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Biographie

Will Haven

Venu de Californie (Sacramento) Will Haven s’est formé dans le milieu des années 90 ; formé au départ par Grady Avenell (chant), Jeff Irwin (guitare) et Mike Martin (basse) le groupe changera souvent de batteur au cour de sa carrière. Un EP éponyme sort en 1996 et le groupe se fait alors repéré, le hardcore métal très spécial de Will Haven plait et un an après le groupe signe son premier album (El Diablo) sur le label Revelation. Suivent 2 albums WHVN en 1999 et Carpe Diem en 2001. Le groupe décide alors de se séparer, certains partent monter The Abominable Iron Sloth ou encore Ghostride (avec des membres de Tinfed et Oddman) et leur propre label sur lesquel les albums de Team Sleep (side project de Chino Moreno de Deftones, grand ami de Will Haven), Sock ou Oddman. Mais moins de trois ans après, à la surprise générale, Jeff Irwin annonce la reformation du groupe à l'automne 2005. Celui-ci n'aurait cessé de composer des riffs typiques de Will Haven, et cette décision s'imposait donc naturellement. Un nouvel EP, synonyme de nouveau départ, est par ailleurs prévu pour le début de l'année 2006. Le groupe enregistre également l'arrivée d'un nouveau guitariste, à savoir Cayle Hunter (ex-Oddman, Ghostride), mais l'accueil chaleureux des fans et la réintégration d'Avenell étant inespérée, Will Haven décide d'enregistrer carrément un nouvel album. Puis au moment d'intégrer les studios, Cayle Hunter décide brutalement de les quitter pour se consacrer à des projets plus personnels. L'album The Hierophant sortira malgré tout en 2007 via Bieler Bros. Records, avec Jeff Jaworski (ex-Red Tape) au micro

Fin 2009, Will Haven enregistre finalement le retour définitif de Grady Avenell dans ses rangs et le groupe annonce travailler sur un nouvel album en compagnie de son hurleur d'origine pour une sortie à l'horizon 2010. Voire Dire, le cinquième album du groupe ne voit finalement le jour que l'année suivante, avec en sus Chris Fehn (Slipknot) à la basse. 4 ans plus tard, toujours sur ce même line-up, Will Haven revient avec un nouvel EP, le second depuis le début de sa carrière, Open The Mind To Discomfort. Il faudra patienter trois nouvelles années avant de se manger un sixième pavé en long format, Muerte, abrité par Minus Head Records et incluant deux invités que sont Mike Scheidt (Yob) et Stephen Carpenter (Deftones).

16.5 / 20
5 commentaires (14.8/20).
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Muerte ( 2018 )

Nous sommes en 2018 et les relativement discrets voisins de palier de Deftones ne lâchent pas prise, malgré de nombreux bouleversements de line-up, Will Haven s’est même confectionné un nouvel épiderme depuis le pénétrant The Hierophant de 2007. Intentions plus éthérées entamées pourtant avec un chanteur remplaçant en la personne de Jeff Jaworski (ex-Red Tape), qui a surpris son monde et a certainement contribué à l’évolution de l’écriture. Mais nous sommes en 2018, enterrons le passé, Grady Avenell est bien en place derrière le micro, instable, vénéneux comme jamais. Santa Muerte ?

Avec une thématique pareille on s’attend potentiellement à être envahi par la mélancolie ou la dépression, mais Will Haven ne voit pas vraiment les choses de cette façon. Le quartet de Sacramento se positionne en fait sur le bord du précipice, cherche en permanence l’inconfort et met en scène ses chutes éventuelles en slow-motion. Une gestion du malaise qui n’a fait que se renforcer avec les années, les claviers de plus en plus bavards alimentent le bestiau, s’additionnant à la lourdeur abyssale des guitares et au bûcheronnage diablement précis d’un frappeur au sommet de l’Everest. Illustration effectuée immédiatement avec un Hewed with the Brand gras et chaloupé, puis le mid-tempo bruitiste de Winds of Change, investi de nappes synthétiques intelligemment placées, ce qui donne une part d’ambiant post-mortem tout à fait jouissive dès lors qu’elles s’expriment. Mais la santé mentale se fait concrètement bouffer à partir de The Son, aux guitares faussement exténuées mais intransigeantes dans la brutalité, véhémentes dans l’enfoncement crânien sur l’effrayant et vertigineux 43.

Dans le lot des valeurs ajoutées on citera bien évidemment l’intervention vocale de Mike Scheidt (Yob) sur le central No Escape, l’un des points d’orgue de l’objet. Où le contraste entre le caractère ultra massif, tribal de l’instrumentation et la voix hallucinée du monsieur est éminemment cool, soit une pastille de fraîcheur permettant de sortir la tête de l’eau un instant, pour mieux replonger dans un océan de feeling outrageusement indécent avec Unit K, suivi d’un Ladwig No. 949 toujours escorté par les claviers, qui font désormais partie des meubles. Zéro faute de goût jusqu’au bout du bout, jusqu’à la seconde intervention extérieure au groupe : la huit cordes de Stephen Carpenter (Deftones), installée sur la rampe de lancement par un Now In The Ashes nauséeux aux allures d’un Converge sous Xanax. El Sol donc, introduit par un riff qui place le contexte et le doigté du guitariste, suivi d'un cheminement tortueux entre section rythmique sereinement sur la brèche, et hurleur pris au piège de la Faucheuse, épuisant ses dernières forces sous le poids des nombreuses cordes fouettant son âme meurtrie.

Nous sommes en 2018 et Will Haven vient de nous pondre un pavé de la Muerte qui aurait très bien pu sortir juste après le monumental Carpe Diem, tant il se rattache à une forme de primitivité immuable, ici sublimée par une électronique complètement assimilée, et des invités qui ne sont pas seulement là pour siffler les dernières bières. On notera enfin un Grady augmenté vocalement, capable même de vicieuses variations, ainsi qu’une production au poil pour ce qu’on pourrait appeler de manière réductrice un disque de hardcore atmosphérique, ou alors un monstre d’équilibre, la passerelle rêvée entre le vivant et le mort.

Bandcamp de la Muerte.

A écouter : sur la brèche.
13.5 / 20
2 commentaires (14/20).
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Open the Mind to Discomfort ( 2015 )

C’est au travers d’un second EP que Will Haven se décide à donner vie à de nouveaux titres, 19 ans après un premier jet dont les notes de « Choke » résonnent encore. Aux commandes, Grady Avenell et Jeff Irwin, rescapés des débuts de la formation, accompagnés des musiciens déjà présents sur Voir Dire. Au travers d’une première écoute, Open the Mind to Discomfort reprend une recette bien rodée et surtout toujours aussi efficace. Pourtant, il est délicat de ne pas garder en mémoire des titres comme « I’ve seen my fate » ou « Climbing out this bottle » et d’attendre de retrouver dans cet EP des compos de ce calibre. Loin de vouloir revenir en arrière, Will Haven avance et poursuit l’évolution artistique déjà enclenchée précédemment. Open the Mind to Discomfort n’est pas donc pas surprenant en tant que suite directe de Voire Dire : massif, planant même si lourd, abrasif, il possède toutes les qualités de son prédécesseur, avec en sus quelques titres de transition (la suite « A », « B », …) qui ajoutent un aspect plus éthéré à l’ensemble. Porté notamment par la prestation vocale du frontman, ce nouvel opus ne bénéficie plus d’un effet de surprise, même si un morceau comme « The Comet » confirme que le combo ne fait pas que se reposer sur ses lauriers.

C’est en effet la plus grosse difficulté de Will Haven sur les 9 titres : trouver un équilibre et alterner entre les titres séducteurs (« The Comet » ou « Pop 14 ») et ceux en mode pilote automatique (« Soul Leach », prévisible dès ses premiers riffs), chose que le quatuor n’arrive pas forcément à mettre en application.
Oppressant, cet EP n’a pourtant plus le côté abrasif et à fleur de peau de Will Haven ou El Diablo mais fait plier l’auditeur sous une base rythmique et une prod assez grandiloquente et céleste, sans être lumineuse (« Do You Have a Light » ou « B »).

Si, depuis le retour sur le devant de la scène du combo au travers d’un Voir Dire maîtrisé de bout en bout, Will Haven n’avait pas donné de signe de faiblesse apparent, il sera avec Open the Mind to Discomfort plus délicat d’être aussi enthousiaste sans cet effet de surprise. Pour autant, cet EP n’est pas un mauvais disque, mais un bon complément au dernier album en date.

A écouter : The Comet - Pop 14
15.5 / 20
7 commentaires (14/20).
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Voir Dire ( 2011 )

Retour aux choses sérieuses chez Will Haven. Enfin. Grady Avenell, resté éloigné du studio depuis des années, vient de retrouver son chemin et son groupe de toujours l'énergie suffisante pour continuer. A moins que ce ne soit plus que cela. Ce qui serait une sacré bonne nouvelle, ne nous le cachons pas. Le petit peuple du royaume du metal lobotomisant et de la tatane à deux riffs, lui, n'en a jamais douté. Grand bien lui en a pris en fin de compte.

A peine le premier contact établi, il est déjà possible de l'affirmer: Voire Dire est bien plus qu'un simple effet d'annonce surfant sur l'éternelle vague des reformations trop longtemps espérées. Car Will Haven n'est jamais vraiment mort en fin de compte. Il était simplement un peu égaré, temporairement amputé du seul élément trop indispensable de son ossature sonore et humaine pour être remplacé. Cependant LA voix, de retour, se fait plus nuancée, moins invariablement écorchée au delà de l'humainement possible, plus crue. La musique aussi d'ailleurs même si tout est relatif. Première nouvelle.
Will Haven sonne moins primaire, moins massif, moins inébranlable. Plus aéré, plus Deftonesien ("The siege") mais plus lugubre également ("A beautiful death"). Et plus sournois, surtout. Le groove du démon qui parcoure ce cinquième album ("The walls close in", éreintant), couplé à un sens du rythme indécent, refuse tout répit à un auditeur qui se serait trop vite laisser tromper par un ton général moins ouvertement frontal. Will Haven se traine comme jamais, distillant des envies de baston au ralenti dans une atmosphère de mort à hérisser le poil - le jeu de batterie, de nouveau enrichi avec parcimonie fait de petites merveilles ("Object my affection"). Pour ce qui est du reste Voire Dire fait sobrement et obstinément le boulot, concasse de la nuque à grands renforts de monolithes guitaristiques envahissants outrageusement feedbackés, te fouille les intestins à grand coups de basse avec la délicatesse d'un Kraken dans le petit bain de la piscine municipale. Et pourtant tout est clair, tout est en place. Tout est logique et évident. On n'avait plus connu les américains à pareille fête depuis une éternité.

Forcément, passé le choc initial, viendra le moment où la comparaison avec les travaux passés va pointer le bout de sa truffe. C'est inévitable car malgré ses petites avancées Voire Dire reste un album (et non l’album avec un grand « A ») de Will Haven, un vrai. Et que Will Haven ne sonnera jamais que comme lui même, ressassant indéfiniment une poignée de riffs parpaing, créant ainsi sa différence dans le détail. La sauce ne prendra donc pas chez tout le monde ou tout du moins probablement pas d’avantage aujourd'hui chez les allergiques d’hier. Mais sait-on jamais? Au petit jeu des ressemblances, "Harvesting our burdens" risque de remporter aisément la palme du morceau aux airs les plus Carpe Diem-ien depuis le début du millénaire. S’il fallait retenir un titre pour juger de la pertinence du propos de Will Haven en 2011, ce serait indéniablement celui-ci. La recette est archi connue mais les retrouvailles sont joyeuses et cinglantes. Le plaisir, intact. Avec ce petit plus qui accompagne quasiment chaque sortie du groupe.
Dans son ensemble, ce cinquième opus déborde de clins d'œil à un passé déjà (presque) lointain mais, tout en continuant de creuser le sillon de ses prédécesseurs, se permet de voir plus loin, tend la main pour arracher au vol ici quelques notes perlées salvatrices, là un orgue ou encore des breaks que l'on ne leur connaissait pas pour, toujours, finir en apothéose. La demi-surprise est réelle mais, honnêtement, qui se serait attendu à un album aussi solide après tant d'années dans la pénombre?

S'entêter à courir après un spectre vieux  de dix ans eut été vain. Bien des groupes sont depuis passé par les chemins débroussaillés par le désormais sextet: de Black Sheep Wall qui aura atomisé l'échelle de la lourdeur à Admiral Angry qui repousse les limites de la folie, la concurrence ne manquent pas. Après de tels raids punitifs, que pouvait-il bien rester aux vétérans de Sacramento? Le savoir faire, l'envie, l'intégrité et le réalisme. En deux mots: Voire Dire. Car lorsque Will Haven se met à nu, toujours aussi peu nombreuses sont les formations capables de suivre. Impressionnant, tout simplement.

A écouter : Nécessairement pour tout fan... et pas beaucoup moins pour les autres
17 / 20
10 commentaires (17.9/20).
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Carpe Diem ( 2001 )

SHR: La vision périphérique se trouble, le discernement faiblit, les sens s'engourdissent. Saga: Carpe Diem l'obnubilé, Carpe Diem le malade, fruit du travail acharné de Will Haven, groupe monomaniaque à la production musicale entêtante, se rue dans le gouffre et nous avec. Le schéma est connu de tous et pourtant une fois encore le seul mot qui vient à la bouche au bout de deux minutes d'écoute est "monstrueux".

Monstrueux comme l'impact opéré par Carpe diem et ses 9 voisines hyper-plombées, claquées avec hargne, martelées jusqu'à plus soif, hurlées sans discontinuer à s'en faire sauter les cordes vocales. Carpe Diem est un trou noir. Tout ce qui passe à proximité s'y retrouve irrémédiablement malmené, broyé sans pouvoir en ressortir. Rien n'y échappe, rien ne subsiste. La pression est constante, les coups pleuvent avec une régularité aliénante. Le répit est ici un concept quasi inexistant et de toute façon réinterprété à la sauce Will Haven. Comprendre: l'indicateur stress bloqué au dessus de la limite critique et le trouillomètre plus bas que zéro (Finest our). En résumé, de l'acharnement pur et dur d'une densité terrible et d'une homogénéité revendiquée tant dans le fond que dans la forme. Comme précédemment on prend ou on jette car il faut vraiment avoir envie de se prendre trois quatrs d'heure de passage à tabac auditif dans la tronche. On comprendra que certains ne franchissent jamais le pas.

Pour les autres, Carpe Diem est un véritable festin de violence contenue et dirigée, incapable de cogner ailleurs que là où se dirigent les vagues de violence soulevées par une section instrumentale mastoc et habillées d'animosité par Grady Avenell. Pourtant en dépit des apparences Carpe Diem voit plus loin que le bout de son nez. Ne nous y trompons cependant pas: ce troisième uppercut long play n'est pas un disque subtil pour autant, non. C'est un disque intelligent. La nuance n'est pas des moindres. L'un n'empêche pas l'autre mais Will Haven est loin d'avoir la prétention de couvrir les deux notions. Les californiens préfèrent depuis toujours forcer la décision en larguant pavé sur pavé dans un but précis d'annihilation, usant de riffs sournois, d'un chant on ne peut plus sur la brèche et de rythmiques aliénantes pour déconstruire méthodiquement les codes du genre. Sans vous mentir le nombre de riffs utilisés au cours de ces trois quarts d'heure doit être comptabilisable par un élève de CP. Quand à la batterie, elle est tout juste bonne à faire pleurer tout amateur de gravity-blast, de plans mathy et autres démonstrations brutalo-techniques. Mais malgré cela Will Haven reste un groupe d'une virulence aussi rare que terrifiante.
L'application déployée à perfectionner et user jusqu'à la corde des gimmicks servis depuis le milieu des années 90 s'est petit à petit transformée en véritable science de la vindicte musicale ultra ciblée. Will Haven est maitre dans son créneau. Personne ne viendra leur contester cette place car personne ne le peut. La conséquence principale sera donc qu'en 2001, le groupe accouchera de Carpe Diem, une espèce de monstruosité faussement simpliste dissimulant une réelle profondeur d'ambiances et de son, faite de rythmique brute, de bile et de riffs coulés dans le plomb (Moving to montana, Dolph lundgren, Miguel). Même si le résultat paraitra toujours aussi peu élaboré et mal dégrossi au premier abord aux Shadocks des musiques extrêmes, il n'en fait pas moins mal quand on le reçoit en pleine face. Will Haven voyage léger mais fait autant de dégâts avec son arsenal technique d'apparence rustre qu'un Converge au meilleur de sa forme chaotique. Car Will Haven frappe juste et fort.

Toujours totalement anti-mélodique mais doté d'un groove souterrain irrésistible, le quintet commet un attentat sonore au premier degré dans une atmosphère malsaine à laquelle personne ne voudrait s'abandonner. Et pourtant les années défilent et la réponse physique à ces dix titres est toujours aussi invariablement la même, irréfrénable: le frisson et le dévissage de nuque comme jamais. De Jane Doe à Carpe Diem, l'année 2001 nous offre deux visions, deux leçons aussi opposées que complémentaires et absolues de l'extrême. Cohérent, habile, harassant... magistral.

A écouter : Absolument.
16 / 20
13 commentaires (16.31/20).
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El Diablo ( 1997 )

Que pourrait bien dire ma grand-mère à l’écoute de ce premier album de Will Haven ? Déjà que dans les années 50, le rock’n’roll passait pour être la musique du diable, que pourrait-on dire alors aujourd'hui à propos de ce disque ? Qu’il s’agit du disque de l’antéchrist ?

Non pas que "El Diablo", qui porte donc à merveille son nom, soit un album connoté religieux, ou qu’il soit le fruit de musiciens gothiques, loin de là ! Mais que tout simplement, l’ambiance qui s’en dégage est une des plus malsaines qu’il soit possible de ressentir sur disque. Et c’est vraiment très bon!
Moins urbain qu’Unsane, plus dépouillé que Botch, Will Haven fait sortir de ses tripes une combinaison de hardcore/métal très originale. Déjà leur précédent Ep éponyme les avait fait remarquer aux Etats-Unis et leur avait permis de faire leurs armes sur scène. Avec cet album, ils enfoncent le clou en se concentrant d’avantage sur des rythmes mid-tempos trés trés trés lourds. Jeff Irwin, qui assure la guitare, est le principal artisan de cette ambiance oppressante. A base de flanger, il parvient à colorer de sombre chacune de ses parties. La basse de Mike Martin est tout simplement énorme ("Climbing out this bottle"). C’est le Styx sur lequel se laissent naviguer la guitare et la batterie, cette dernière faisant preuve d’une efficace simplicité dans le jeu. La caisse claire que pose Wayne Morse fait mouche à chaque coup.
La chanson qui ouvre l’album, "Stick up kid", est une parfaite introduction à l’univers tout en tension du groupe. Fondu d’ambiance au sein duquel on parvient difficilement à distinguer ce qui s’y passe. Quelques voix lointaines, des sons de cordes de basse et de guitares qui souffrent, puis petit roulement de toms, soutenu par une basse rauque, qui apporte le peu d’air pour respirer… Avant l’explosion de décibels, orchestrée par des grosses cymbales bien bruyantes. La voix criée de Grady Avenell explose tout en retenue, portée par cette tension qu’elle ne lâche jamais. On pourrait même croire que le chanteur lance ses paroles en serrant les dents. La guitare, même si elle guide l’auditeur dans cette folie, reste libre ; quand elle ne nous torture plus l’esprit avec ses riffs répétitifs, elle se laisse aller à des sons d’ambiance plus légers. Si bien que l’ensemble est en permanence hypnotique et ce jusqu’à la fin de la chanson qui s’achéve sur un chaos sonore de rigueur.
Les paroles du groupe ne sont d’ailleurs pas en reste et complétent cette ambiance malsaine en privilégiant les thèmes sur les rapports humains ; des véritables maux d’écorché appuyés par une interprétation au bord du gouffre.
La deuxième chanson est pour sa part emblématique du groupe : le rythme d’"I’ve seen my fate" est le plus entraînant de l’album ; on peut certes lui reprocher la répétition de plans paroles/musique mais sans doute ce choix est délibéré, Will Haven appréciant appuyer là où ça fait mal.

Alors oui, il est vrai que la recette est un peu la même tout au long des 10 chansons composant cet album. Mais parvenir à obtenir une telle profondeur d’ambiance, d’exploration de sentiments ciblés avec, paradoxalement, une telle simplicité de jeu est un véritable tour de force.
Et s’il reste tout de même difficile de pénétrer dans l’univers de Will Haven ("!Escucha!"), on ressort différent après l’expérience "El diablo".

A écouter : Stick up Kid - I've seen my fate - Foreign film
Will Haven

Style : Noisecore
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