En tant que groupe français qui a réussi à se faire une bonne petite place sur la scène Metal depuis ses débuts en 2014, Xaon a sorti, en 2022, un troisième opus particulièrement attendu suite au succès rencontré par Solipsis. The Lethean, auto-produit par la formation, promet une nouvelle fois d’affirmer un Death Metal Symphonique épique où l’orchestration puissante anime les compositions.
La piste d'ouverture, The Lethean, introduit tout un univers, une ambiance musicale. Un petit point histoire mythologique s’impose d’ailleurs, pour bien comprendre de quoi retourne cet album, les paroles et les imageries présentes. The Lethean fait écho au fleuve Léthé, une des cinq voies d’eau parcourant le royaume des Enfers. Arrivées dans ce purgatoire, les âmes des défunts allaient y boire afin d’oublier leur passé. Personnification de l’Oubli, Léthé (fille d’Éris, la Discorde) est souvent confondue avec le fleuve lui-même. Une fois cela en tête, on comprend bien qu’un sens très profond se dégage de cet opus. La piste introductive, entièrement instrumentale, revêt une émotion particulière, presque divine. Le début est certes lent, doux, apaisant, mais un sentiment d’urgence mêlé d’une certaine grandeur se dégage au bout d’une petite minute, souligné par l’entrée des violons et des cuivres qui alimentent cette sensation. Se produit alors une coupure nette, ouvrant sur le morceau suivant, The Hunt, avec une batterie très puissante, brute, comme si, debout devant la porte des Enfers, nous nous trouvions instantanément transportés dans son abîme le plus profond.
La force de Xaon est clairement celle de la composition, de la mise en scène. L’aspect cinématographique se matérialise très rapidement à l’écoute des morceaux. Si votre imagination vous le permet, vous n’aurez aucun mal à vous représenter le voyage de ce personnage voué au tourment éternel. La plupart des titres mettent la musique au service d’une histoire et proposent des variations ou multiples ponts, afin de faire ressortir davantage d’émotions, à la manière d’un Avantasia, dans une toute autre mesure bien évidemment. Les différentes approches vocales de Rob Carson (Chant), qui allie chant saturé guttural, à une voix plus douce et posée, parsèment The Lethean et contribuent également à cette volonté, notamment dans And Yet I Smile. Probablement l’une des meilleures compositions de l’album : l’arrangement orchestral est absolument divin, sublime, dantesque, et ce, tout du long. La voix claire vient quant à elle, ponctuée en français, un pont tout à fait original, complètement à l’opposée d’un Death Metal brutal. Le morceau se termine alors comme une ritournelle majestueuse, une ode à l’acceptation de la douleur reprise à la fois par des chœurs, une voix éraillée et autres cris de délivrance.
A Kiss Of Winter n’est pas en reste non plus grâce à l’intégration de mélodies orientales que personne n’a vu venir. Un côté martial aux compositions se dégage également. Telos, quant à lui, morceau fermant la marche de The Lethean, est une magnifique ballade axée autour d'un duo guitare / voix. Le chant légèrement éraillé, sensible, met en avant l’émotion qui transparaît dans ce titre et octroie à ce voyage digne des plus grandes épopées une fin douce, apaisante.
Chaque morceau a quelque chose à nous raconter. Ces différentes histoires sont alimentées grâce à des références à la mythologie grecque, comme par exemple le mythe d’Icare dans If I Had Wings, le fleuve Léthé dans plusieurs titres et plus globalement le mythe des Enfers. Des passages plus théâtraux, que l’on côtoie dans A Golden Silence ou encore And Yet I Smile permettent sans grande difficulté de visualiser ces titres et de s’imaginer transporté.e au cœur de L'Enfer de Dante. The Lethean est une réussite absolument magistrale. Le travail de composition pour cet album est phénoménal et en tout point excellent. Xaon a fourni une nouvelle fois un album plus que convaincant, qui place la barre très haut pour leur quatrième effort.