser que les bordelais deviennent une référence. Optez sans hésiter pour l'édition vinyle  (Atropine Records / E-Vinyl Records), cette dernière possède un morceau supplémentaire.

Télécharger : Traversée.

A écouter : S�l�nite - Travers�e - Somnanbule
16 / 20
8 commentaires (14.31/20).
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Demo ( 2004 )

Year of No Light prend forme fin 2001 à Bordeaux autour de Pierre Anouilh (guitare), Jérôme Alban (guitare), Julien Perez (chant, clavier), Johan Sebenne (basse) et Bertrand Sebenne (batterie). Cette démo, premier enregistrement du combo, est le fruit d’une formation rodée sur scène, le groupe ayant donné de nombreux concerts en compagnie d’Isis notamment, ainsi que de plusieurs autres formations.

Venons en donc à cette démo, qui intrigue au premier coup d’œil. Ainsi, l’artwork, par ailleurs somptueux, attire l’attention avec ce rouge sang, très cru. Mais plus encore, les titres des chansons intriguent et laissent perplexes : pour la plupart très longs et peu communs (L’angoisse du veilleur de nuit d’autoroute les soirs d’alarme à accident ou encore Par économie pendant la crise on éteint la lumière au bout du tunnel), ils pourraient s’apparenter à du verbiage prétentieux et ridicule.
Fort heureusement, dès le disque lancé, nous voilà rassurés. Car nous sommes les témoins de l’explosion d’un authentique bombe. En effet, pour un groupe si jeune, pondre un disque de cet acabit relève de l’exploit. Leur son, qui n’est pas sans rappeler Isis par moments (tiens, tiens), contribue tout de même à leur créer une identité propre. Oeuvrant ainsi dans un Post Hardcore teinté de Sludge de grande qualité malgré une production qui montre clairement des moyens limités, rendant peu évidente voire impossible la compréhension des paroles, le groupe parvient à créer une ambiance lourde, menaçante, quasiment oppressante, du plus bel effet. Le groupe porte décidément très bien son nom. Ceci, allié à une alchimie parfaite entre les instruments (mention spéciale au batteur) et une voix déchirée, crachant en français (ce qui est assez rare pour être noté) son venin haineux et sa souffrance aux oreilles de qui veut l’entendre, contribue à laisser l’auditeur ébahi devant ce qui apparaît clairement comme une véritable démonstration de force. Le seul défaut de ce disque est finalement sa trop courte durée, qui n’excède pas une demi heure pour huit chansons dont trois pistes instrumentales, ce qui est relativement court quand on le compare aux autres productions du genre, mais il faut rappeler que ce n’est qu’une démo... Et oui que voulez-vous, face à tant de qualité, on aurait tendance à l’oublier.

En conclusion, nous avons affaire à une formation qui maîtrise totalement son sujet, et qui promet de grandes choses à l’avenir. On sent que Year of no Light sait où il va. Leur premier album devant arriver sous peu, on ne peut que frémir d’impatience avec l’explosion annoncée d’un futur grand de la scène sludge, qui devrait mettre tout le monde d’accord. De toute façon, "qu’importe qu’on les haïsse, pourvu qu’on les craigne".

La démo est disponible dans son intégralité en téléchargement gratuit sur le site du groupe (partie média).

A écouter : les titres sont aussi longs que bons, alors �coutez tout ;)