Wormed

Technical brutal death

Espagne

Omegon

2024
Type : Album (LP)
Labels : Season Of Mist
Tracklist
01. Automaton Virtulague
02. Pareidolia Robotica
03. Protogod
04. Pleoverse Omninertia
05. Malignant Nexus
06. Virtual Teratogenesis
07. Aetheric Transdimensionalization
08. Gravitational Servo Matrix
09. Omegon

Chronique

par Rillettes

Si on fait le calcul, attendre 5 ans pour un album de 41 minutes revient à attendre plus d’une semaine pour une minute de composition. Environ 2 morceaux par an puisque ce Omegon en comporte 9. C’est long. 

Heureusement, ce premier semestre de 2024 a été particulièrement généreux en Death Metal qualitatif pour ne pas trop penser à ce vide laissé dans la scène espagnole : UlcerateFractal Generator, Cognitive, Replicant, Vitriol, un très bon Benighted pour ce qui est de la scène française… On a eu à manger, et de beaux gros morceaux. Mais en ce qui me concerne, l’absence prolongée de Wormed commençait à m’inquiéter. Secoué par le décès de Guillermo Calero (qui était alors le batteur du groupe) en 2018, les bonhommes avaient tout de même sorti un excellent EP en 2019 (Metaportal) ainsi qu’un curieux split avec Copremesis en 2022, et je me doutais que quelque chose mijotait dans le chaudron cosmico-métaphysique  (vous aurez lu ce terme fumeux pour la première fois de votre vie ici) des Hispaniques.

Cinq ans de temps de cuisson, le temps qu’il faut pour mitonner huit titres (et un interlude) d’un Death metal à la croisée du brutal Death et du Death technique. Et pour parachever le tout, un mix et mastering made in Colin Marston (jouant chez Gorguts, Krallice et un tas d’autres projets plus confidentiels et tordus). Première collaboration de Wormed avec le génie américain, ce qui explique ce mix moderne mais déjà plus aéré que ceux des précédentes productions qui donnaient un peu mal au crâne, reconnaissons-le. Notons également l’arrivée de D-Kazar au poste de second guitariste en 2021, qui a participé à la composition de Omegon.

Le changement de cap opéré par Wormed depuis Metaportal n’est pas flagrant : leur riffing dissonant et étouffant est toujours là, accompagné du growl ultra guttural de Phelegeton. Pourtant, on remarque que les compositions sont moins directes : le groupe a perdu en brutalité ce qu’il a gagné en dissonance. Pas de panique : le batteur tartine toujours très sévèrement, notamment dans quelques accélérations foudroyantes au milieu de gros palm mutes ou d’arpèges grinçants. Malgré des accès de violence toujours présents, Wormed montre une facette de plus en plus atmosphérique (qui pourrait rappeler Mithras à certains moments) et tournée vers des ambiances cosmiques qui semblent inspirer le quintet depuis ses débuts, plus présentes dans ce récent opus.

Comme écrit plus haut dans cette chronique, 2024 est une superbe année pour le Death et en particulier pour le Death dissonant, emmené par les brillants UlcerateOmegon prolonge cette euphorie que procurent les mesures asymétriques et les guitares malades : comme une machine infernale au bord de l’agonie, Wormed produit des sons inquiétants qu’on ne s’attend jamais à entendre, même chez un groupe de Death. Imprévisible et protéiforme, le riffing louvoie entre frappes directes à la gorge et coups fourrés bien vicelards avec cependant toujours le même but et le même résultat : casser la gueule.

Et c’est bien ce que fait Omegon : il met de gros parpaings en travers de la tronche des courageux.ses auditeurices* qui pourront encaisser frontalement les assauts répétés de Wormed, heureusement espacés par de courtes outros et intros. Attendre encore cinq années pour le petit frère ? Je signe.

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* pour les remarques à propos de l’écriture inclusive, merci d’envoyer un mail à [email protected]

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