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Biographie

WuW

WuW, ce duo de frères que sont Benjamin (batterie, synthés, ingé son) et Guillaume Colin (guitares, basse et synthés), pratique depuis 2016 un Post-Metal / Doom à l'écriture influencée par leur formation classique, le Free Jazz ou encore le Drone. Signés d'abord chez Prosthetic Records, ils sortent le premier album Rien Ne Nous Sera Epargné en 2018 puis Rétablir L'Eternité deux ans plus loin. Le duo change de crèmerie pour Pelagic Records en 2023 avec son troisième long format L'Orchaostre.
(crédit photo : Brian Ravaux)

Chronique

17 / 20
2 commentaires (12.5/20).
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L'Orchaostre ( 2023 )

Depuis 2016 WuW est un dossier familial, deux frangins (Benjamin et Guillaume Colin) en duo y déclarent leurs intentions lourdement poétiques à travers un Post-Metal / Doom instrumental bouffé d’expérimentations Drone ou Lo-Fi, encerclé d’une touche de Free Jazz et de musique classique (comme leur formation), assez proche de Dirge ou de Year Of No Light. Rien Ne Nous Sera Epargné plantait en 2018 le décor post-apocalyptique d’un paysage sonore désolé, Rétablir L’Eternité aux claviers plus présents éclaircissait un brin l’horizon en 2020 sans pour autant réussir à esquiver la fange de nos destinées funestes, et enfin L’Orchaostre vient encore étoffer le merdier, en cinq mouvements dévastateurs.

On déambule cette fois parmi les ruines de nos existences, à la recherche d’un espoir évaporé sous un soleil de plomb, brûlant chaque jour nos maigres chances de survie. Guitares et synthés fondent et se dispersent dans les organismes, vigoureusement infectés par les frappes écrasantes d’une batterie mêlée à la basse prédatrice. Les textures évoluent mais demeurent parasitées, en proie aux vibrations sismiques, d’où émergent quelques mélodies entre les failles, à la fois stridentes et fragiles (Orchaostre 2). Alors que l’on tente de contempler le bout du chemin inatteignable, tel un mirage, la massive réalité crue enfonce nos rêveries sous le terrain craquelé de nos culpabilités. Ce voyage sans véritable objectif autre que de constater notre misère semble être une épreuve éternelle, mais une lueur jaillit au fond du gouffre (Orchaostre 4) et on court vers elle, on trébuche, le rythme est cassé, on reste convaincu que la vie réside là, quelque part sous les décombres à priori insurmontables.

Il y a forcément quelque chose, derrière les murs immenses de riffs toujours plus gargantuesques. On entame alors l’escalade pied au plancher, au bord de la rupture néanmoins déterminé, à l’ascension d’une paroi monolithique aux prises rares, porté par le martèlement incandescent et les notes stellaires qui résonnent et s’entrechoquent jusqu’au sommet (Orchaostre 5). Puis le silence, brutal, assourdissant, laisse pantois, éreinté, impatient de savoir si l’avenir sera plus respirable, ou non.

A la fois expression d’une beauté surnaturelle et constat froid, implacable de la dimension éphémère d’une humanité autodestructrice au sein de l’univers, la musique de WuW atteint ici son apogée. L’Orchaostre est aussi (comme son nom l’indique pas mal) l’orchestration du chaos, d’une forme de néant triste d’où émerge toutefois quelques grammes de bonheur étrange, auxquels on s’accroche corps et âmes, à tort ou à raison, c’est pas la question.

L'orchestration du chaos sur Bandcamp.

A écouter : et à éprouver.