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Biographie

Wijlen Wij

Wijlen Wij peut être considéré à bien des égards comme une dream team du Doom, puisque la formation regroupe en son sein des activistes bien connus de la scène européenne, et plus particulièrement de Belgique. Jugez plutôt: Kostas Panagiotou (Pantheist, chant / guitare / claviers), Stijn Van Cauter (Until Death Overtakes Me, chant / basse / guitare), Lawrence Van Haecke (Solicide, basse) et Kris Villez (In Somnis, batterie). Le groupe se forme en 2002 avec l'idée de créer les contrées sonores les plus désolées et désespérées possibles. Ils commencent ensemble à composer un album début 2004, mais la gestation est longue compte tenu de l'agenda démentiel de chacun. Un album éponyme est finalement enregistré en 2006 et mixé par Greg Chandler (Esoteric) au Priory Studios de Birmingham. Le groupe signe un contrat avec Aesthetic Death Records qui sort le disque courant 2007, vite acclamé par tous comme étant l'album qu'il manquait à la scène Funeral Doom Metal depuis la mort de Thergothon et l'hibernation de Skepticism. Trois ans plus tard, un split intitulé Unveiling The Signs sort chez Redrum 666. On y retrouve un morceau de Kostas PanagiotouGallileousDissolving Of Prodigy et Pantheist, la plupart des projets étant liés à d'autres activités des musiciens de Wijlen Wij. En 2012, Stijn Van Cauter quitte le groupe qui continue en trio pour sortir un ultime album, Coronachs Of The Ω, avant de se séparer définitivement.

Chronique

Wijlen Wij ( 2007 )

Il aura finalement fallu attendre 2007 pour que le projet Wijlen Wij arrive à maturation sous la forme d’un album éponyme. Constitué de musiciens tous reconnus et respectés au sein de la scène Doom, on était en droit d’attendre un album de très haut rang, en espérant secrètement que l’alchimie arriverait à opérer au sein de cette sorte d’Allstar Band doomeux.

Autant éviter le faux suspense, l’album est une grande réussite. Sitôt le disque lancé, on est ramené de force au milieu des 90's, alors que le Funeral Doom, qui n’en est qu’à ses balbutiements, a déjà perdu son héraut avec la mort de Thergothon et trouvé son digne successeur en Skepticism. On parle bien ici de Funeral Doom old school, le pur et dur, celui qui tire plus sa force du Metal que de l’Ambient et qu’on retrouve totalement sur l’album. Impossible dès lors d’éviter les comparaisons avec les deux illustres formations susmentionnées, ou encore avec les plus récents mais tout aussi excellents Tyranny, trois groupes dont on devine aisément qu’ils figurent en bonne place parmi les influences de Wijlen Wij. C’est d’autant plus vrai concernant Skepticism, tant certains passages parmi les six pistes présentes sur ce disque rappellent les différents travaux de la formation de Riihimäki, avec cette lourdeur incroyablement oppressante, cette avancée terriblement lente mais définitivement implacable, cette atmosphère désolée mais très solennelle, voire carrément mystique par moments, cette distorsion quasiment omniprésente et cette impression d’assister au réveil d’une puissance trop longtemps endormie (Wijlen Wij, Falling Stars, Aware Of The Void).

Pourtant, Wijlen Wij ne tombe pas dans le tribute-album pour autant, puisque d’autres influences se découvrent, provenant des différents projets des musiciens rassemblés ici. Ainsi, L'Anathème avec son orgue et ses chœurs religieux signés Kostas évoque immanquablement Pantheist, alors qu'Offertorium et surtout Bridges rappellent assez Until Death Overtakes Me, avec le chant pris en main par Stijn lors de beaux passages plus ambient qui se mêlent parfaitement aux moments beaucoup plus ancrés dans la tradition Funeral Doom, Offertorium offrant en particulier cette alternance. Falling Stars est une autre référence en la matière, puisque son schéma repose sur une alternance Funeral Doom / Doom Death  soutenue par quelques légers éléments lorgnant vers l’Electro pour un résultat impressionnant de cohérence, qui rappellera certainement quelques passages du Farmakon de… Skepticism, encore une fois.

Chacune de ces six pistes est un chef d'œuvre dont il n’est pas aisé de parler sans sombrer dans la grandiloquence. Il est en effet difficile de rester objectif devant tant de maîtrise, et on ne peut s’empêcher de revenir encore et encore se perdre dans cette atmosphère d’apocalypse, cette fureur monumentale, innarrêtable qui semble inextinguible et incontrôlable. On pense évidement au mythe lovecraftien des puissances majeures, œuvre mystico-onirique intemporelle dont cet album aurait pu être la bande-son parfaite, si un certain Stream For The Heavens n’avait as été pondu par… un obscur groupe du nom de Thergothon.

Ainsi, ce disque éponyme est un immense accomplissement. Signant un premier album à ranger aux côtés des plus grands monuments du Funeral Doom, Wijlen Wij fait une entrée absolument remarquable dans la sphère Doom mondiale. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le groupe ait été immédiatement adoubé par ses pairs et son album encensé, couvert de louanges et classé au patrimoine mondial du Funeral Doom. Ceci est donc bel et bien l’album qu’il manquait à la scène depuis 1994. Monstrueux, tout simplement.

A écouter : En invoquant Yog Sothoth