Whourkr: nom imprononçable pour concept dangereux. Sorti de l'esprit tordu d'un duo français, Concrete emboite le pas en 2009 à Naät sur le sillon du mélange pas tout à fait naturel entre Metal Extrême et sonorités électroniques.
Attention, Whourkr est très, très loin d'être un ersatz du gentil Fear Factory et de ses problèmes de machines. Oubliez aussi à peu près n'importe quel groupe Metal avec des touches, des louches, des plages entières d'électro dedans. Whourkr est plus extrême que ça. Ici les voisins de palier s'appellent Drumcorps (aka Aaron Spectre) ou, à la rigueur, Atari Teenage Riot bien que ceux-ci soient un peu tendres pour survivre longtemps au jeu des comparaisons. L'autre grosse différence que cultive Whourkr avec les tranches de violence métalo-électroniques que l'on a déjà connu est que l'on a bien à faire ici à du Metal. Joué, enregistré et retravaillé en direct à grands coups d'électro bruitiste, certes, mais il n'est point question de travail exclusif sur les samples. Une version extrême de l'extrême en quelque sorte. Les plus avertis l'auront compris: à partir du moment ou Concrete démarre, personne n'est à l'abri.
Le duo nous offre là un album glitchissime, épileptique et intenable mêlant riffs Death Metal des plus virulents et horreur électronique entre régression primaire et expérimentation poussée. Un disque perturbant car mécanique, inssaisissable comme s'il n'appartenait à rien de clairement identifié. Des structures au style pratiqué, c'est le flou le plus complet. Concrete est un authentique pavé Metal vidé de sa profondeur morbide, privé de toute son humanité pour ne garder que la violence et l'efficacité. Concrete est sophistiqué, froid, précis, ultra brutal, bruyant, dissonant, dérangeant et hautement dérangé. Et pourtant, au milieu de cette folie musicale Whourkr parvient à caler des accalimes, de faux moments de répit (Santo soutenue par Öxxö Xööx et qui peut rappeler Esoteric, la seconde motié de Slaagt, Cerra pollutea) entre deux descentes en enfer faites de borborygmes (aucun texte, juste des cris), de stress et de passage à tabac épileptique. Si l'on résume: un disque 100% sans concessions qui prend le temps d'aérer ses attaques, voire de s'amuser. (D)étonnant.
Le principal danger pour l'auditeur est ici de se laisser prendre au jeu de cette galette hors norme qui se joue de lui en quelques points pour mieux l'achever au revirement suivant. Il ne se passe que 38 petites minutes entre l'attaque de Mindgerb et la conclusion ambiancée de Plantea mais divertissement et frisson horrifié se suivent, se superposent et s'entrelacent jusqu'à un point de non retour tel qu'il rend le sentiment qu'inspirent ces quatorze titres quelque peu indéfinissable. Une perte totale de repères stylistiques et temporels est à attendre tant cette galette ne ressemble à rien (de connu) et semble le faire en... mieux. Il y a par exemple de l'intrigante Skovsnails à l'effroyable Squirk tout un monde alors que les deux titres appartiennent bien à un même microcosme musical marginal.
Les auteurs de ce méfait, Igorrr et i-snor, savent parfaitement ce qu'est un riff extrême et encore plus comment le dénaturer sans le briser, afin d'accentuer son impact. Concrete est "autre", une sorte d'exercice de torture sur musique incroyablement défoulant. Même préparé l'auditeur risque de rester relativement démuni: les références n'existent pas pour aborder ce magma sonore étrangement captivant qui renvoie chacun à son propre besoin de se pencher au dessus du gouffre. La réaction adoptée tient de l'instinct. Refus de la mise en danger et rejet intégral ou écoute curieuse voire passionnée (vous serez alors officiellement déclaré musicalement atteint). Chez Metalorgie on a choisi notre camp. Et vous?
A écouter : Fort et sans attentes. Elles seraient balay�es