Les Parisiens ne s’emmerdent pas en tergiversations surfaites et nous fessent brutalement via un premier disque assez ramassé (24 minutes) mais d’une densité rare, gavé de groove indécent et de riffs surpuissants. C’est bien simple, Extinction abrite environ tout ce que le Hardcore / Metal orienté côte est a de plus pertinent à offrir, nécessairement signé sur un des labels les plus croustillants en la matière, BDHW Records (dont la précédente sortie n’est autre que l’incroyable et vital Street Heat de Slope), sans toutefois se démarquer clairement des darons du genre : en vrac Merauder, Kickback ou Cro-Mags.
On repassera pour l’originalité donc, mais on est pas vraiment là pour ça et il faut reconnaître qu’on ne trouve pas légion de ce genre de formation au pays du flashball, du jambon, du fromage et des choses très concrètes. L’efficacité prime, les dix projectiles atteignent leur cible avec une précision redoutable, amorcés par un feeling vénère de tous les instants, forgé dans les guitares à la sensibilité Death Metal et dans la « souplesse rigide » d’une section rythmique forcément centrale. L’extinction nous guette et elle ne fera pas dans le détail, pas de discrimination. On pige la fatalité du projet dès l’intro chargée d’un riff grassouillet, un amuse-bouche très calorique avant la destruction de cervicales attendue : Dehumanized tape des deux pieds dans le Beatdown, le hurleur expose ses plus belles glaires sur le chaloupé Importer’s Reign, la six cordes fait péter quelques solos au milieu de Despise Death pour mieux déboîter les mâchoires à la fin, tandis qu’Extinction aplatit ce qui pouvait vaguement ressembler à de l’espoir et que Crushed anéantit pour de bon les fondements de nos civilisations grand remplacées. La conclusion post-apocalyptique se fera en deux temps, The Tormentor et ses breaks à se ruiner le bas du dos, puis Filth In The Wound qui synthétise le merdier, partagé entre la violence rythmique d’un socle basse/batterie incandescent et les timides mélodies de guitare au teint 90’s, vestiges du monde d’avant.
Worst Doubt affiche sa volonté de réhabiliter le Hardcore de rue dans nos contrées, et cette Extinction y parvient haut la main, dopée au Death Metal et bénéficiant d’un rendu à la hauteur d’une écriture brutale. Un sacré coup de boule mais pas pour autant bas du front.
A écouter : vigoureusement.