On s'en doutait un peu depuis quelques temps: des débuts très garage de Fever to Tell, il ne reste désormais plus grand chose. En 2009, il ne reste des Yeah Yeah Yeahs que la voix sensuelle et provocante de Karen O. Triste constat, puisque la charismatique chanteuse ne peut porter à bout de voix tous les morceaux. Parce qu'autant qu'elle minaude, elle ne peut masquer ce manque flagrant de relief. Parce que ses accents lascifs faussement innocents ne parviennent plus à provoquer l'érection.
It's Blitz devient alors un objet musical difficilement identifiable (et appréciable?) dans la discographie du groupe. Show Your Bones, malgré son incroyable facilité, avait pour lui de trouver les tubes qu'il fallait et de concilier la rage brute du trio à des riffs rock simples et entêtants. It's Blitz n'a ni l'un, ni l'autre. Zero, qui entame l'album, augure entièrement de ce qu'est cette nouvelle sortie. Un mauvais soap, niais (il suffit de lire les paroles), dégoulinant de sucre rose sous des effets claviers aux consonnances 80's, maladroitement produits (Dave Gahan, sors de ce corps!). Un terrible penchant pour la platitude qui revient (trop) régulièrement sur 40 minutes pour permettre de passer le cap de la première -pénible- écoute (Dragon Queen n'a pour elle, par exemple, que cette mode funky kitsch qui arrache un sourire condescendant).
Les guitares ont donc été troquées contre des sons synthétiques, vers un nouvel exutoire d'une sensualité moins sauvage, plus érotiquement domptée? Une vraie bonne mauvaise idée dont ne ressort que Heads Will Roll, tube incontestable pourtant dénué de toute originalité et de prétention. Il suffit de se caler l'intro et frémir en écoutant la voix charnelle de Karen O (par qui on se laisserait bien couper la tête, pour le coup) pour comprendre qu'il y a, cependant, à la base, un vrai potentiel fresh et catchy qui n'est pas du tout exploité par la suite (Skeletons et ses claviers guimauves est l'exemple parfait du titre inutile). Un coup d'épée dans l'eau, malgré une volontée assumée de bien faire (ceci n'est qu'une supposition). On sent même une pointe de nostalgie sur Dull Life, guitares dehors, monosyllabes aboyées sur une rythmique easy-listening. Parler de "moment fort" sur un morceau qui rappelle fadement les précédentes productions n'est pas forcément un gage de qualité.
Ce n'est rien d'autre que la frustration d'assister à un rendez-vous manqué. It's Blitz ne mesure pas ses ambitions, s'avère décevant au regard des moyens engagés. Alors, oui, notre chanteuse autrefois hystérique, joue bien sur tous les registres; elle continue de faire fantasmer mais il faut un peu plus d'imagination. Ce qui se révèle à la longue fatigant et vain. Vain. Triste constat.
A écouter : Non