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Biographie

Wintersun

Originaire de Finlande, et effectuant une musique aux croisées du Black-Metal,du Power-Metal et de Folk-Metal, Wintersun est le projet solo du chanteur Jari Mäenpää qui quitte Ensiferum en 2004 pour fonder ce groupe. Jari Mäenpää réalise seul son premier album éponyme en jouant de tous les instruments hormis la batterie interprétée par Kai Hahto. Viendront plus tard pour la scène et pour ce qui sera le line-up définitif du groupe, Jukka Koskinen à la basse et Teemu Mäntysaari comme deuxième guitariste. Le prochain album Time doit sortir depuis plusieurs années déjà.

Chronique

14 / 20
1 commentaire (14.5/20).
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The Forest Seasons ( 2017 )

Les fans de Death-Mélo-Symphonique ou de Prog bourrin et épique auraient pu se réjouir d'écouter un nouveau Wintersun, il y a dix ans. D'office catalogués comme les maîtres du game dans ce domaine grâce à un premier album magique, les Finnois ont ensuite accumulé les controverses qui font que nous sommes si méfiants aujourd'hui. Huit ans de teasing et de déboires pour aboutir à Time I, la promesse non-tenue que Time II arriverait quelques mois après (l'album est "en mixage" depuis début 2013), les attentes interminables et les justifications étranges ("les ordinateurs actuels ne sont pas prévus pour gérer autant de pistes que ce que requièrent les orchestrations de nos chansons"...), une campagne de crowndfunding (la première d'une série de trois) pour financer un studio au groupe... Maintenant, le doute est définitivement installé. Quand Wintersun annonce, il y a à peine quelques mois, qu'un nouvel album s'apprête à sortir, on prend ça avec des pincettes. Avec combien de retard ? Avec quel budget ? Aura-t-il une suite qui n'arrivera finalement pas ?
 
Mais les mauvaises langues sont bien obligées de constater - et moi le premier - que l'album est effectivement là. Ils l'ont dit, et ils l'ont fait. Pourtant, quelque chose ne va pas. Certes, pour une fois, le groupe tient sa promesse, mais est-ce suffisant ? Sortir un album, après tout, c'est le minimum syndical qu'on demande à un groupe.
 
Et en effet, dès la première écoute, The Forest Seasons semble un disque trop évident, sans suspense, voire artificiel. Déjà par son concept, déjà-vu depuis 1725 (big-up Antonio Vivaldi, si tu nous lis...) : quatre saisons, quatre morceaux, avec un printemps et un été plus mélodique et un diptyque automne-hiver plus mélancolique et sombre... Wintersun tombe dans la facilité, le concept est tellement bateau qu'il devient plus un prétexte qu'autre chose, et les morceaux s'écoutent aussi bien dans l'ordre logique qu'indépendamment les uns des autres. Côté paroles, même constat : on évoque les cycles, celui des saisons, celui du jour et de la nuit, qui bien sûr sont des métaphores de celui de la vie, et le tout est parsemé de juste ce qu’il faut d’allusions épiques et cosmiques pour coller à l’imagerie Wintersun. Rien de bien folichon, tout ça.
Quant au reste, peu d’éléments peuvent rattraper la flemmardise affichée du contexte. La composition tourne en rond, on sent certains passages rallongés artificiellement. Quitte à se restreindre à quatre titres, au lieu de les s’étendre sur 12 à 15 minutes, un EP court et efficace n’aurait-il pas été un choix judicieux ? On notera aussi le caractère assagi de beaucoup de parties. Là où Wintersun nous avait habitué aux sextuple-croches à 10000 bpm, ici beaucoup de passages sont plus mous. Oui, mous. L’intro de l’album sonne tellement Nightwish… Même le blast au début de Eternal Darkness (Autumn) n’arrive pas à convaincre, ça sonne forcé, surtout comparé à Beyond The Dark Sun ou à Sons Of Winter And Stars, les hits des précédentes sorties du groupe. Enfin, notons que la production laisse perplexe, venant d’un perfectionniste comme Jari Mäenpää (je vous ai déjà dit que Time II est en mixage depuis début 2013 ?) : les guitares sont étonnamment peu précises et très en retrait comparée à la voix. Qui elle, en revanche, est parfaite tant sur l’interprétation que sur la production. On notera par exemple des growls très graves (au milieu environ de Awaken From The Dark Slumber (Spring) et de Eternal Darkness (Autumn), la fin de The Forest That Weeps (Summer)), inattendus chez Wintersun, qui complètent parfaitement les screams toujours qualitatifs du frontman, et les chœurs en chant clair sont plus épiques et puissants que jamais.
 
Remarquez que jusqu’à présent, la musique en elle-même n’a pas vraiment été abordée. On y vient. Mais on attaque ce nouvel opus des Finnois avec tant d’appréhension et d’aprioris qu’on dissèque la galette, qu’on l’examine sous toutes les coutures pour lui chercher toutes les tares possibles. Malgré ça, en faisant l’effort de s’affranchir des idées reçues et en écoutant The Forest Seasons avec de la bonne volonté… Eh bien, l’album tient la route.
Plus proche de l’éponyme que de Time I dans la composition, les titres répètent la recette du groupe en leur propre sein : beaucoup de répétitions, d’idées conjuguées de différentes façons. Le riffing est toujours efficace, et les orchestrations moins pesantes que dans Time I (ce qui le rapproche de Wintersun, mais qui lui donne cet aspect « fan-service, écrit à la va-vite » comparé au deuxième album). On appréciera que ces parties de claviers, de chœurs, et d’orchestre soient vraiment au service du Death-Mélo, et pas l’inverse ; car jamais elles ne se retrouvent à étouffer l’agressivité du groupe comme ça pouvait être le cas sur Time I. Toute la fin de Awaken From The Dark Slumber (Spring) est le meilleur exemple du caractère cinématographique et grandiloquent de la musique de la formation.
Plus sombre mais pas plus violent, le mouvement associé à la saison hivernale conclut The Forest Seasons de façon poétique, intense et poignante, avec plus de chant que de cris ; un exercice auquel Wintersun s’était déjà essayé mais pas à l’échelle d’un morceau entier, de treize minutes de surcroît. Eternal Darkness (Autumn) renouvelle aussi un peu le style de la bande à Jari Mäenpää, en y intégrant des influences très Black Metal ; à nouveau quelque chose de déjà présent mais jamais aussi concentré. Le groupe s’ouvre ainsi des moyens élégants de ne pas trop tomber dans l’auto-plagiat.
 
The Forest Seasons est l’album qu’on voudrait ne pas aimer. Trop évident, sorti à l’arrache, avec une prod douteuse, sans motivation artistique mais plutôt pour faire patienter le public qui trépigne d’attendre Time II ; le disque aurait dû finir de faire passer ses auteurs pour des escrocs. Sauf qu’au final... Des orchestrations plus digestes que sur l’opus précédent, un chant maîtrisé au point qu’on en oublie l’étrange son des guitares, des influences bien restituées, et hop, c’est reparti pour un tour. On se remettrait presque à espérer quelque chose de bénéfique ou de surprenant pour Time II... Enfin, d’ici à ce qu’il sorte... Je vous ai déjà dit qu’il est en mixage depuis début 2013 ?

A écouter : Awaken From The Dark Slumber (Spring), Eternal Darkness (Autumn), Loneliness (Winter).