Warpaint

Indie Rock / Pop

États-Unis

Warpaint

2014
Type : Album (LP)
Tracklist
1) Intro
2) Keep it healthy
3) Love is to die
4) Hi
5) Biggy
6) Teese
7) Disco//very
8) Go in
9) Feeling alright
10) Cc
11) Drive
12) Son

Chronique

par Chorizo

Warpaint, malgré son nom de guerre, n'est qu'Amour. Drapé dans une sensualité hors mesure, le quatuor le revendique désormais publiquement avec ce nouvel album, éponyme, en forme de déclaration à cœur ouvert. Cela fait peut-être dix ans que ces filles balaient le circuit mais, au travers des changements de line up et des histoires plus ou moins heureuses des unes et des autres, elles gardent une fraîcheur étonnante. On pourrait qualifier cela de naïveté mais cette deuxième sortie long format ne permet plus le doute.

Pour un deuxième album, après un The Fool conquérant qui les a révélées au monde, Warpaint est la preuve d'un groupe en bonne santé. C'est le successeur inattendu mais qui respire la complicité et l'évidence après quelques écoutes. Avec ses voix angéliques trainantes et ses mélodies claires et directes ("Keep It Healthy", "Hi"), le satin des compositions confine à l'agréable en même temps qu'il invite à la sérénité. Stella, Emily, Jenna Lee et Theresa ont trouvé un équilibre qu'on qualifierait presque amoureusement de parfait si on se laissait déborder par les sentiments.

Il règne tout au long des douze titres une ambiance éthérée dans laquelle on se laisse lentement et tendrement happer. La qualité de la production n'y est pas pour rien. Riche et subtile, elle s'attache, davantage que sur The Fool, à tisser une atmosphère cohérente, aux teintes pastels élaborées. Warpaint fourmille de détails pétillants que l'on se repasse avec un plaisir non dissimulé. En alternant les parties plus up-tempo (le single "Love Is to Die", "Keep it Healthy", la surprenante parenthèse inattendue "Disco//very" qui coupe l'album en deux) et des moments de lascive oisiveté ("Go in"), Warpaint construit ainsi sa bulle avec une tranquillité et une efficacité déconcertante, à l'écart du frou-frou provoqué avec la sortie de leur précédent LP. C'est d'autant plus bienvenue que l'ensemble offre un visage inconnu jusqu'alors mais ô combien séduisant désormais.

Sous ses airs de bonbon pop sucré, Warpaint se révèle aussi être une confiserie acidulée, réjouissante pour les papilles auditives. N'hésitant pas à emprunter son énergie  à d'autres styles, le groupe parsème ses morceaux de rythmiques trip-hop chaleureuses, jouées tout en retenue et mises en valeur par la basse ronde de Jenny Lee. La patte de Nigel Godrich (Radiohead, Atoms for Peace, Beck) et de Flood (PJ Harvey, Nick Cave), aux manettes lors de l'enregistrement, se fait ici agréablement sentir et rappelle des artistes comme Maria Minerva ou Peaking Lights, dont les remixes dub de Lucifer (2012) pourraient constituer un prolongement d'écoute logique. De Los Angeles à Bristol en une poignée de notes, l'accord paraît si naturel chez Warpaint.

En dépassant la notion souvent caricaturée de girrrl band, nos quatre filles affichent des ambitions qu'on ne leur soupçonnait pas. Warpaint est un album aux contours brumeux, aux formes épurées et à la sensualité débordante. C'est aussi un disque limpide, exécuté avec une passion sincère et une sorte de désinvolture farouche. Comme si les choses coulaient d'elles-même sans que l'on ait besoin d'en rajouter.

15

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.67
Avis 3