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Biographie

We Insist!

We Insist! est né fin 1995 à Paris, réunissant des musiciens aux styles et aspirations divers autour du trompettiste François Mellan. Le groupe reprenait alors les standards funk. Durant trois ans le septuor fera la tournée des bars parisiens et finira par se dissoudre, lesté de quelques cuivres, après deux enregistrements. A la fin de l'année 1998, le groupe continue de bosser pour sortir un premier 5 titres éponyme en 1999. A la fin de cette même année viendra le premier LP auto-produit I Witness!, anagramme du patronyme du groupe, donnant cette fois dans le noise-rock déconstruit. Le titre "La Valseuse" extrait de cet album sera d'ailleurs utilisé pour le générique de l'émission "Peinture Fraîche" sur France Culture.

Le line-up se stabilisera quelques temps : Etienne Gaillochet (chant/batterie), Julien Divisia (guitare/chœurs), Eric Martin (guitare/chœurs), Julien Allanic (basse), François Wong (saxophones). Celui-ci sera enrichi d'un second saxophoniste (Cyrille Méchin), qui restera 8 ans au sein du groupe. We Insist! enchaîne alors les dates et sort Inner Pond (2001) et Crude (2004) sur le label Le Triton, produits par Martial De Roffignac. Crude donnera le ton des velléités musicales du quintet, piochant un peu partout, dans le math-rock autant que dans le post-hardcore, ou le jazz, ou même la pop, s’efforçant de donner une cohérence à l'ensemble.

En 2006, We Insist! bouffe le bitume en dehors des frontières (Hollande, Belgique, Suisse, Allemagne, etc), et c'est tout naturellement que Andreas Kohl, patron du label berlinois Exile On Mainstream, les signe en 2007. En découle le 4ème LP Oh! Things Are So Corruptible, dans une veine plus mélodique et délirante. Après ça le groupe va tourner avec 31Knots, Unsane, Dyse, Bulbul, ou encore The Ex et David Yow. En 2009 sort le disque The Babel Inside Was Terrible, toujours sur le même label, produit par Peter Deimel (The Kills, Deus, Chokebore...), plus sombre et plus oppressant.

Lassés par le poids des années et les tournées, le saxophoniste Cyrille Méchin et le guitariste Julien Divisia quittent le groupe, à un an d'intervalle. We Insist! encaisse le coup et se remet au travail en 2010, cette fois-ci sur un projet tout à fait nouveau : un ciné-concert sur le film de Walter Ruttmann Berlin: Die Sinfonie der Großstadt, film documentaire muet de 1927 sur la république de Weimar. Le groupe repart donc en tournée défendre ce projet. En février 2014 sort le 6ème album, éponyme, sur le label toulousain Vicious Circle. Le trio y délivre des compositions plus noise-rock et dépouillées. Retour en 2017 de Julien Divisia, en lieu et place de Julien Allanic, pour la sortie de Wax and Wane.

line-up :
Etienne Gaillochet : Batterie/Synthé/Chant
Julien Divisia : Basse/Guitare/Voix/Mandoline/Piano
Eric Martin : Guitare/Voix

Wax and Wane ( 2017 )

Perpétuels équilibristes, les Parisiens n’ont rien lâché durant toutes ces années, ont continué à nous arroser de leurs talents, y compris réduits en trio depuis l’album précédent. Une pépite de rock mutant et tendu qui semblait difficile à égaler, pourtant Wax and Wane s’inscrit dans un sillon d’excellence similaire, bien que les arguments soient sensiblement différents, l’un des tous premiers membres Julien Divisia siégeant de nouveau, derrière la basse et autres outils à fonction musicale.

Là où l’éponyme de 2014 s’engageait sur d’étranges voies accidentées Wax and Wane creuse un peu plus loin dans les méandres d’un certain spleen, illustré par l’usage proportionné de voix, de cuivres, de synthés ou de piano. Et pourquoi pas une mandoline en action sur l’introductif et bondissant Digital Fingers Glory, où les guitares offrent un déhanché hors des clous, et maintiendront la cadence comme la basse enfoncera le clou d’un groove déconstruit avec Crack the Code, aux faux airs de Faith No More, armé de ses plus beaux et déviants synthés. Quelques aspérités blues ressortent régulièrement de ce septième album, accentuant l’aspect mélancolique des choses sans écarter les velléités expérimentales de We Insist! (Charley Runs Amok, A Lesser Evil), permettant au central Liquid Rat Race d’exprimer sa transe rock sur la longueur, aux guitares acoustiques de s’inviter au milieu du bruit et de conclure l’objet sur les traces de Bowie (Jaws).

La maestria aussi bien rythmique que mélodique saute à la gueule, s’agrippe et se renforce à mesure que les écoutes se répètent. Étienne Gaillochet jongle toujours plus habilement entre ses fûts et son chant, s’octroyant davantage de variations, tandis que Martin et Divisia redoublent d’intelligence dans l’agencement de leurs partitions filandreuses. We Insist! c’est environ deux décennies de rock digérées à travers une interprétation unique et magistrale, Wax and Wane en est l’une des facettes, flanquée d’un rendu optimal pour ne rien gâcher.

Du Bandcamp et du Rock.

A écouter : et à réécouter.
16.5 / 20
2 commentaires (15/20).
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We Insist! ( 2014 )

Presque vingt ans d’activité pour We Insist!, six albums et un line-up qui n’a cessé de se réduire, passant de septuor cuivré à trio au fil des sorties. Contre vents et marées, la formation persiste (insiste ?) et revient exhiber une fougue encore vivace, puisant tout ce que le rock peut offrir de meilleur, tout simplement.

Tour à tour étiquetée "jazzcore", "jazz-rock" ou même "rock progressif", la musique des parisiens a toujours semé le trouble, bouffant à tous les râteliers, à la manière de Primus ou Faith No More, le groove comme constante. Des influences plus probables que King Crimson, bien que la vague présence de parties prog’ est incontestable. Mais le cas de We Insist! est autrement plus complexe, piochant également dans le noise-rock, le post-punk, post-rock, metal et j’en passe. Cet aspect imprévisible est bien au rendez-vous, sur une base cette fois complètement noise - basse en avant - agrémentée bien sûr de plans math et post-ce que vous voulez. Le fait est que ces gaillards n’ont pas fini de faire danser leur monde, sans toujours savoir sur quel pied, heureusement.

Armé d’un frappeur/chanteur aussi souple que furieux, vocalement équilibriste, parfois sur le fil de la justesse (Elijah’s Spell), capable toutefois de déballer du coffre (First Draft qui aurait pu être pondu à Seattle dans les 90's, ou l’irrésistible math-pop noisy My Friend's Lonely Mate), le trio est aussi équipé de guitares coulantes et grinçantes, jonglant habilement et nonchalamment entre fragilité et virtuosité mélodique, simplicité rythmique et déconstruction mathématique, pas très loin de Don Caballero ou Nomeansno (Black Post White Ghost, Grinding Down The Pole), et d’une quatre-cordes dominatrice, tout aussi insaisissable que ses congénères instruments. Un accordéon s’invite au passage sur les deux minutes vingt héroïques et orgasmiques de Four Nights In August, appuyant l’atmosphère joyeuse et peinarde qui imprègne cet album malgré quelques tensions nécessaires. Notons enfin la place auparavant occupée par les saxophones, finement comblée par un "riffing" excessivement inspiré.

Le tour de force est bien là avec ce sixième disque, obtenir le dosage quasi-parfait entre immédiateté et complexité. We Insist! livre ici un objet plus accessible et moins expérimental que jadis, mais gagnant peut-être en cohérence. Il en reste néanmoins un superbe omni, à se procurer urgemment pour les amoureux du rock sous toutes ses formes, tout simplement.

Disque disponible via bandcamp.

A écouter : oui + la disco + en direct.