Vreid
Black Metal
Kraft
01. Wrath Of Mine
02. Raped By Light
03. Helvete
04. Unholy Water
05. Eldast, Utan Å Gro
06. Evig Pine
07. Empty
08. Songen Åt Fangen
Chronique
On aurait pu croire que la mort de Valfar réduirait ses compères et amis de Windir au néant, à un deuil éternel et à l'abandon de leurs instruments. Que neni ! On n’anéantit pas un norvégien comme cela, surtout lorsque sa vie est vouée au Black Metal. Windir a trépassé avec Valfar, certes, mais ses autres membres ont gardé l’envie de jouer, de créer. C’est donc après avoir lavé leurs souffrances et gardé les meilleurs souvenirs de leur ancien frontman que la majorité des anciens du groupe se retrouvent dans ce nouveau projet qu’est Vreid.
Après quelques mois de composition et une signature chez Tabu Records pour trois albums voici donc Kraft, premier album du combo qui se veut être une transition, le début du renouveau. Car toute la question est là : Vreid serait-il du Windir déguisé ? Elle est somme toute assez légitime puisque Hvàll affirme à la fois vouloir créer une entité nouvelle et continuer de composer dans la veine qu’il exploitait avec son ami Valfar.
Indéniablement, lorsque l’on écoute ce Kraft, on retrouve cette fameuse patte des montagnes du Soknalr, ces riffs très Heavy au mélodies galopantes, l’esprit très viking, cette batterie martelante emmenée par Steingrim à la batterie dont on reconnaît clairement la griffe rythmique et d’autres éléments qui nous ramènent indubitablement à Windir. Mais passons outre voulez-vous ? Ce Kraft n’est quand même pas un décalque honteux loin de là. Vreid baigne bien plus dans le Raw Black Metal, via de longs passages haineux où les guitares occupent tout le volume sonore, souvent même de façon très efficace. Et même si l’ensemble souffre d’une relative monotonie tout au long des titres, le groupe aime se perdre a contrario dans de longues transitions très ambiantes, comme sur les magnifiques Helvete et Empty, chansons vraiment à part au beau milieu de tous ces hymnes plus classiques.
Vreid y intègre d’ailleurs un côté très folklorique, et même si les instruments utilisés autrefois par Valfar ne sont plus, les chants vikings résonnent mélancoliquement comme naguère dans les fjords norvégiens. Le tout sonne pourtant peut-être légèrement bâclé. Malgré une très bonne production et bon nombre de passages très bien inspirés, on se dit que d’autres sont plutôt faciles et l’ennui peut guetter l’auditeur durant les 40 minutes de ce Kraft. A vrai dire, les touches d’originalité semblent directement découler de Windir lui même, ce qui décrédibilise l’ensemble, en tout cas dans la démarche d’obtenir une entité Vreid à part entière...
Peut-être en attend-on trop d’eux ? La mort de Valfar n'est peut être pas si facile à avaler artistiquement parlant. Pourtant il faudra s’y faire, Windir n’est plus, Vreid est né, avec une volonté de créer sa propre personnalité artistique, et pourtant, nous appréhendons ce disque comme un nouvel opus des créateurs du soknamétal. Peut-être est-ce pourtant là l’un des éléments clés à prendre en compte pour juger ce Kraft, aussi bon soit-il. On n’efface certainement pas une période de sa vie aussi marquante en moins d’un an, et cela se ressent clairement sur ce premier disque : le deuil est affirmé, mais n’a pas l’air d’être assumé, ce qui est compréhensible. Attendons voir la suite, ils valent mieux.