A peine un peu plus de dix ans après sa création, Whyzdom vient de publier son quatrième album. Belle performance, pour un groupe français dont les membres ne vivent malheureusement pas de leur musique. Dans le petit microcosme du Metal Symphonique hexagonal, les parisiens font donc partie des figures de proue. Et pourtant, malgré un début de parcours plutôt encourageant, As Time Turns To Dust ne semble pas à la hauteur du statut de tête de gondole de Whyzdom.
Parler de déception est un mot un peu fort, mais ce quatrième opus est pour le moins déconcertant. Sauvons d'abord ce qui doit l'être, peu de reproches pourront être fait aux titres les plus simples et directs (les deux premiers et Follow Your Heart). Mais les autres pistes contiennent trop de choses, et cette diversité trop extrême induit des éléments qu'on ne voudrait pas entendre : du lyrique trop haut pour que Marie Rouyer soit parfaitement à l'aise dans les refrains (Fly Away, Angel Of Tears, Dust We Are... mais surtout dans Free As A Bird), une évocation maladroite de The Force Theme (si si, de la BO de Star Wars) dans The Mistchild, des mélodies trop constamment ponctuées d'harmoniques artificielles à la guitare, des leads de guitare sèche sur une grosse rythmique bien lourde (Free As A Bird), une alternance malaisante entre chant lyrique et phrasé grave et rapide, presque rappé (refrain de Angel Of Tears), mais surtout, des orchestrations trop denses et dont on ne peut tout simplement pas cerner toute l'ampleur, dans une grosse majorité des morceaux présentés dans As Time Turns To Dust.
En effet, le Metal Symphonique est un style dont le postulat de départ implique un côté grandiose, imposant, majeur, grandiloquent, puissant, tous les adjectifs du champ lexical de la grandeur feront l'affaire. Pour cette raison, la composition ne devrait pas être une course à l'empilement de surcouches toujours plus colossales les unes que les autres, au risque de créer une musique qui ne s'élève finalement pas, appesantie par la masse d'arrangements qui deviennent illisibles à force d'être superposés. Une orchestration majestueuse n'a pas nécessairement besoin d'être alambiquée pour être efficace, et des grosses guitares bien acérées pour souligner ça sont tout ce dont on devrait avoir besoin. Or, Whyzdom sait tout ça, et c'est justement ce qui est le plus déstabilisant lorsqu'on s'approprie ce quatrième opus : certains passages, notamment l'orchestration pompeuse après le deuxième refrain d'Armageddon, ou la section instrumentale au milieu de Dust We Are, se basent sur ce schéma simple.
L'album est parsemé de quelques moments forts, qui arrivent à peine à émerger au milieu de tout cet excès : Armour Of Dust ouvre le bal avec une intro du plus bel effet, dans un style "musique de film d'aventure", suivi de couplets syncopés et de refrains prenants. Seul le solo noisy de ce titre d'ouverture semble un peu parachuté. Le single Armageddon obéit lui aussi à un schéma efficace, avec ces énormes chœurs sur une rythmique brutasse et ses refrains qui calment le jeu. Follow Your Heart est suffisamment courte et heavy pour ne pas se laisser écraser par ses parties d'orchestre.
Whyzdom pêche donc ici par sa volonté de trop en faire. Mais pourtant, rien n'est perdu pour la suite, le combo ayant déjà su éviter l'énorme écueil qui gâche presque ce nouveau recueil. Par exemple, donner à nouveau la chance à Marie Rouyer d'exploiter sa voix Rock comme dans l'excellent Let's Play With Fire (issu de l'album précédent), ou éviter d'empiler cent-soixante instruments classiques qui jouent tous des parties différentes (la fin de Free As A Bird était peut-être une bonne idée sur le papier, mais là c'est juste trop : les titres de Blind? et de Symphony avaient pile-poil la bonne dose !). Courage les gars, on y croit pour le cinquième, et en attendant on salue quand même l'effort d'en être arrivé là.
A écouter : Follow Your Heart, Armageddon, Armour Of Dust.