Quatre ans ont déjà filé depuis la sortie du brillant Silent Running en plein sommet pandémique, une poignée d’années durant lesquelles Watertank a présenté son nouveau batteur Matthieu (des excellents Moozoonsii), effectué un concert de confinement remarqué au Ferrailleur, et surtout pensé puis composé Liminal Status, quatrième album qui rebat encore un peu les cartes sans se détourner du passé. Le Post-Hardcore des Nantais continue à dresser les poils, précisant ses intentions Pop / Rock de l’espace, encore une fois pour le meilleur, seulement pour le meilleur. C’en est presque agaçant.

Dès l’introductif Sneeze Season on se mange une production encore plus lourde, laissant échapper davantage de subtilités, autant d’un point de vue mélodique que rythmique. Les guitares en état de grâce constant distribuent du frisson par palettes, la basse plus grasse et métallique que jamais tabasse au diapason avec le flexi-jeu de batterie, le tout agrémenté d’ambiances électronisées désormais bien installées. Les turbo-tubes Cut Gum et Liminal Status réveillent en nous les belles heures du Post-Hardcore 90’s avec un son moderne, certes, mais là on est encore en terrain connu, même si ça pète des bouches. Bien qu’on s’y attendait Watertank surprend encore via des titres comme la fantastique ballade saturée Solely Mine ou le dangereusement dansant Dreams Logic et ses effets de vague froide de fond, qui permettent aussi d’admirer un chant toujours plus fin, alors qu’on le pensait déjà au top avec Silent Running.

Une voix magnifique, instrument parmi les autres, qui réussit sa mission pas du tout divine de nous terminer en beauté sur Clean Shot, où l’ensemble de l’équipe transpire son amour des 90’s comme des 80’s, quelque part entre The Cure, Pixies, Slowdive et Nirvana. Des sensations (fortes) qu’on peut retrouver chez Narrow Head, Nothing ou Drug Church, et une forme d’évidence finale qui traduit un boulot d’écriture extraordinaire, garantissant des prestations scéniques absolument jouissives.

Liminal Status est le dernier banger tout à fait perceptible d’un groupe qui les collectionnent l’air de rien, creusant un tunnel d’excellence depuis 20 ans maintenant, dans une relative et absurde indifférence qui semble heureusement s’estomper à force de stabilisation et de régularité. Watertank, comme Jack and the bearded fishermen avec qui ils ont tourné en 2024 pour la sortie de la branlée ci-jointe, est de fait au moins aussi essentiel qu’un paquet de formations Post-Hardcore (ou même juste Rock) internationalement célébrées.

Liminal Bandcamp.