C'est cool !! Excellent sauf el sol (feat Carpenter) dommage
Will Haven
Noisecore

Muerte
01. Hewed With The Brand
02. Winds Of Change
03. Kinney
04. The Son
05. 43
06. No Escape (feat. Mike Scheidt)
07. Unit K
08. Ladwig No. 949
09. Bootstraps
10. Now In The Ashes
11. El Sol (feat. Stephen Carpenter)
Chronique
Nous sommes en 2018 et les relativement discrets voisins de palier de Deftones ne lâchent pas prise, malgré de nombreux bouleversements de line-up, Will Haven s’est même confectionné un nouvel épiderme depuis le pénétrant The Hierophant de 2007. Intentions plus éthérées entamées pourtant avec un chanteur remplaçant en la personne de Jeff Jaworski (ex-Red Tape), qui a surpris son monde et a certainement contribué à l’évolution de l’écriture. Mais nous sommes en 2018, enterrons le passé, Grady Avenell est bien en place derrière le micro, instable, vénéneux comme jamais. Santa Muerte ?
Avec une thématique pareille on s’attend potentiellement à être envahi par la mélancolie ou la dépression, mais Will Haven ne voit pas vraiment les choses de cette façon. Le quartet de Sacramento se positionne en fait sur le bord du précipice, cherche en permanence l’inconfort et met en scène ses chutes éventuelles en slow-motion. Une gestion du malaise qui n’a fait que se renforcer avec les années, les claviers de plus en plus bavards alimentent le bestiau, s’additionnant à la lourdeur abyssale des guitares et au bûcheronnage diablement précis d’un frappeur au sommet de l’Everest. Illustration effectuée immédiatement avec un Hewed with the Brand gras et chaloupé, puis le mid-tempo bruitiste de Winds of Change, investi de nappes synthétiques intelligemment placées, ce qui donne une part d’ambiant post-mortem tout à fait jouissive dès lors qu’elles s’expriment. Mais la santé mentale se fait concrètement bouffer à partir de The Son, aux guitares faussement exténuées mais intransigeantes dans la brutalité, véhémentes dans l’enfoncement crânien sur l’effrayant et vertigineux 43.
Dans le lot des valeurs ajoutées on citera bien évidemment l’intervention vocale de Mike Scheidt (Yob) sur le central No Escape, l’un des points d’orgue de l’objet. Où le contraste entre le caractère ultra massif, tribal de l’instrumentation et la voix hallucinée du monsieur est éminemment cool, soit une pastille de fraîcheur permettant de sortir la tête de l’eau un instant, pour mieux replonger dans un océan de feeling outrageusement indécent avec Unit K, suivi d’un Ladwig No. 949 toujours escorté par les claviers, qui font désormais partie des meubles. Zéro faute de goût jusqu’au bout du bout, jusqu’à la seconde intervention extérieure au groupe : la huit cordes de Stephen Carpenter (Deftones), installée sur la rampe de lancement par un Now In The Ashes nauséeux aux allures d’un Converge sous Xanax. El Sol donc, introduit par un riff qui place le contexte et le doigté du guitariste, suivi d'un cheminement tortueux entre section rythmique sereinement sur la brèche, et hurleur pris au piège de la Faucheuse, épuisant ses dernières forces sous le poids des nombreuses cordes fouettant son âme meurtrie.
Nous sommes en 2018 et Will Haven vient de nous pondre un pavé de la Muerte qui aurait très bien pu sortir juste après le monumental Carpe Diem, tant il se rattache à une forme de primitivité immuable, ici sublimée par une électronique complètement assimilée, et des invités qui ne sont pas seulement là pour siffler les dernières bières. On notera enfin un Grady augmenté vocalement, capable même de vicieuses variations, ainsi qu’une production au poil pour ce qu’on pourrait appeler de manière réductrice un disque de hardcore atmosphérique, ou alors un monstre d’équilibre, la passerelle rêvée entre le vivant et le mort.
A écouter : 1
Bandcamp de la Muerte.
Les critiques des lecteurs
C'est cool !! Excellent sauf el sol (feat Carpenter) dommage
Dernièrement le groupe m'avait pas mal ennuyé et je n'en attendais plus grand chose. Les claviers chiants, les boucles, le côté monolithique, rien de ce qui était proposé ne dépassait leur chef d’œuvre, Carpe Diem
Mais cet album de taré change la donne. Quelle baffe!
WH renouvelle sa formule: c'est plus ambitieux, plus dynamique, sans pour autant perdre l'ambiance caractéristique. Les claviers sont mieux intégrés.
Un de leurs meilleurs skeuds sans hésiter
A la base, la force du groupe c'est l'efficacité, les sonorités spaces, le tempo, et les mélodies, tout l'inverse de cet album complet, bordélique, et ambiant !
Déja le précédent LP avec le retour intriguant de Grady et les changements réguliers de bassiste laissait penser à une évolution foireuse, avec ce Muerte c'est confirmé !
On retrouve un peu le Will Haven qui nous avait pondu le merveilleux "carpe Diem" et ça fait du bien