Wits End
Emo Hardcore

Ep
Chronique
Quoi de plus normal que de retrouver chez Wits End la plupart des réflexes conditionnés en provenance directe des hymnes désespérées de Catena Collapse et des mélodies translucides de The Birds Are Spies, They Report To The Trees. Fortement marquée par les Indian Summer, les Ordination Or Aaron et les Chino Horde, la scène emo hardcore norvégienne, aussi talentueuse soit-elle, n'est pas si grande. Les groupes se forment, se séparent, se croisent puis se retrouvent autour de cette envie inaltérable d'aller à chaque fois un peu plus loin, ensemble, dans leur expression bruyante et marécageuse du Spleen.
Chez Wits End, les références aux fondamentaux US sont une évidence. Ce sont principalement leurs mélodies instinctives parcourues de paroles faussement abattues, et tenues sur le devant par une assise rythmique punk jusqu'à l'os - il faut écouter cette basse ronflante et ce batteur alerte à chaque instant - qui greffent le pouls de ce premier 7" à celui des 90's, définitivement immortel. Pour le reste, les norvégiens savent parfaitement y faire dans l'agencement de leurs idées et dans la balance des plans cristallins avec d'autres nettement plus hardcore. C'est d'ailleurs les tirades les plus énervées, et bien souvent les plus sombres, qui donnent à Wits End sa légitimité créatrice. Ce sont dans les moments où les faisceaux d'émotions – ainsi que le chant - amassent du gravier acéré sur leur chemin de croix, et que la dernière parcelle de lumière rend l'âme, que Wits End découvre finalement la sienne, épuisé mais à nu. Ce n'est que pour mieux répondre à sa véritable identité - matérialisé par le visuel du disque, quasi-funéraire et morbide - que Wits End semble creuser sa propre tombe et tourne intuitivement les talons à la moindre luminosité. "The Last", premier titre enregistré pour le split 7" avec Tjuvjakt à venir en septembre, ne fait que mettre en exergue ce caractère funèbre, par la digestion d'influences crust de leur propre berceau scandinave. Il serait de bon ton de croire que la marge de progression de Wits End est encore remarquable.
En écoute sur Bandcamp.