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Biographie

Wormed

Formé en 1998, Wormed ne tarde pas à sortir une démo, Floating cadaver in the monochrome l'année suivante. Le premier album, Planisphaerium, arrive en 2003 chez Macabre Mementos records. Le groupe se fait un nom au Japon puis en Europe et joue avec Malignancy et Despondency.                                                                                        
En 2013 sort Exodromos sur le label Willowtip records, suivi par Krighsu en 2016 avec Season of mist.

Le groupe continue sa collaboration avec le label français en publiant en 2019 un EP, Metaportal.

Chroniques

Omegon Metaportal

Omegon ( 2024 )

Si on fait le calcul, attendre 5 ans pour un album de 41 minutes revient à attendre plus d’une semaine pour une minute de composition. Environ 2 morceaux par an puisque ce Omegon en comporte 9. C’est long. 

Heureusement, ce premier semestre de 2024 a été particulièrement généreux en Death Metal qualitatif pour ne pas trop penser à ce vide laissé dans la scène espagnole : UlcerateFractal Generator, Cognitive, Replicant, Vitriol, un très bon Benighted pour ce qui est de la scène française… On a eu à manger, et de beaux gros morceaux. Mais en ce qui me concerne, l’absence prolongée de Wormed commençait à m’inquiéter. Secoué par le décès de Guillermo Calero (qui était alors le batteur du groupe) en 2018, les bonhommes avaient tout de même sorti un excellent EP en 2019 (Metaportal) ainsi qu’un curieux split avec Copremesis en 2022, et je me doutais que quelque chose mijotait dans le chaudron cosmico-métaphysique  (vous aurez lu ce terme fumeux pour la première fois de votre vie ici) des Hispaniques.

Cinq ans de temps de cuisson, le temps qu’il faut pour mitonner huit titres (et un interlude) d’un Death metal à la croisée du brutal Death et du Death technique. Et pour parachever le tout, un mix et mastering made in Colin Marston (jouant chez Gorguts, Krallice et un tas d’autres projets plus confidentiels et tordus). Première collaboration de Wormed avec le génie américain, ce qui explique ce mix moderne mais déjà plus aéré que ceux des précédentes productions qui donnaient un peu mal au crâne, reconnaissons-le. Notons également l’arrivée de D-Kazar au poste de second guitariste en 2021, qui a participé à la composition de Omegon.

Le changement de cap opéré par Wormed depuis Metaportal n’est pas flagrant : leur riffing dissonant et étouffant est toujours là, accompagné du growl ultra guttural de Phelegeton. Pourtant, on remarque que les compositions sont moins directes : le groupe a perdu en brutalité ce qu’il a gagné en dissonance. Pas de panique : le batteur tartine toujours très sévèrement, notamment dans quelques accélérations foudroyantes au milieu de gros palm mutes ou d’arpèges grinçants. Malgré des accès de violence toujours présents, Wormed montre une facette de plus en plus atmosphérique (qui pourrait rappeler Mithras à certains moments) et tournée vers des ambiances cosmiques qui semblent inspirer le quintet depuis ses débuts, plus présentes dans ce récent opus.

Comme écrit plus haut dans cette chronique, 2024 est une superbe année pour le Death et en particulier pour le Death dissonant, emmené par les brillants UlcerateOmegon prolonge cette euphorie que procurent les mesures asymétriques et les guitares malades : comme une machine infernale au bord de l’agonie, Wormed produit des sons inquiétants qu’on ne s’attend jamais à entendre, même chez un groupe de Death. Imprévisible et protéiforme, le riffing louvoie entre frappes directes à la gorge et coups fourrés bien vicelards avec cependant toujours le même but et le même résultat : casser la gueule.

Et c’est bien ce que fait Omegon : il met de gros parpaings en travers de la tronche des courageux.ses auditeurices* qui pourront encaisser frontalement les assauts répétés de Wormed, heureusement espacés par de courtes outros et intros. Attendre encore cinq années pour le petit frère ? Je signe.

* pour les remarques à propos de l’écriture inclusive, merci d’envoyer un mail à [email protected]

A écouter : En entier
17 / 20
1 commentaire (17.5/20).
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Metaportal ( 2019 )

Un nouvel EP de l'entité Wormed était l'occasion pour tout fan de Death metal de faire une petite fête. Fournissant des sorties d'excellentes qualités depuis Planesphaerium, les madrilènes ont largement confirmé leur statut de groupe moteur de la scène Death européenne. Délivrant un chaos musical basé sur l'espace, l'astronomie et tentant presque le concept album avec Krighsu, la recette de Wormed n'a que peu changé et c'est tant mieux.

On retrouve sur Metaportal ce que le groupe sait faire depuis 20 ans maintenant : des compositions mêlant death technique, grind et slam death. Mais la tendance qu'a Wormed à distiller des ambiances est de plus en plus présente, et Metaportal n'échappe pas à la règle. Quelques samples en outro de Cryptoubiquity, de la voix parlée sur Remote void : l'auditeur est de nouveau perdu dans le vide sidéral, à la merci de quelque mystérieuse et cruelle forme de vie extraterrestre.

Evidemment, le groupe excelle toujours dans la violence la plus débridée et l'arrivée à la batterie de V-Kazar en 2018 n'a en rien refroidi les ardeurs de Wormed. Les guitares sont toujours aussi agressives, jouant énormément sur les dissonances comme chez Gorguts ou Ulcerate : le jeu de Migueloud est reconnaissable, et le growl de Phlegeton, dernier survivant du line-up original, se fait plus varié qu'à l'accoutumée.

Ayant franchi encore une étape dans l'écriture, Metaportal est une preuve supplémentaire du savoir-faire des Espagnols. Les compositions sont variées, les riffs s'articulent magnifiquement les uns aux autres : Wormed a produit une œuvre cohérente, marquée de l'identité du groupe mais réussissant à apporter quelque chose de nouveau. Et en bonus, la production ultra-compressée à laquelle les anciens opus nous avaient habitués s'est un peu aérée, rendant l'écoute un peu moins fatigante.

Vous l'aurez compris, difficile de passer à côté de cette petite gâterie sortie au milieu de l'été. Brutal mais réfléchi, ce nouveau Wormed est un EP très riche et jouissif qui aide à attendre la prochaine grosse offrande du groupe.

A écouter : Cryptoubiquity