Mieux vaut tard que jamais ! Worn In Red sort son premier album fin 2009 chez le label de Gainesville No Idea Records et envoie un bon coup de panard dans la fourmilière. Alors que tout le monde se branle sur une vague Screamo qui se mord la queue depuis belle lurette, le quatuor originaire de Virginie rajoute à ce courant une noirceur Hardcore poisseuse et une force de frappe qui fait toute la différence…
A la manière de leurs label-mates Glass And Ashes ou feu-Planes Mistaken For Stars, Worn In Red jouent un Punk-Rock émotionnel enrobé de chants caustiques et plus décapants que du Destop. Ici, aucune démonstration technique ou astiquage de manche, on opte pour de l'efficacité et de la puissance à l'état brut. Tout l'album oscille entre éléments Punk-Rock, Hardcore, Post-Punk, Screamo et Emo, sans jamais tomber dans le cliché de l'un ou de l'autre, mais toujours en prenant le meilleur de chacun.
Vital Joys met tout de suite dans le bain : 1 minute et 30 secondes de tabassage en règle, apnée sonique appuyée par des guitares s'entremêlant jusqu'à suffocation. Un break salvateur nous laisse reprendre notre souffle in-extremis, et l'on replonge directement dans les abysses de Piled Like Bricks, parfait exemple du savoir-faire de Worn In Red. L'oxygène se dissout dans le sang, la pression ne fait qu'augmenter à mesure que l'on plonge dans cet album : une intro faites de riff saccadés, un couplet mélodique bercé de voix écorchées et un refrain dévastateur nous traînant au plus profond du cercueil que Worn In Red nous a taillé sur mesure…
Heureusement pour nous, la force de In The Offing se trouve dans toutes ces respirations que le groupe a parsemé dans leur musique, rappelant par moment Haram, autre combo originaire de Virginie ; les moments plus mélodiques du chant (sur And You Knew ou When People Have Something To Say) et l'alternement entre les deux chanteurs, ou les parties instrumentales (Resigned, Not Resigning, As Best We Can) contribuent grandement à la réussite de cet album, et permettent aux passages pieds au plancher d'avoir bien plus d'impact tout en offrant à l'auditeur quelques bouffées d'air.
En écoutant cet album les yeux fermés, on n'a aucun mal à s'imaginer face au groupe dans une salle obscure du fin fond des Etats-Unis… voyage pas cher et auréoles sous les bras garanties.