Une grosse voix, des guitares accordées très bas et une
batterie rapide, c'est ça Whitechapel. A mi-chemin entre le deathcore et le
death plus classique, This is Exile réserve quelques pépites musicales. Retour
sur cet album de 2008 qui a révélé le groupe au grand public
Rappelons avant toute chose qu'à cette époque nous ne sommes
pas inondés d'une pléthore de groupe deathcore et metalcore, aussi quand This is Exile est sorti il s'agissait d'une petite révolution que de traiter un
morceau de la sorte. Les breakdowns en palm muting sont bien sûr là mais ne
sont pas omniprésents et avec une perspective de ce qu'est devenu le deathcore,
c'est une bouffée d'air que de se repencher sur un album qui a contribué à la
définition du genre. Une autre marque de fabrique étant la double pédale en
dessin rythmique sur les passages syncopés est présente, elle également. Ont-ils été les premiers à
instaurer cette pratique qui deviendra un incontournable du style ? Celui qui apporte
la réponse gagnera un bouquet garni. Ainsi l'opus qui hier paraissait teigneux
et massif dans sa composition, parait aujourd'hui comme sobre et redoutable
d'efficacité. Autre preuve s'il en est de la marque que les Tennesséens laisse
dans le paysage musical extrême.
Un autre élément essentiel qui démarque Whitechapel des
autres est l'ambiance oppressive qu'ils parviennent à mettre en place sur This is Exile et pour y arriver ils emploient plusieurs moyens. Premièrement on
trouve les effets studios qui sont toujours judicieux comme sur le début du
titre éponyme, ou de la fin de possession ou exalt. Ces petits détails peuvent
sembler anodins mais apportent une immersion plus intense. Viennent ensuite la
diversité des influences. Même si c'est lié, il y a de nombreuses parties death
assumées ce qui créé encore une fois une profondeur dans la démarche créative.
On pourra noter également l'influence progressive sur Death Becomes Him et l'excellent
passage black sur Daemon. En termes d'oppression enfin, on ne peut passer à
coté des textes et de la voix hargneuse et haineuse qui les vocifère.
La plupart des thèmes abordés tournent autour de la mort et
de la déchéance humaine, le tout sur une toile anticléricale. Il faut y voir ici
un rappel de l'échéance qui nous attend tous et de la bêtise inhérente aux
humains et à la race humaine que de se pourrir la vie avec des concepts sans
valeurs et qui finit par croire à des fables pour oublier qu'ils n'ont pas
vécu. Plutôt classique vous me direz, mais ce qui distingue réellement
Whitechapel est la voix sans pitié ni concession de Phil Bozeman. Le phrasé est
toujours agressif, souvent rapide et emmène la musique vers l'avant, les growls
quant à eux sont d'une rare intensité, de la trempe des meilleurs vocalistes.
Il est rare de trouver une voix qui dit autant "ferme ta gueule" rien
qu'en intention orale, ce qui, vous en conviendrez, est bien un comble en soi.
Outre le plaisir de trouver enfin un album moderne qui dure
plus de quarante minutes, la qualité des morceaux est au rendez-vous. Amis de
musique extrême, de mosh et de sensations fortes, faites-vous plaisir. De par
son impact auditif ou par les milliers de petits détails qui le compose, This is Exile fait partie du haut du panier en matière de Deathcore.
A écouter : This Exile, Father of Lies