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Biographie

Wilco

Wilco est né sur les cendres d'un groupe de country alternative, Uncle Tupelo, du côté de Chicago (Etats-Unis). Groupe aux multiples changement de lines-up, ils ne sont plus que deux de la formation originale: le chanteur Jeff Tweedy et le bassiste John Stirratt.
Encore très influencé par la disparition de leur précédent groupe, Wilco sort son premier album, A.M, en 1995 qui présente une country rock énervée qui attire quelques critiques mais fait un four au niveau des ventes. C'est avec leur 3e album, Summer Teeth, très différent au niveau des styles présents, que le groupe se bâtit une notoriété, étant même nominé pour un Grammy Award du meilleur album folk contemporain.

Les difficultés commencent lors de l'enregistrement de Yankee Hotel Foxtrot, en 2000. Jeff Tweedy demande alors à Jim O'Rourke (Sonic Youth, Stereolab, Joanna Newsom) de mixer et produire l'album, malgré les réticences de ses partenaires. Wilco est alors signé chez Reprise Records, qui vient d'être racheté par la Time Warner. Après une première écoute et des suggestions non prises en compte par le groupe, le nouveau président du label rejette l'album et casse l'accord avec le groupe, pour des raisons de coût et "non viabilité commerciale". Le groupe signe alors sur Nonesuch Records et Yankee Hotel Foxtrot devient la meilleure vente du groupe, avec 590 000 exemplaires écoulés. Depuis, le groupe est sur la voie royale: deux Grammy Awards gagnés en 2005 (meilleur album de musique alternative et meilleure production) et plusieurs de leurs chansons sont utilisées dans des publicités (pour Apple, pour Volkswagen).

Tout au long de sa carrière, Wilco a constamment cherché à renouveler son americana des débuts et à l'incorporer à des compositions plus rock et plus folk. Leur variété musicale a souvent amené les critiques à les qualifier de "Radiohead américains" (pour ce que ça veut dire). Souvent loué pour la netteté de son son, Wilco puise son inspiration dans les années 60, de John Cale à John Lennon en passant par Neil Young et les Beach Boys. Un savant mélange toujours actualisé pour en faire un des groupes les plus intéressants dans le milieu.

En 2009, les américains reviennent avec Wilco (The Album), dernier album en date et sans doute une des meilleures pochettes de l'année.

Chronique

17 / 20
1 commentaire (16/20).

Star Wars ( 2015 )

A l’origine de l’un des albums les plus passionnants et essentiels de l’histoire de la musique pop avec Yankee Hotel Foxtrot (2002), Wilco a réussi à concilier un succès critique rarement démenti et une popularité dépassant l’étiquette « branchée » dont l’on affuble tous les groupes qui tentent de faire déborder leur musique de la case dans laquelle l’industrie musicale les a proprement rangés.

La conséquence d’un coup de force comme celui de Yankee Hotel Foxtrot (disque pourtant rejeté par le label Reprise et finalement sorti l’année suivante chez Nonesuch) est l’attente, souvent démesurée et déraisonnable, autour du groupe. A l’image de son leader Jeff Tweedy, sujet pendant longtemps à des épisodes dépressifs et à l’addiction aux anti-douleurs, Wilco a connu un parcours chaotique qui prend cependant depuis plusieurs albums des allures plus apaisées. Leur dernier effort en date, The Whole Love (2011), s’ouvrait sur le monumental Art of Almost, maelstrom electro-pop-shoegaze qui justifiait à lui seul l’achat du disque et foulait un terrain d’expérimentation qui, malgré le relatif classicisme du reste de l’album, laissait entrevoir de passionnantes perspectives.

L’annonce de l’arrivée de ce Star Wars en téléchargement gratuit (pour une période limitée) fut si surprenante que le premier réflexe de certains, moi le premier, fut de se dire que ces 33 minutes (seulement ?) de musique étaient 1) une collection de démos ou 2) un EP un peu bâclé balancé par-dessus la jambe pour nous faire patienter en attendant un « vrai » album. Réagir de cette façon était manifestement une erreur stupide, tant Star Wars s’avère être un petit bijou.

C’est donc ici que commence véritablement le début d’une chronique que vous attendiez certainement en regardant votre montre depuis trois paragraphes…
En un peu plus d’une minute, l’électrique et déconstruit EKG donne le ton. Wilco va droit au but, taille dans le gras (six des onze morceaux font moins de trois minutes) tout en prenant des directions inattendues et, finalement, réjouissantes. L’on pourrait être tenté de décrire Star Wars comme une synthèse de la carrière du groupe, il ne sonne pourtant à aucun moment comme un simple best-of. Wilco a le don d’envoyer ses chansons dans des dimensions parallèles, noyant ses rengaines folk dans une brume électrique (More…, Random Name Generator, l’émouvante mise en orbite de You Satellite) tout en gardant une efficacité mélodique à toute épreuve (Taste The Ceiling, Where Do I Begin). Les expérimentations et arrangements sont pertinents et enrichissent les morceaux de textures donnant de l’épaisseur à une production très lo-fi (Pickled Ginger, Cold Slope).

Quand le chant de Jeff Tweedy prend de nets accent « dylaniens » sur The Joke Explained, c’est pour nous confirmer qu’il n’est toujours pas dupe au sujet du monde qui l’entoure (« If I had known, I would have never believed »). En effet, s’il est manifestement dans un bien meilleur état psychologique qu’à l’orée des années 2000, Tweedy continue à s’interroger sur sa relation au monde, sur sa perception de la réalité (« I was on the ceiling and I swore it might be true ») et, évidemment, sur l’angoisse de la séparation, thème récurrent dans ses textes (« I've come all this way to hold your hand, I became a calendar while I was waiting »). L’album s’achève sur le magnifique Magnetized, ode apaisée et presque optimiste sur l’acceptation de cette séparation malgré un lien impossible à rompre avec l’être aimé (« I sleep underneath a picture that I keep of you next to me, I realize we're magnetized »).

Toujours sur le fil et constamment à deux doigts de basculer du côté obscur, Wilco nous démontre que la Force reste, encore et toujours, de leur côté. Star Wars est un disque sincère, spontané mais abouti, présenté par Jeff Tweedy comme un cadeau aux fans, « une surprise agréable ». On ne peut que lui dire merci.

A écouter : Tout ! Vous avez bien 33 minutes quand même ?